La contribution des aidants est discrète et pourtant essentielle : en s’occupant de leurs proches malades, âgés ou en situation de handicap, les proches aidants fournissent un travail colossal.
Le gouvernement veut reconnaître les compétences professionnelles développées par les aidants familiaux, première étape d’une réforme plus vaste de la « validation des acquis de l’expérience » (VAE), un dispositif qui reste peu connu. L’exécutif va « glisser » un article en ce sens dans le prochain texte consacré à la prolongation des règles de l’assurance chômage, présenté le 7 septembre en Conseil des ministres. L’objectif est de faciliter la reconnaissance des compétences acquises par ces personnes. Marie-Anne MONTCHAMP, Directrice générale de l’OCIRP* répond à quelques questions.
Reconnaitre le travail des proches aidants, via la VAE, est-ce une bonne idée ?
Marie-Anne MONTCHAMP – L’OCIRP, union d’institutions de prévoyance à gestion paritaire, s’investit depuis plusieurs années, avec ses membres, en soutien aux proches aidants, notamment ceux qui sont en activité salariée.
Ce projet gouvernemental est une bonne nouvelle dans la mesure où il contribuera à renforcer la reconnaissance du rôle des proches aidants dans la société. La situation de proche aidant est encore mal connue, et de nombreux aidants ne sont pas conscients de l’être, ne connaissent pas les aides existantes ou, s’agissant des salariés, sont réticents à faire part de la charge qu’ils assument en plus de leur emploi.
Les études menées par l’OCIRP avec Viavoice montrent que les salariés proches aidants sont conscients des compétences qu’ils développent. Les DRH le sont encore plus, notamment en ce qui concerne l’empathie, l’utilité de l’engagement, la capacité d’organisation.
Si les aidants le souhaitent, ils pourraient effectivement répondre aux besoins de recrutement dans les métiers du care (aides soignants, aides à domicile …). C’est donc une bonne idée.
Voyez-vous des « biais » à cette disposition, si elle est adoptée ?
Marie-Anne MONTCHAMP – En premier lieu, les métiers auxquels les aidants pourraient accéder grâce à la VAE doivent bien entendu être revalorisés pour être attractifs. Les pouvoirs publics en sont conscients.
En second lieu, si faciliter l’insertion ou la reconversion professionnelle des proches aidants par la VAE est une bonne idée, il ne faut pas oublier tous les aidants qui souhaitent avant tout être mieux aidés pour faire face à leur quotidien. L’enjeu majeur est de leur permettre d’améliorer, ici et maintenant, leur vie personnelle et professionnelle et de ne pas mettre leur propre santé en danger.
Pour les proches aidants, faut-il aller plus loin en général ? Et pour les proches aidants salariés ?
Marie-Anne MONTCHAMP – Oui, il faut renforcer le soutien aux proches aidants au quotidien. S’agissant des proches aidants salariés, les branches professionnelles (par leur action sociale et par le degré élevé de solidarité), les entreprises (dans le cadre de la politique RH, de santé au travail et de RSE), les partenaires sociaux et la protection sociale ont un rôle à jouer en complément des dispositifs mis en place par les pouvoirs publics, comme le congé proche aidant.
* OCIRP, Union d’institutions de prévoyance à gestion paritaire.
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