L’UDAP a lancé le 6 juin dernier l’appel à candidatures pour le Grand Prix DRH Stratège de 2022, qui va décerner 3 prix à des initiatives remarquables de transformation dans le monde de l’assurance.
Stefania Maestroni, membre du Conseil de l’UDAP en charge de l’organisation de l’édition 2021 et Directrice Générale de Claims IA, filiale d’Adenes et Polyexpert qui apporte des solutions « expertes » pour la transformation digitale des parcours sinistres MRH des assureurs, revient sur les points saillants de l’initiative.
Premièrement, quelle est la genèse de ce Prix ?
Tout a commencé avec le baromètre des dirigeants de l’assurance et la protection sociale, que l’UDAP avait réalisé avec BVA en avril 2019 et qui faisait déjà émerger, avant l’ère du covid, un certain malaise du top management, entre un stress croissant et une difficulté de mener ses missions avec la sérénité nécessaire. Pour Djamel Souami, président de l’UDAP, cette étude faisait ressortir un besoin criant de positionner les DRH dans un rôle plus stratégique.
En effet, dans un contexte de transformation et de crise sociale, le rôle des ressources humaines est désormais protéiforme. Elles doivent relever de multiples défis : adaptation des collaborateurs aux nouveaux enjeux de l’entreprise, analyse des impacts humains des mutations technologiques, anticipation de l’évolution des métiers, nouvelles formes de travail, guerre des talents, (des)engagement des salariés, équilibre vie personnelle vie professionnelle, solidarité, enjeux sociétaux …
Autant de thèmes qui ont un impact direct sur la réussite des entreprises. La direction des ressources humaines devient un acteur incontournable de la performance. Son rôle passe du statut de « gestionnaire » au statut de « stratège ».
Fort de ce constat, l’UDAP a lancé en 2020 le Grand Prix DRH Stratège de l’Assurance, avec l’objectif de sensibiliser les dirigeants du secteur à la problématique RH et au rôle que les DRH peuvent et doivent jouer.
Djamel m’a proposé de coordonner l’organisation de la deuxième édition, et participer au jury. Ce que j’ai accepté avec grand plaisir car cette initiative ouvre une fenêtre d’observation de comment les assureurs perçoivent les enjeux RH, des initiatives qu’ils engagent, et des effets qu’elles produisent.
Les difficultés dans le recrutement et dans le retour au bureau vs le télétravail, les questions autour de l’engagement et la responsabilité, mais aussi l’implication croissante des RH dans les projets majeurs technologiques, stratégiques, de transformation : les enjeux RH des assureurs ne cessent de grandir et évoluer.
Quels ont été les points marquants de l’éditions 2021 ?
Le Grand Prix UDAP a 3 temps forts : l’analyse des dossiers de candidatures (souvent dans les tous derniers jours de la période de candidature, voire au-delà …), la journée de jury où les candidats viennent plancher, et la cérémonie de remise des prix, avec son lot d’heureux et de déçus.
Le jury est la clé de voute du Grand Prix. Composé de personnalités de la filière RH de l’assurance, d’experts, de dirigeants, le jury offre un temps de partage très enrichissant et apprécié par les membres et les candidats.
Le jury s’inscrit dans la continuité, avec des membres sponsors fidèles dans le temps, comme Filassistance et Matmut, ou encore Malakoff Humanis, et grâce à la tradition désormais installée du Prix des Pairs. Moment très fort où les 3 lauréats de la précédente édition désignent en toute liberté le lauréat de l’année, dans une forme transmission.
Les projets sont variés ; ce qui est recherché est l’engagement de la direction dans le projet et l’impact sur l’entreprise et ses collaborateurs, avec souvent à la clé une étroite collaboration entre direction générale et direction des ressources humaines.
Ils prennent plusieurs formes et sponsors : des projets d’entreprise portés au plus haut niveau, des projets RH « best practice » de longue haleine, des outils souvent ludiques pour l’intégration des collaborateurs ou pour accompagner le manager ….
Et que pouvez-vous dire de la remise de prix 2021 ?
Après une mise en perspective de la fournée de l’année et des grandes tendances, le président du jury, Philippe Vivien, Vice-président d’Alixio, présente l’ensemble des projets soutenus. Vient ensuite le moment de la remise des prix, qui est faite par des membres du jury.
En décernant le Grand Prix à Unéo, Véronique Jolly, DRH de Matmut, a rappelé l’enjeux stratégique auquel répondait le projet CAP : la meilleure arme pour répondre à l’ouverture du marché des appels d’offres de la fonction publique est bien d’investir dans l’humain – grâce à la symétrie des intentions – pour apporter la qualité de service attendue par les bénéficiaires.
Le Prix du Jury 2021 était attribué à La Mutuelle Générale. Face au niveau de souplesse accordé à l’organisation du temps de travail entre « sur site » / « à distance » de son projet Open Travail, Anne-Sophie Godon, Directrice des services de Malakoff Humanis, a insisté d’une part sur l’immense travail de fond pour faire évoluer le corps des conventions et d’autre part sur l’audace du projet par son caractère de non réversibilité. Pour finir, le Prix des Pairs, remis par Sylvie Peretti, DRH de Generali et lauréate 2020, a été attribué à AXA pour son dispositif très riche de développement des collaborateurs, un corpus « holistique » qui avait séduit les 3 lauréats de 2020 (Generali, La France Mutualiste et VYV).
Et l’édition 2022, des pronostics ?
Le jury se réunira le 6 octobre et la soirée de remise des prix aura lieu le 15 novembre à la Fondation Dosne-Thiers. Les grands acteurs postuleront, bien sûr. Mais nous appelons tous les acteurs de l’assurance et de la protection sociale, grands et petits, généralistes et spécialisés, à présenter leurs projets. L’innovation sociale et humaine est partout et la raison d’être de ce prix est de mettre en valeur toutes ces initiatives remarquables !
S’il est difficile de faire un pronostic sur le contenu des dossiers qui seront déposés dans les semaines à venir, disons que les actuaires assurent que les lauréats se trouveront parmi ceux qui auront postulé.
A titre personnel, je guette l’émergence de sujets liés à l’adoption de l’intelligence artificielle au cœur des activités des assureurs. Dans le cadre du think-tank européen SECOIA, lancé en 2021 sur initiative d’organisations syndicales françaises (CFE-CGC), suédoises et italiennes… et auquel je participe au titre de l’UDAP pour l’assurance, sont menées des réflexions sur l’impact de l’IA sur les compétences et sur les modèles économiques.
L’IA répond souvent à des exigences clients, en termes d’accessibilité, d’immédiateté, de pertinence de réponse… cela est souvent le point d’entrée, mais l’accent va progressivement être mis sur l’emploi de l’IA dans les projets de transformation des entreprises. Des beaux projets à la croisée entre métier et RH qui pourraient se présenter au jury de cette année et des années à venir.