Le contexte social tendu, avec une inflation galopante à 5,6% d’après l’INSEE, a-t-il un impact sur la consommation de la population française en matière de santé ?
C’est cette réflexion que livre la société de courtage Génération, spécialisée dans la gestion de contrats d’assurance Santé et Prévoyance d’entreprises. La nouvelle édition de son Baromètre Santé, s’appuyant sur les habitudes de consommation de plus de 2 millions de bénéficiaires, livre des enseignements sur les 8 premiers mois de l’année 2022. Alors que la progression du dispositif 100% Santé semble démontrer sa pertinence, diverses tendances de consommation, ayant émergé lors de la crise sanitaire, se sont en revanche affaiblies. Si les dépenses de prestation santé sont en légère augmentation, aucune dérive en la matière n’est à signaler pour l’instant.
Le Directeur Général de Génération Matthieu Havy tient à souligner l’importance de cette étude dans le contexte actuel, pour l’ensemble du secteur de l’assurance Santé : « Ce baromètre et les indicateurs qu’il contient sont précieux pour l’ensemble des acteurs, à l’heure où la consommation de frais de santé augmente légèrement, où la réforme du 100% Santé s’apprête à fêter les deux ans de sa mise en place – temps qu’il aura fallu pour que les Français se l’approprient – ; où les premières leçons de la crise sanitaire peuvent être tirées et où la question du pouvoir d’achat surgit de plus en plus au travers notamment du reste à charge. »
L’ancrage du 100% Santé dans les habitudes des Français
En juin 2022, l’édition précédente du baromètre de Génération avait déjà confirmé l’augmentation de la part d’actes « réalisés en panier 100%. » Le nouveau baromètre confirme cette tendance : sur les 8 premiers mois de 2022 par rapport à la période équivalente en 2021, les actes en 100% Santé sont en hausse dans les 3 domaines accueillant ce dispositif : soins dentaires, optique et audiologie.
Le baromètre enregistre surtout un véritable boom de la consommation générale en matière d’audiologie qui a augmenté de 12 points, et ce « malgré les bouleversements économiques annoncés cet été. Ainsi pour le baromètre, « le 100% Santé propose une réponse attendue au renoncement aux soins constaté jusqu’alors dans ce domaine. »
Plus globalement, la poursuite de la baisse du « reste à charge » démontre aux yeux de Génération que « le 100% santé semble réussir son ancrage dans les habitudes de consommation en santé des Français, avec une participation toujours accrue des organismes complémentaires. »
Fin de l’engouement pour les médecines douces, et reprise des consultations physiques
En 2021, le baromètre précédent avait mis en évidence des effets de comportement dus à la crise sanitaire : émergence des téléconsultations, engouement pour les « médecines douces » et les solutions de « bien-être » (ostéopathie, acupuncture, diététique…). Or le nouveau baromètre va à l’encontre de ces tendances, révélant « un très net ralentissement de l’augmentation d’actes de médecines douces au cours des 8 premiers mois de l’année 2022 » : seuls les actes d’ostéopathie conservent une légère hausse, tandis que l’acupuncture et la diététique ont baissé.
Autre tendance liée aux confinements, l’augmentation des consultations en psychologie, celles-ci ayant bénéficié de nombreux dispositifs inédits de prise en charge afin de lutter « contre la souffrance psychique » : ces mesures ayant pris fin, les consultations chez le psychologue ont alors chuté de 33% sur la période janvier-août 2022 par rapport à l’équivalent 2021. Elles maintiennent cependant un niveau largement supérieur à celui de 2019, soit avant la crise sanitaire.
Quant au recours à la téléconsultation, lui aussi dopé par la pandémie, celui-ci semble s’être stabilisé, autour de 7% du nombre total de consultations de médecin généraliste. Cependant les téléconsultations bénéficiaient jusqu’au 31 juillet dernier de mesures exceptionnelles de prise en charge intégrale par l’Assurance Maladie : ce dispositif ayant pris fin, une chute des téléconsultations n’est pas à exclure dans les mois à venir.
En revanche, ce baromètre confirme la reprise des consultations physiques des médecins généraliste, avec une hausse de 4,3%. Ainsi comme le souligne Matthieu Havy, « le contexte actuel économique, marqué par l’inflation, bouleverse et complique l’ancrage des nouvelles pratiques de consommation en santé observées ces trois dernières années dans le cadre de la pandémie de Covid-19. »
Une dérive des prestations santé est-elle à craindre pour 2022 ?
Le baromètre 2021 de Génération avait relevé « une hausse des prestations santé de 4,4 % en 2021 par rapport à 2019 » : de quoi craindre une hausse supplémentaire, voire une dérive des prestations en 2022. Or sur le 1er semestre 2022, la dérive n’est pas confirmée : le baromètre fait état d’un remboursement moyen de 230 euros par bénéficiaire contre 225,60 euros en 2021, soit une hausse de seulement 1,9%.
Les postes ayant enregistré les plus fortes progressions sont les remboursements d’optique, de pharmacie et surtout d’audioprothèses (+13,8%). Cette tendance de hausse globale limitée devra tout de même être surveillée attentivement ces prochains mois, le baromètre rappelant que « les derniers mois de l’année se révèlent souvent plus dynamiques en matière de consommation médicale. »
« Fort de ces enseignements, notre rôle en faveur de la santé et du pouvoir d’achat est notamment de garantir des remboursements rapides et efficaces, permettant la continuité de l’accès aux soins dans le temps », conclut le directeur général Matthieu Havy.