Près de 800 000 personnes majeures sont actuellement placées sous mesure de protection juridique en France, car elles ne sont plus en mesure de défendre leurs intérêts – notamment financiers – pour cause de handicap, accident, maladie ou vieillesse, et doivent donc être accompagnées par des aidants, notamment en matière de gestion financière.
Dans ce contexte, la quatrième édition de l’Observatoire de la gestion de patrimoine des personnes dépendantes lancé par le Groupe APICIL, en partenariat avec le groupe BVA, met en lumière les difficultés croissantes auxquelles sont confrontés les aidants patrimoniaux.
Sur les 800 000 personnes majeures aujourd’hui placées sous mesure de protection juridique, 483 000 sont prises en charge par des mandataires judiciaires à la protection des majeurs (MJPM), les 317 000 autres étant accompagnées par leurs familles, par le biais de différents types de protections : curatelle, tutelle, sauvegarde de justice, habilitation familiale. Certains aidants gèrent aussi les finances de leur proche, sans qu’aucun statut ne leur soit reconnu.
Interrogés sur leur rôle d’accompagnement financier, près des deux tiers des aidants patrimoniaux considèrent être suffisamment armés personnellement (65 %) : une proportion certes majoritaire, mais en baisse de 10 points par rapport à celle mesurée en 2021 (75 %) et atteignant un niveau comparable à celle des mandataires professionnels (67 %, -3 points) – les personnes âgées de 50 à 64 ans se montrant plus réservées sur leurs capacités (55 %).
Les aidants patrimoniaux se sentent également moins bien reconnus par la société dans leur rôle (52 %, -6 points), bien que leur sentiment de reconnaissance soit dans l’absolu plus élevé que celui des mandataires professionnels (29 %, +3 points).
Par ailleurs, le sentiment d’être suffisamment accompagnés et conseillés est ressenti par près des deux tiers des mandataires professionnels (65 %) et 6 aidants patrimoniaux sur 10.
Un sentiment de solitude
Si le rôle d’accompagnant financier représente toujours avant tout un devoir pour les aidants patrimoniaux (50 %, -12 points), il est aussi plus fréquemment perçu comme une lourde responsabilité (22 %, +7 points par rapport à 2021), soit un rôle davantage empreint de contrainte.
Une perception possiblement nourrie par le manque de soutien présent pour les aidants patrimoniaux : 21 % d’entre eux déclarent en effet remplir leur rôle seuls (+2 points), notamment les personnes âgées de 50 ans et plus (35 %).
En moyenne, les aidants patrimoniaux s’appuient sur une seule personne pour être conseillés, tandis que les mandataires professionnels peuvent compter sur trois personnes en moyenne. Le banquier est le premier acteur sur lequel s’appuient les mandataires professionnels (85 %) et les aidants patrimoniaux (37%).
Au-delà d’une confiance moins grande des aidants patrimoniaux dans leur rôle d’accompagnant financier, les professionnels comme les particuliers éprouvent des difficultés dans l’exercice de leur rôle : le manque de temps apparaît ainsi comme la première difficulté pour les mandataires professionnels (53 %), mais aussi, de manière plus marquée cette année, pour les aidants patrimoniaux (39 %, +11 points).
Les aidants patrimoniaux évoquent ensuite un manque d’accompagnement et de conseil (32 %), quand les professionnels mentionnent un manque de connaissances financières (33 %).
Opérations boursières, successions…
Dans le cadre de leur accompagnement financier, les mandataires professionnels réalisent toujours beaucoup d’actions – 9 en moyenne – contre 6 pour les aidants patrimoniaux, dont ce n’est pourtant pas le métier.
Les opérations les plus courantes, telles que régler les dépenses et surveiller et gérer les comptes de la personne aidée, restent les actions les plus réalisées à la fois par les professionnels et par les aidants.
La réalisation d’opérations boursières demeure moins pratiquée par les professionnels (21 %, -6pts) que par les particuliers (35 %, -3 points). Les opérations boursières sont d’ailleurs les actions qui apparaissent comme les plus complexes aux yeux des professionnels (67 %) – à la différence des aidants (16 %), qui estiment quant à eux plus difficile de gérer une succession (32 %).
Les actes de gestion et suivi des dépenses courantes ne semblent quant à elles pas représenter de difficulté aux professionnels comme aux aidants patrimoniaux. Les aidants patrimoniaux sont par ailleurs parfois amenés à gérer des portefeuilles importants : plus d’un tiers d’entre eux déclarent ainsi devoir gérer 100 000 euros ou plus pour la personne aidée (38 %).
Mieux informer et accompagner
« Les résultats de notre Observatoire 2022 montrent que le rôle d’accompagnement financier est plus difficilement vécu cette année par les aidants patrimoniaux, qui se disent ainsi moins armés personnellement et moins reconnus socialement, et donc assez isolés dans l’exercice de leur rôle. Il est donc plus que jamais nécessaire de faire preuve de pédagogie et de formation en matière de placements, avec un effort d’information tout particulier pour le nouveau contrat d’épargne retraite PERIN et les placements immobiliers, afin que les aidants patrimoniaux puissent se sentir accompagnés et à même d’assurer leur rôle dans les meilleures conditions », commente Éric Rosenthal, Directeur Général Adjoint épargné & Services Financiers du Groupe APICIL.
Source : 4e Observatoire de la gestion de patrimoine des personnes dépendantes APICIL