Alors que les voyages spatiaux commerciaux deviennent « plus accessibles et attrayants » pour certains membres du public, la fourniture d’une assurance voyage dans l’espace est une problématique qui s’est mise au premier plan.
L’industrie du tourisme dans l’espace devrait connaître une croissance significative au cours de cette décennie, selon la société australienne de conseil en gestion d’entreprise Milliman. Cette dernière estime aussi qu’elle pourrait représenter un marché de 10 à 15 milliards de dollars par an. Une telle croissance signifie qu’un nouveau segment assurantiel pourrait s’ouvrir. Focus sur ce sujet avec l’aide de Akihabara News.
D’importants projets autour de l’assurance spatiale
Après le nombre record de voyageurs spatiaux civils en 2021, trois grands projets d’assurance de compagnies japonaises ont été dévoilés au public en ce début d’année 2022.
L’Agence d’exploration aérospatiale japonaise (JAXA pour Japan Aerospace Exploration Agency) et Mitsui Sumitomo Insurance coopèrent actuellement à la création de produits d’assurance pour les voyageurs spatiaux civils. La JAXA sera chargée de fournir des informations actuarielles, y compris les causes et la probabilité des accidents de mission spatiale. Mitsui Sumitomo Insurance utilisera ensuite cette data pour fournir une expertise en matière d’assurance à des clients potentiels. Les organisations ont ajouté que la couverture des coûts des dommages matériels est également envisagée en plus de celle concernant les dommages corporels.
Tokio Marine & Nichido Fire Insurance (TMNF) a également révélé son intention de rejoindre le marché de l’assurance voyage dans l’espace.
En avril 2022, la société a annoncé avoir entamé un projet de développement avec Beazley, une compagnie britannique décrite comme l’un des acteurs majeurs du marché international de l’assurance spatiale par la Japan Space Law Association.
Ce projet se concentrera sur le soutien des missions d’exploration lunaire, un domaine dans lequel les risques ne sont toujours pas atténués. TMNF fournira son produit d’assurance au projet Yaoki, organisé par Dymon, une société aérospatiale japonaise. En cas de succès, elle deviendrait la première entité privée au monde à mener à bien une mission d’exploration lunaire.
Enfin, Sompo Japan Insurance a annoncé en mars 2022 avoir conclu une alliance avec Synspective, une société japonaise spécialisée dans le développement et l’exploitation de satellites. Le groupe affirme être motivé par le fait que les activités spatiales sont exposées à divers risques que nous n’avons pas connus sur Terre et qu’il est urgent de développer une couverture d’assurance. Les informations collectées et analysées auprès de l’alliance permettront à Sompo Japan Insurance d’améliorer et de développer davantage ses produits et services assurantiels liés à l’espace.
Une couverture qui peine à prendre forme
Toutefois, le manque d’historiques, la quantité croissante de débris sur l’orbite terrestre, les dépenses actuelles en voyages spatiaux et la richesse des clients les plus probables rendent la fourniture d’assurance à la fois compliquée et risquée.
La NASA (National aeronautics and space administration) a signalé en 2021 que la quantité de débris orbitaux avait considérablement augmenté ces dernières années. Cela présente plusieurs risques majeurs que les assureurs devront évaluer.
L’agence fédérale a également averti que la population croissante de débris spatiaux augmente le danger potentiel pour tous les véhicules spatiaux, y compris pour la Station spatiale internationale (SSI) et les autres engins avec des humains à bord.
Richard Parker, cofondateur de Assure Space, une unité de AmTrust Financial, avait déclaré à Reuters en 2021 qu’il pourrait commencer à devenir difficile d’obtenir une couverture spécifique dans un avenir proche, car de plus en plus d’assureurs se rendent compte que c’est un risque important.
La professeure Joanne Irene Gabrynowicz de l’université du Mississippi a reflété cette préoccupation dans une déclaration rapportée par Space Safety Magazine. Pour elle, deux des problèmes les plus urgents auxquels sont confrontées les compagnies d’assurances qui espèrent couvrir le tourisme spatial sont l’absence d’antécédents sur lesquels une analyse statistique peut être faite et un pool de fonds suffisamment important qui doit être disponible en cas de sinistre pour lequel un paiement doit être effectué.
Actuellement, les sociétés aérospatiales, telles que Virgin Galactic et Blue Origin, ne sont pas légalement tenues d’offrir une assurance à leurs passagers. De nombreuses interrogations restent donc encore en suspens.