L’Observatoire de l’Évolution des Métiers de l’Assurance (OEMA), association créée par France Assureurs, a présenté récemment son rapport annuel ROMA[1] sur les métiers et formations des salariés de l’assurance.
Croissance des effectifs, rajeunissement des recrues, reprise des formations, rééquilibrage de la part hommes/femmes dans la profession : bien des voyants du rapport semblent au vert.
Comme le conclut l’OEMA « la branche des sociétés d’assurances confirme encore son dynamisme sans faille malgré les crises successives. » Les métiers de l’assurance auraient-ils accéléré leur transformation ?
Une hausse et un rajeunissement des effectifs
D’après le rapport, les sociétés d’assurance comptaient 153 300 salariés au 31 décembre 2021 : ainsi à périmètre égal, 3 100 salariés supplémentaires ont été comptabilisés, soit une augmentation des effectifs de 2%. La croissance des effectifs du secteur est continuelle depuis 5 ans.
Plus de 11% des effectifs ont été recrutés en 2021, soit un total de 17 100 recrues. Parmi celles-ci, 54,2% sont des jeunes de moins de 30 ans. Au total, la part des salariés de moins de 30 ans représente 14,6% des effectifs.
Des rééquilibrages hommes/femmes en cours
Les effectifs des entreprises d’assurance ont toujours été depuis des année majoritairement féminins. C’est encore le cas pour 2021, sachant qu’à l’entrée dans la profession, les recrues sont constituées de femmes à 58,8%. Cette proportion est toutefois en légère baisse (-0,5 point par rapport à 2020). Les femmes demeurent largement majoritaires dans le métier, à hauteur de 60,6%, soit un taux proche des années antérieures.
Concernant l’emploi de femmes au sein des postes de direction, le rapport souligne que « la part des femmes parmi les cadres poursuit sa constante progression et s’élève cette année à 51,6% (vs 51,4% en 2020). Les mesures prises par les entreprises pour compenser les écarts produisent graduellement leurs effets. C’est même parmi les cadres de direction que s’opèrent les rattrapages les plus conséquents (respectivement +0,7 point et +0,6 point en 2021). »
Toutefois ce rattrapage s’opère sur le long terme : il faudra encore plusieurs années avant d’atteindre la parité hommes/femmes au sein des instances dirigeantes : « parmi les cadres de direction, la part des femmes est progressivement passée de 1/4 à 1/3 en l’espace d’une décennie (soit +36% en valeur relative). » Le rapport en conclut que pour le moment, « dans l’ensemble, la place des femmes parmi les cadres ne correspond pas encore au poids qu’elles occupent dans la population totale de l’assurance. »
La montée en puissance des alternants et des BAC+5
Du côté des qualifications, si les BAC+2 et BAC+3 restent stables au sein des embauches, la dynamique est plus nettement en faveur des embauches de niveau BAC+5 (+31,5%, soit une hausse de 2,3 points), alors que le nombre de recrues niveau Bac ou n’ayant pas le Bac a observé une légère baisse de -0,7 points. A noter que d’après le rapport, « l’alternance confirme son importance stratégique dans les politiques d’insertion professionnelle que privilégient les assureurs. » En effet plus d’une embauche sur 4 a été réalisée dans le cadre d’une alternance, concernant ainsi 4 400 personnes. Un total de 6 410 personnes sous contrat d’alternance a donc été recensé pour 2021, contre 5 650 en 2020.
En parallèle, le nombre de recrutements en CDI se maintient « à un haut niveau », à 55,5%. Si l’on écartait de l’analyse les contrats d’alternance, les embauches au sein des sociétés d‘assurance se comptabiliseraient à trois CDI pour un seul CDD.
Plus de mobilité interne, plus de télétravail
Le ROMA 2022 met en évidence une augmentation substantielle de la mobilité interne, de l’ordre de 75%. En réalité, avec un taux de mobilité interne de 12,4% en 2021, le secteur revient exactement au niveau observé en 2019, avant la crise sanitaire.
En revanche en ce qui concerne le télétravail, il est évident que la crise sanitaire a joué un rôle dans la généralisation de cette pratique. Le « télétravail régulier », c’est-à-dire en dehors de toute situation exceptionnelle de type confinement, intéresse 60,9% des salariés. En segmentant la population par sexe ou par niveau hiérarchique, on remarque que les femmes sont davantage intéressées par le télétravail que les hommes (65,4% contre 54,3%), de même que les cadres vis-à-vis des non-cadres (67,4% contre 53%). L’année 2021 a par ailleurs vu la durée moyenne du télétravail augmenter, passant à 92 jours par an (17 de plus qu’en 2020).
La formation retrouve son niveau d’avant-Covid
En matière de formation, là encore, le ROMA 2022 souligne que « la formation professionnelle renoue avec les ordres de grandeur et tendances d’avant crise » :
- 9 salariés sur 10 (88,9%) sont allés au moins une fois en formation durant l’année
- la durée moyenne des formations est de 28,1 heures soit 5,7 heures de plus par rapport à 2020
Autre signe que la crise sanitaire semble désormais passée, les formations courtes à distance de type FOAD (une heure maximum) ont diminué en proportion, ne représentant plus que 44,7% du total des heures de formation dispensées, contre 48,3% l’an passé. Cela signifie qu’en revanche, ce sont les formations « dont la durée se situe entre 1 et 3 jours, c’est-à-dire en présentiel » qui ont augmenté.
[1] L’enquête et les informations contenues dans la base de données de l’OEMA portent sur l’ensemble des salariés présents au 31/12/2021 dans les sociétés d’assurances adhérant à France Assureurs, ainsi que dans les organismes professionnels de la branche.