Dans un contexte où plus de 9 millions de personnes en France vivent sous le seuil de pauvreté économique (1), Assurance for Good a souhaité rencontrer Timothée Bouteloup, directeur de l’assurance inclusive chez Wakam.
Chez Wakam, l’assurance inclusive ce sont des produits d’assurance à destination des populations fragiles, construits à prix coutant, sans marge bénéficiaire, avec des éditiques en langages clairs pour faciliter la compréhension du produit, des garanties associées, des exclusions, etc. Société à mission depuis mars 2021, l’assureur a retenu le développement de l’assurance inclusive comme l’un de ses neuf objectifs opérationnels pour répondre à sa raison d’être : « rendre l’assurance transparente et impactante ». Entretien.
Pour commencer pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours professionnel ?
Je ne baigne pas dans l’assurance depuis longtemps. J’ai beaucoup travaillé en Afrique pour le compte de l’administration française, pour des entreprises, pour le compte du MEDEF… Wakam – qui s’appelait la Parisienne Assurances quand je suis arrivé – est ma première expérience dans une entreprise du secteur de l’assurance.
J’ai eu envie de rejoindre un acteur en croissance, dynamique qui s’internationalisait, et de travailler pour un dirigeant qui avait une vision de ce secteur, qui voulait contribuer avec son entreprise à le bousculer, à le transformer.
Je suis arrivé à La parisienne Assurances en février 2020. En septembre, La Parisienne devenait Wakam et en mars 2021 on adoptait le statut de société à mission avec une raison d’être qui est « rendre l’assurance transparente et impactante ». Olivier Jaillon (CEO) m’a confié la responsabilité du développement des offres d’assurance inclusive début 2022.
L’adoption de votre raison d’être et du statut de société à mission sont donc les éléments déclencheurs du développement d’une offre d’assurance inclusive par Wakam ?
Wakam avait déjà développé par le passé des offres d’assurance inclusive. Ces dernières étaient déployées par les business developers qui avaient alors pour mission de développer à la fois le business classique et le business inclusif. Puis, on s’est rendu compte que si on voulait atteindre nos objectifs, il fallait qu’on mette d’autres moyens. C’est à ce moment-là qu’Olivier m’a demandé de prendre en main ce volet de Wakam.
Nous avons 9 engagements opérationnels qui découlent directement de notre raison d’être, l’assurance inclusive et le fonds de dotation en sont deux. Les sept autres engagements opérationnels sont pris en main par d’autres membres de l’équipe.
Quels sont les produits d’assurance inclusive proposés aujourd’hui par Wakam ? A qui s’adressent-ils ?
Aujourd’hui, Wakam propose deux produits d’assurance inclusive :
- « Coup de pouce», qui est un produit de micro-assurance et qui a pour objectif de venir en aide aux personnes financièrement fragiles en leur apportant un coup de pouce financier suite à un accident de la vie (accident de voiture, dégât des eaux…) en complément des assurances obligatoires.
Pour ce produit, on a réfléchi à décorréler le souscripteur du bénéficiaire : on propose par exemple aux employeurs d’offrir ce dispositif à leurs salariés aux plus faibles revenus.. D’autres modes de distribution sont possibles, via le réseau d’associations CRESUS ou via des partenariats avec des courtiers en assurance.
- « Kolibri », qui est un produit de protection juridique développé avec l’association Marion la Main Tendue et qui a pour objectif de venir en aide aux enfants victimes de harcèlement scolaire et leur famille (prise en charge du soutien scolaire à domicile, des frais d’avocats, du soutien médical, suppression des messages sur les réseaux sociaux).
Pour ces deux produits, Wakam intervient à prix coutant et sans marge bénéficiaire, avec des éditiques en langages clairs.
Quels impacts la conception de telles offres a-t-elle généré en interne ? en externe auprès de vos clients, partenaires …. ?
Les offres d’assurance inclusive que Wakam a développées sont un super vecteur d’engagement en interne et un vrai sentiment de fierté. C’est très important pour fidéliser les collaborateurs, pour recruter également.
Cette démarche s’inscrit dans le cadre de nos 9 engagements de mission qui ont tous à de degrés divers des impacts sur nos partenaires.
En règle générale, cette approche est plutôt bien perçue en externe. Nos partenaires sont souvent eux-mêmes engagés, à des degrés différents, mais tous ont bien conscience qu’ils vont devoir embrasser ces sujets d’impact d’une manière ou d’une autre. Il y en a tout de même certains qui ne partagent pas à 100% tous nos engagements, et ça nous est arrivé de perdre du business. Chez Wakam, on a envie de travailler avec ceux qui ont envie de faire bouger l’assurance d’un point de vue technologique et sociétal.
Y a-t-il de futurs projets d’élargissement de la gamme ?
Nous venons juste de remporter un appel à manifestation d’intérêt (AMI) de la mairie de Paris, avec le groupe VYV, pour fournir une assurance MRH pour les locataires parisiens du parc social ou privé, sous conditions de ressources. Sur ce produit inclusif, nous travaillons à prix coutant, sans marge bénéficiaire.
Notre souhait c’est de pouvoir construire d’autres produits en gardant l’ADN de Wakam qui est la construction de partenariat B2B2C, et le B peut être une entité publique, une association… en tout cas de travailler avec des gens qui sont en contact avec des populations fragiles et réfléchir à la façon dont un assureur peut aider. Ensuite il suffit que ce soit distribué, puis consommé pour avoir un impact réel, et ça va être l’enjeu dans les prochains mois et les prochaines années.
Interview réalisée par Valérie Loizillon