Le secteur de l’assurance n’échappe pas aux attentes croissantes des clients en matière de comportements et offres responsables de la part de leurs assureurs.
Pour proposer à ses clients les offres d’assureurs dont les engagements sociaux et environnementaux correspondent à leurs valeurs, DEFI, courtier spécialisé dans les assurances collectives, a développé un comparateur extra-financier permettant d’introduire la RSE comme critère de sélection des assureurs. Assurance for Good a souhaité rencontrer Kader Ahdidan, fondateur de DEFI. Entretien.
Pour commencer pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours professionnel ?
J’ai passé une première partie de ma carrière dans les énergies renouvelables, d’abord comme installateur puis comme chef de projet, notamment pour un projet d’énergie solaire au Maroc développé par une filiale du groupe Total. J’ai ensuite eu l’opportunité d’intégrer le monde de l’assurance en rejoignant Gan Prévoyance, puis Allianz et enfin Malakoff Humanis, avant de créer mon propre cabinet de courtage.
En juillet 2021, vous créez DEFI, cabinet de courtage spécialisé en assurances collectives et introduisez la RSE comme critère de sélection des assureurs avec lesquels vous choisissez de travailler. Quel a été l’élément fondateur de votre démarche ?
Notre objectif est de faire de l’assurance différemment, de l’assurance bienveillante et de confiance. Proposer une assurance durable et responsable s’est pour nous imposé comme un élément de différenciation incontournable sur un marché un peu « brut ». En tant que Société à mission, nous souhaitons proposer à nos clients des offres d’assurance qui ne mettent pas uniquement en exergue un prix, mais également des critères RSE.
Le fondement de DEFI c’est finalement un mix entre mes carrières successives dans les énergies renouvelables et dans les assurances.
Concrètement, comment vous y prenez-vous ?
De façon concrète, nous avons développé un comparateur extra-financier qui attribue une note aux assureurs, c’est ce que nous appelons « l’Assurscore ». Cette note est basée sur 26 critères dont les sources, toutes publiques, sont les rapports RSE, publications, communications des assureurs, mais également les annexes des contrats où l’on trouve le détail des services complémentaires proposés. En parallèle, nous interrogeons nos clients et nos prospects sur leurs valeurs : qui ils sont, ce qui est important pour eux dans le fonctionnement de leur entreprise, leur philosophie… Grâce à ces informations et à l’Assurscore, nous sommes en capacité de trouver le meilleur « matching » entre les clients et l’assureur.
Quels freins avez-vous rencontrés dans la mise en place de votre démarche ?
Le principal frein que nous rencontrons, c’est la donnée dont nous avons besoin pour alimenter notre Assurscore, donnée qui n’est pas toujours disponible.
Quels impacts positifs votre démarche RSE a-t-elle engendrés ? chez vos clients ? auprès des assureurs sélectionnés ?
Nous avons commencé à discuter avec les assureurs les plus vertueux, et ceux avec qui on a échangé sont satisfaits de cette démarche car aujourd’hui, la banque et l’assurance, restent des milieux assez opaques, où il est difficile d’obtenir d’autres critères de différenciation que les seuls critères financiers.
Nous faisons également beaucoup de pédagogie auprès de nos clients et de nos prospects, pour les sensibiliser à l’intérêt qu’ils ont à choisir une offre d’assurance dont les solutions vont dans le sens d’une démarche de RSE, avec par exemple des services complémentaires plus développés qui leur permettront de fidéliser leurs collaborateurs. Beaucoup de nos clients aujourd’hui sont déjà engagés dans une démarche RSE ou même labellisés.
Quelle est la prochaine étape de développement pour DEFI ?
Nous travaillons en ce moment sur la création de notre propre label, le label « Assurance Socialement Responsable » (ASR, en référence au label ISR pour la finance). L’objectif à terme, c’est d’utiliser toutes les informations qui nous aurons permis d’alimenter notre Assurscore pour les valoriser et labelliser les assureurs engagés.
Je fais souvent le parallèle avec Yuka. Il y a des industriels aujourd’hui qui réfléchissent en pensant au score que leurs produits vont obtenir sur Yuka. C’est la prise de conscience que nous avons envie d’apporter. On va essayer d’apporter notre brique.
Nous faisons l’assurance que nous aimons, l’assurance que nous avons envie de voir demain, avec des partenaires assureurs qui ont la même vision que nous et qui ont envie de changer les choses. Mon objectif c’est d’apporter de la transparence pour mes clients.
Interview réalisée par Valérie Loizillon