La 8ème édition de la conférence, débat « Convergences, vers les risques climatiques » s’est déroulée récemment. Un événement organisé par IXI-Groupe.
Les problématiques environnementales sont des points notables pour les secteurs professionnels comme ceux de l’expertise sinistre. D’autant que de nouvelles problématiques sont apparues ces dernières années : catastrophes naturelles, incendies de forêt, grêle… Ainsi, les experts sinistres ont dû faire preuve de flexibilité vis-à-vis de ces évolutions.
Le thème de la prévention, comme fer de lance
« Nous allons nous concentrer sur les risques climatiques. En quoi ces derniers peuvent-ils faire évoluer nos métiers, les services et la situation des clients ? » a d’abord lancé Yann Bocquillon, Directeur Général d’IXI-Group.
Celui-ci a ensuite été suivi par Stéphane Pénet, Directeur Général adjoint France Assureurs. « Le climat pèse de plus en plus lourd dans l’activité des assureurs, qui sont extrêmement attentif, vis-à-vis de leur activité propre. En 2015, nous avons essayé de chiffrer les choses. Les coûts des dommages liés au climat vont être multipliés par deux, soit 143 milliards sur les 30 prochaines années. »
Pour cela, il a exprimé la nécessité de travailler sur des méthodes « afin d’y faire face. » « Il faut intensifier nos méthodes de prévention si nous ne voulons pas que les dégâts échappent à notre contrôle. Nous avons dans notre pays les outils pour faire de la bonne prévention : stratégie nationale contre les risques naturels, système d’alertes performants, un fond qui permet de co-financer les actions de prévention. »
Régime Cat-Nat : pour une nouvelle gestion
La première table ronde a abordé les réalités actuelles de la gestion des sinistres climatiques pour les acteurs de la chaine de valeur mais aussi le principe même de la gestion des sinistres, qui est variable selon la nature du sinistre. Selon Anne Sophie Roussel Truffy, responsable risque habitation pour France Assureurs, les réalités actuelles de la gestion des sinistres climatiques, sont de trois niveaux pour les assureurs : « Un impact de gestion, un impact économique, et un impact incertain concernant la sécheresse, dont les conséquences sont difficiles à mesurer. »
Cette dernière est également revenu sur la loi Cat-nat, qui a de nombreuses conséquences sur cette gestion.
La réforme du régime des catastrophes naturelles a été définitivement adoptée en décembre 2021. Parmi les mesures prises figurent la systématisation de la prise en charge des frais de relogement d’urgence et une modulation des franchises.
« Il y aura une meilleure prise en charge des sinistrés. On a l’intégration des frais de relogement d’urgence, la suppression de la modulation de franchise, alors que les sinistrés ne pouvaient intervenir. Il y a aussi une prolongation du délai de déclaration de sinistre, et une clarification des délais d’indemnisation » explique Anne Sophie Roussel Truffy.
Pour accompagner les communes, est prévu la mise à disposition d’« un référent Cat-nat au niveau territorial, avec la mise en place d’un rapport à rendre sur les catastrophes sur le territoire » a également ajouté Johanna Leplanois, avocate en charge du pôle droit de l’urbanisme, de l’environnement et des énergies renouvelables chez DLGA.
L’entrée en vigueur de ces dispositions sera en 2023.
Des modèles à mettre en place
En-dehors de la notion de gestion des sinistres, Maxime Blondeau, conférencier anthropologue qui interroge le lien entre technologie et civilisation, territoire et vivant, est persuadé que le monde des assurances a un rôle crucial dans la tournure que vont prendre ces événements. Il a détaillé le point suivant.
« Comment adapte-t-on les sites dans lesquels les humains vivent… ? Il est possible d’indemniser différemment, en faisant des choix technologiques adéquats. »
De son côté, Franck Chopin, expert en modélisation des risques naturels a donné d’autres modèles à mettre en place, comme la création de cartes ou encore de la veille climatique. « Après l’événement de la grêle de Châteauroux en mai, j’ai calé la zone qui a été touchée, et la taille de grêlons. Ce qui est très utile pour l’indemnisation. Tout cela permet de savoir où sont les risques et les sites où envoyer les experts. »
Maxime Blondeau a enfin conclu. « Les populations qui vont être le plus exposées au dérèglement climatique seront les zones urbaines. Nous vivrons une transformation en un siècle » avant d’insister à nouveau sur le point suivant. « Je pense que le secteur assurantiel peut avoir un rôle incitatif très fort. Aujourd’hui, il peut construire un monde plus juste. »