Financial Times revenait sur un sujet sensible dans le monde de l’insurtech : la crise de crédibilité ?
Innovantes dans le secteur de l’assurance, elles sont sous pression pour justifier les modèles commerciaux alors que le battage médiatique s’estompe et que les pertes augmentent.
Des débuts sur les chapeaux de roues
« Oubliez tout ce que vous pensez savoir sur les assurances », tel était le slogan impétueux sur une bannière ornant la Bourse de New York lorsque l’insurtech Lemonade est devenue publique en juillet 2020 et qui est toujours indiqué sur leur site web. Celui-ci a capturé la confiance qui a propulsé l’assureur américain, y compris Hippo et Root, sur le marché boursier à des valorisations bien supérieures à celles de ses pairs plus établis.
Les perturbateurs autoproclamés avaient un argumentaire séduisant pour les investisseurs, à savoir que leur technologie peut :
- Suivre les risques en temps réel.
- Réduire le nombre de sinistres en anticipant les incidents, comme les fuites.
- Accélérer le traitement des documents.
Le résultat ? Des sociétés qui finiraient par surpasser leurs rivaux plus âgés.
Une brutale descente des insurtechs ?
Toutefois, deux ans après ses débuts à Wall Street, Lemonade, Hippo et Root sont parmi les plus grandes victimes d’une déroute brutale des valeurs technologiques, alors que la hausse des taux d’intérêt incite les investisseurs à abandonner les entreprises à forte croissance au profit de celles qui génèrent des bénéfices fiables.
Les actions de Lemonade, qui fournit une assurance aux locataires et d’autres couvertures personnelles, ont chuté de près de 90 % depuis le sommet de l’année dernière et sont désormais inférieures de plus d’un quart à leur prix d’introduction en bourse.
L’insurtech Root, qui est devenue publique peu de temps après Lemonade, a vu son action chuter de plus de 90 %, tandis que la startup habitation Hippo a baissé de plus de 85 % depuis son introduction en bourse au début de l’année 2021.
Le chemin peut être long pour s’affirmer
Alors que le rallye technologique menace de s’effondrer davantage, ces entreprises doivent maintenant convaincre un marché beaucoup plus sceptique que leurs modèles commerciaux valent la peine d’être conservés.
Toutes les insurtechs énoncent que les ratios S/P s’amélioreront à mesure que leur compréhension des clients s’approfondira. Après une campagne médiatique initiale, les sociétés se débattent, car la valeur d’une meilleure technologie, des coûts réduits et une souscription plus sophistiquée ne se cristallisent que lorsque les assureurs ont un volume d’affaires substantiel.
Cela nécessite donc du temps que les insurtechs n’ont pas forcément, car les pertes rongent les piles de liquidités collectées lors de leurs introductions en Bourse.
Quelques moyens persistent pour se développer
Ces trois exemples de startups utilisent des moyens pour accroître leurs marges de souscription en se séparant de quelques collaborateurs, en réduisant les dépenses de marketing, en augmentant les prix des polices ou encore en se concentrant sur les zones les plus rentables.
De même, elles ont recruté de nouveaux talents, comme des directeurs sinistres ou financiers, qui leur permettent de percevoir des signes d’amélioration. Enfin, certaines entités recommandent aux insurtechs en difficulté de commencer à rechercher des acheteurs parmi les mastodontes de l’industrie, mais est-ce une bonne solution ?