En 2021, 13 millions de personnes seraient concernées par une pathologie mentale, et le nombre de Français affectés ne cesse de croître. Les pathologies mentales constituent un enjeu majeur de santé publique à l’échelle mondiale et en France. De nombreux acteurs se mobilisent pour aider les Français à aller mieux.
Les Cahiers de la Prospective publiés en juillet 2022 par CNP Assurances, qui anticipent les risques émergents à horizon 2035, pointent l’augmentation des pathologies mentales comme une des grandes tendances de notre époque, au même titre que l’augmentation des événements climatiques extrêmes, la multiplication des crises sanitaires, la chromisation des maladies ou encore la hausse de la précarité.
Le coût des pathologies mentales sur le système de santé français augmente et pourrait continuer de croître. Le coût économique et social des pathologies ou troubles mentaux est évalué à 109 Md€ par an en France. Les pathologies ou troubles mentaux constituent déjà le premier poste de dépenses du régime général de l’assurance maladie par pathologie en 2021, avec un coût total de 23,4 Md€ (y compris les dépenses de consommation de psychotropes), devant le cancer. Les crises environnementales, sanitaires et géopolitiques auront de plus en plus un impact délétère sur la santé psychologique des individus.
Écoanxiété, réseaux sociaux, isolement et précarité
Depuis quelques années, le phénomène d’écoanxiété résultant des dégradations environnementales est mieux défini et identifié. Il concerne une part croissante de la jeunesse mondiale.
Près de six jeunes sur dix (59 %) se disent extrêmement ou très inquiets du changement climatique, se sentent tristes, anxieux, en colère, démunis, sans espoir et/ou coupables. Les addictions et comportements à risques, sources de pathologies spécifiques, tendent à se multiplier.
L’usage croissant et abusif des réseaux sociaux et des technologies numériques participe à l’aggravation de troubles mentaux, en particulier chez les adolescents. Les situations d’isolement et la hausse de la précarité participent à l’apparition et au développement de troubles mentaux, avec une exposition très inégale suivant les territoires. Les systèmes de prévention et de prise en charge des pathologies mentales sont encore insuffisants alors même que l’évolution des connaissances scientifiques sur certaines pathologies et le rôle des associations dans la prévention et la prise en charge des personnes pourront contribuer à réduire le risque.
Premiers secours en santé mentale
Face à ce constat accablant, différents acteurs se mobilisent. La Mutualité Française et Premiers Secours en Santé Mentale France s’associent pour former des secouristes en santé mentale dans toute la France.
Ce nouveau réseau de formateurs en troubles psychiques déployés sur tout le territoire permettra de sensibiliser le grand public et de donner des clés d’assistance, au même titre que les premiers secours en santé physique qui permettent de sauver des vies. 30 % des Français disent avoir dans leur entourage proche une personne concernée par une souffrance psychique et même 57 % chez les moins de 35 ans.
Dès 2023, les salariés en prévention des Unions Régionales de la Mutualité Française seront formés aux premiers secours en santé mentale, leur permettant ensuite de délivrer eux-mêmes cette formation dans une démarche d’aller-vers et pour atteindre le plus grand nombre. Ils contribueront ainsi à déployer les premiers secours en santé mentale au sein des 2 800 services de soins et d’accompagnement mutualistes et des mutuelles, mais aussi à soutenir l’objectif de PSSM France de 750 000 citoyens formés d’ici 2030.
Une web télé « Bien dans ma tête »
Autre initiative en faveur de la santé mentale, la web télé de Santéclair, premier réseau de soins français, « Bien dans ma tête : Français, salariés et entreprises face au tabou de le santé mentale ! » Il en ressort notamment que plus de 3 salariés sur 10 sont en détresse psychologique. La moitié des Français consulte un psychologue ou considère qu’ils peuvent être amenés à consulter. 59 % des Français estiment être mal informés sur les troubles et souffrances psychiques. Leur partenaire de confiance sur ce sujet demeure le médecin traitant.
En dépit de ces initiatives, 73 % des Français jugent que la santé mentale est encore un tabou. Une preuve de l’importance de faire évoluer les mentalités
Pathologie mentale, kézako ?
Une pathologie mentale se traduit par des troubles de la pensée, de l’humeur ou du comportement d’une personne. Ces troubles peuvent entraîner de profondes perturbations de la vie quotidienne et causer une détresse importante chez l’individu affecté. Dans les cas graves, les pathologies mentales peuvent conduire les personnes au suicide.
L’OMS retient cinq maladies mentales, principalement la schizophrénie, les troubles bipolaires, les dépressions, les addictions et les troubles de l’attention comme les troubles obsessionnels compulsifs (TOC).
Mais il existe d’autres pathologies comme les états de stress post-traumatiques (ESPT), les troubles anxieux (phobie, anxiété généralisée ou sociale, trouble panique et agoraphobie), les troubles de la personnalité limite (TPL), les troubles du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), les troubles psychotiques ou encore, dans le cadre du travail, le burn-out ou le bore-out. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) le précise, « une bonne santé mentale permet aux individus de se réaliser, de surmonter les tensions normales de la vie, d’accomplir un travail productif et de contribuer à la vie dans leur communauté ». La santé mentale des individus est donc une composante fondamentale d’une société équilibrée et stable.