Dans un contexte d’inquiétude relative à l’assurabilité des risques et face à l’émergence des risques systémiques (climat, pandémie et risque cyber), les rapports prospectifs se multiplient, que ceux-ci émanent des pouvoirs publics ou des compagnies d’assurance.
Après le Livre Blanc du groupe Covéa et le Cahier de la Prospective de CNP Assurances, c’est au tour d’AXA de présenter via un communiqué de presse son Future Risks Report. Pour la 9ème année consécutive, cette étude internationale dresse un panorama des évolutions de notre monde et des grands risques de demain afin d’anticiper les menaces futures. Elaboré en partenariat avec le Groupe EURASIA et l’Institut IPSOS, le rapport dessine « un monde fragmenté et en surchauffe. »
Le Future Risks Report consiste à demander à des personnes interrogées dans le monde entier de classer les 5 risques les plus importants pour les 5 à 10 prochaines années, parmi une sélection de 25 risques.
Outre le grand public, près de 4 500 experts en risques, issus des réseaux d’AXA, ont été interrogés dans 58 pays. L’enquête complète permet ainsi d’établir des comparaisons entre pays ou régions du monde, de même qu’entre les avis des experts et ceux du grand public.
Introduisant l’étude, le Directeur Général d’Axa Thomas Buberl annonce d’emblée la couleur à propos des nouvelles menaces auxquelles s’expose notre monde : « l’édition 2022 du Future Risks Report dessine un monde fragmenté, en surchauffe, où les crises se superposent là où elles se succédaient par le passé. Aux risques déjà identifiés tels que la pandémie, le risque cyber et le changement climatique, s’ajoutent cette année les menaces liées à l’instabilité géopolitique, énergétique, économique et sociale. »
Le Top 10 mondial des risques émergents
Les réponses des experts interrogés ont permis d’établir la classification suivante, par ordre d’importance :
1 : Changement climatique
2 : Instabilité géopolitique
3 : Risques de cybersécurité
4 : Risques énergétiques
5 : Pandémies et maladies infectieuses
6 : Mécontentement social et conflits locaux
7 : Risques liés à la biodiversité et aux ressources naturelles
8 : Risques de stabilité financière
9 : Risques macroéconomiques
10 : Risques liés aux politiques monétaires et fiscales
Sans surprise, « le premier enseignement du rapport porte sur l’urgence climatique », commente Thomas Buberl. « Pour la première fois, le risque climatique arrive en tête du classement dans toutes les régions du monde. » Sans surprise non plus, « les tensions géopolitiques se hissent au deuxième rang du classement, car elles amplifient les risques qui arrivent en troisième (le risque cyber) puis quatrième position (les risques énergétiques qui remontent de treize places par rapport à l’an dernier). »
A noter que cette année, les inquiétudes économiques et sociales remontent aussi de manière très significative : « pour la première fois, les experts intègrent trois risques économiques dans le top 10. Vecteurs d’inégalités, ces risques alimentent les craintes de tensions sociales, celles-ci étant perçues comme une menace particulièrement élevée », explique Thomas Buberl.
En synthèse, cette étude a mis en évidence 3 leçons-clé :
Clé numéro 1 : le changement climatique, la géopolitique et l’énergie forment « un nouveau carrefour de risques »
Si le changement climatique arrive en tête dans toutes les régions du monde, il est aussi pour la première fois la principale préoccupation de la population générale aux Etats-Unis. Au vu des réponses obtenues, l’étude considère désormais « qu’il n’est plus possible d’ignorer les impacts mondiaux évidents du changement climatique sur la biodiversité, la santé et l’économie. »
C’est là que s’instaure le cercle vicieux : la transition énergétique et l’action climatique ont été pour le moins contrariées par les conflits géopolitiques actuels. Suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les experts d’Axa prévoient une persistance voire une propagation des tensions géopolitiques, « menaçant la sécurité de l’approvisionnement énergétique et alimentaire, et augmentant le risque d’une guerre mondiale et de cyber-attaques. Dans ce contexte, il est encore plus difficile pour les gouvernements de coopérer dans des domaines d’intérêt commun », notamment en matière de transition énergétique.
On en arrive alors au concept de « polycrise » ou de superpositions de crises qui s’ajoutent directement et s’alimentent les unes les autres au lieu de se succéder : cette notion avait déjà été mise en évidence dans le Cahier de la Prospective de CNP Assurances.
Autre élément inquiétant, les deux groupes de sondés (experts et grand public) expriment une baisse de confiance envers les autorités pour faire face à la crise climatique : seuls 14 % des experts et 27 % du public déclarent que « les pouvoirs publics sont bien préparés aux changements climatiques », contre respectivement 19 % et 33 % l’année dernière.
