Malakoff Humanis et Verlingue scannent l’absentéïsme

Avec un nombre de salariés arrêtés supérieur à 40 % chaque année depuis 2016, l’absentéisme pour cause de maladie reste un problème majeur. Il se caractérise par une surreprésentation des jeunes, des femmes, des managers et des familles monoparentales.

Les arrêts pour troubles psychologiques augmentent notablement, devenant la deuxième cause des arrêts maladie en 2022, après les maladies ordinaires. L’analyse des données sur plusieurs années confirme par ailleurs l’augmentation régulière des arrêts longs et des arrêts multiples.

Depuis sept ans, Malakoff Humanis publie son baromètre annuel Absentéisme. Une occasion de faire le point sur cette période marquée, au-delà de la crise Covid, par de grands bouleversements qui affectent le monde de l’entreprise et le travail lui-même. 42 % des salariés se sont vu prescrire un arrêt maladie en 2022. Ce taux revient au niveau de 2016 (41 %) après une baisse significative durant la période Covid (36 % en 2020 et 38 % en 2021).

L’absentéisme maladie se traduit par une surreprésentation des jeunes (18-34 ans), constante depuis 2016 (46 % en 2022 vs 42 % pour l’ensemble). Il se traduit également par une sous-représentation constante des plus de 50 ans (34 % en 2022). Les femmes sont davantage arrêtées que les hommes. L’écart s’est creusé au fil des années, passant de 6 points en 2016 à 11 points en 20222. Il en va de même pour les managers avec 2 à 5 points au-dessus de la moyenne depuis 2018.

Les salariés aidants sont quant à eux toujours très au-dessus de la moyenne avec plus de 10 points d’écart depuis 2018, soit 55 % en 2022 contre 42 % pour l’ensemble des salariés. La même tendance est observée pour les personnes élevant seules leurs enfants, toujours au-dessus de la moyenne avec un pic en 2022 : 66 % vs 42 % pour l’ensemble des salariés.

Les situations de fragilité des salariés constituent par ailleurs une explication de plus en plus fréquemment avancée par les dirigeants pour expliquer l’augmentation des arrêts maladie : 27 % des dirigeants en 2022 contre 20 % en 2020.

C’est dans le secteur de la Santé que le nombre de salariés arrêtés est le plus élevé (53 %). Le Commerce et l’Industrie sont les secteurs dans lesquels l’absentéisme a le plus progressé depuis 2020 : +12 pts pour le commerce et +10 pts dans l’industrie. Les salariés des TPE/PME sont historiquement moins absents que la moyenne : 38 % vs 42 % en 2022.

Les troubles psychologiques en hausse

La part des arrêts liés au Covid est passée de 6% en 2020 à 12% en 2021 et 22% en 2022. Hors Covid, le classement des motifs a peu évolué depuis 2016, à l’exception des troubles psychologiques arrivés en deuxième position en 2022 (20 % des arrêts maladie vs 11 % en 2016) dépassant pour la première fois les troubles musculosquelettiques (16 %). Les maladies ordinaires restent la première cause des arrêts maladie. Les troubles psychologiques constituent par ailleurs le principal motif des arrêts longs : 28 % en 2022 vs 14 % en 2016.

Les arrêts pour motif psychologique concernent davantage les personnes élevant seules leurs enfants (38 %), les femmes (24 %), les managers (22 %) et les jeunes (21 % chez 18-24 ans). Ils sont également plus présents dans les secteurs de la santé (25 %) et du transport (24 %).

La dégradation de la santé mentale des jeunes et des managers se vérifie dans le Baromètre Santé et qualité de vie au travail de Malakoff Humanis. Les salariés de moins de 30 ans sont de plus en plus nombreux à se dire stressés au travail (52 % vs 47 % en 2018) ou épuisés (52 % vs 43 % en 2018). Ils sont également de plus en plus nombreux à déclarer consommer des somnifères ou des antidépresseurs (22 % vs 9 % en 2014). Et ont toujours plus de difficultés à concilier vie professionnelle et vie personnelle (44 % vs 36 % en 2014).

La même évolution est observée chez les managers pour qui ces chiffres, comme pour les jeunes, sont nettement au-dessus de la moyenne. 48 % des managers se déclarent stressés au travail (vs 41 % pour l’ensemble des salariés) et 59 % épuisés (vs 50 %). 24 % disent consommer des somnifères ou des antidépresseurs (vs 18 %). 44 % (vs 35 %) ont du mal à concilier travail et engagements personnels ou familiaux.

Des salariés pas ou peu engagés

En moyenne, sur la période 2018/2022, près de 4 salariés sur 10 se déclarent « pas ou peu engagés dans leur travail ». Ce désengagement a augmenté entre 2020 et 2022, passant de 35 % à 39 %. Il a un impact significatif sur l’absentéisme : 50 % des salariés peu engagés ont été arrêtés en 2022 (vs 42 % pour l’ensemble des salariés). Par ailleurs, la part de salariés qui « auraient envie de prendre un arrêt maladie alors qu’ils ne sont pas malades » est passée de 20 % à 30 % entre 2011 et 2022.

Et le nombre de salariés qui se déclarent non investis dans leurs tâches atteint 26 % des salariés en 2022 contre 18 % en 2018.

3 293 euros par an et par salarié absent

Le cabinet Verlingue a également établi son baromètre de l’absentéisme, en se basant sur une étude du portefeuille Verlingue entre 2018 et 2021, soit 282 000 assurés représentant 483 entreprises. Le taux d’absentéisme est en hausse, s’établissant à 5,5 % en 2021 contre 4,8 % en 2019. Ce baromètre inclut une analyse économique. Le coût du maintien de salaire 2021 est en moyenne de 85 euros par jour d’absence et de 3 293 euros par an par salarié absent.

Cela représente 3,3 % de la masse salariale des absences au global. Les arrêts longs, qui représentent 13 % des arrêts et pèsent pour 69 % de la durée totale des absences en 2021, impactent directement sur le coût de l’absentéisme pour les entreprises. Le coût du maintien de salaire d’un arrêt long est plus de dix fois supérieur aux arrêts inférieurs à 31 jours.

Pour le monde de l’entreprise, les arrêts maladie et l’absentéisme constituent des enjeux importants. Les raisons psychologiques, poussant les salariés à s’arrêter, doivent notamment être au cœur des questionnements pour trouver des solutions.

D’autant que, les arrêts maladie pour motif psychologique sont en moyenne deux fois plus longs que les autres. La qualité de vie au travail et le bien-être au travail profitent donc aux salariés, mais aussi, in fine, aux entreprises.

Sources : baromètre Malakoff Humanis et baromètre Verlingue

(Re)Voir : Absentéisme vu par le baromètre Verlingue et l’étude de WTW

Absentéisme vu par le baromètre Verlingue et l’étude de WTW

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