L’enquête évoque aussi la possibilité dans un proche avenir d’une « cyber-attaque à grande échelle paralysant des infrastructures essentielles telles que les services de santé, le stockage de l’énergie ou les systèmes de paiement, les cyber-risques étant aggravés par les tensions géopolitiques et la digitalisation de notre vie quotidienne. »
Clé numéro 2 : les risques économiques sont de plus en plus sérieux et alimentent les tensions sociales
3 risques économiques sont inclus pour la première fois dans le Top 10 de cette enquête : les risques d’instabilité financière, les risques macroéconomiques et les risques « liés à la politique monétaire et budgétaire. »
Experts et grand public craignent tous fortement en effet l’inflation, les hausses persistantes des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, elles-mêmes « exacerbées par les pénuries dues aux troubles géopolitiques. »
Un creusement des inégalités et l’augmentation des troubles sociétaux seraient la conséquence logique de ces phénomènes d’autant plus que l’enquête met en évidence « la nécessité d’une meilleure culture financière ». En effet, seuls 30% des experts estiment que le public est conscient des risques macro-économiques encourus.
Clé numéro 3 : les personnes sont plus averses aux risques « dans un contexte de vulnérabilité croissante et d’érosion de la confiance »
89% des experts estiment que la population générale « est plus vulnérable qu’elle ne l’était il y a cinq ans », soit une hausse de cinq points par rapport à l’année dernière. Le grand public lui-même reconnait « éviter de prendre des risques dans sa vie quotidienne, même si cela implique de renoncer à certains de ses rêves. »
Nouvel élément inquiétant, le niveau de confiance a baissé envers les autorités aussi bien publiques que scientifiques, de même envers le secteur privé, pour protéger la population contre les futures crises. Pour autant, une majorité de 69 % reconnaît « le rôle crucial joué par les assureurs dans le développement de solutions face aux risques émergents. »
Les experts d’Axa ont d’ailleurs relevé la nécessité pour les assureurs de poursuivre leurs efforts de recherche et de soutien à l’innovation, ainsi que de prévention et de partage d’expertise : l’élaboration d’une « culture commune du risque » semble plus que jamais nécessaire pour faire face aux risques futurs.
« Face à ces enjeux, le rapport confirme une tendance lourde depuis des années : la hausse du sentiment général de vulnérabilité et l’érosion de la confiance envers les institutions publiques pour trouver des solutions pérennes », confirme Thomas Buberl.
Quelles différences entre le regard des experts et celui du grand public ?
Le grand public reste toujours très préoccupé par la pandémie : le risque de pandémie est classé au 2ème rang par le grand public, et « seulement » au 5ème rang par les experts. Cet élément illustre l’impact réel que l’épidémie de Covid-19 a eu et a encore sur la population mondiale.
Le terrorisme inquiète davantage le public que les experts. Ce résultat est sans doute dû à l’impact médiatique et psychologique des fusillades de masse ayant touché encore ces derniers mois la population nord-américaine.
En revanche, les experts classent pas moins de 3 risques économiques dans leur top 10, alors que pour le grand public, seule l’instabilité financière y figure, et encore en dixième position.
Face au sentiment d’impuissance, l’action reste la clé pour relever les défis
Il est urgent d’agir et que chacun prenne ses responsabilités, y compris les assureurs : c’est sans surprise le leitmotiv de cette étude qui rejoint l’ensemble des autres rapports sur ce nécessaire passage à l’action. « Le plus grand risque qui nous menace est celui du sentiment d’impuissance », nous livre Thomas Buberl. « Chacun doit assumer ses responsabilités, à commencer par les entreprises. D’une part, parce que l’action est dans leur ADN. D’autre part, parce qu’elles ont les moyens financiers, humains et technologiques pour apporter leur pierre à l’édifice. Le rapport révèle notamment que près de 70 % du grand public estime que les assureurs auront un rôle important à jouer dans l’atténuation des risques futurs. Nous devons répondre à ces attentes. Chez AXA, nous sommes déterminés à jouer pleinement notre rôle. »
L’action oui mais face à l’ampleur des défis et menaces, celle-ci doit nécessairement revêtir une dimension collective. C’est notamment ce que nous livre le Président du groupe EURASIA Ian Bremmer : « face à tous ces défis qui se profilent, une coordination entre les décideurs politiques et les acteurs du secteur privé revêt une importance cruciale. Les assureurs peuvent jouer un rôle déterminant en faveur de cette coopération en fournissant des outils de gestion des risques innovants et en aidant les entreprises à évaluer sereinement les risques futurs. Dans ce paysage mondial troublé, aujourd’hui plus que jamais, des solutions collectives sont essentielles pour aller de l’avant. »