La plateforme de core banking Tuum (anciennement Modularbank) a dévoilé le 7 avril dans un communiqué les résultats d’une étude réalisée par Sapio Research auprès de 1 000 consommateurs, faisant état d’une demande très élevée des consommateurs pour des produits de finance embarquée, en particulier en ce qui concerne l’assurance.
Si les banques sont conscientes du potentiel de ces nouveaux produits, l’assurance embarquée figurant en pôle position sur leurs feuilles de route, des progrès restent à faire à l’heure actuelle afin de simplifier les processus et mieux informer les consommateurs.
Une appétence pour les produits de finance embarquée
Premier enseignement, les consommateurs sont en demande de produits embarqués de type assurance ou crédit au moment du passage en caisse ou de la validation du panier virtuel : 51% des personnes interrogées ont ainsi souhaité la possibilité de souscrire par cette méthode par exemple à une assurance pour leurs vacances ou pour des articles tels qu’un téléphone portable.
48% ont fait part de leur souhait de disposer d’une option de type Buy now, pay later, (BNPL) leur permettant d’acheter l’article ou le service dont ils ont besoin et de payer plus tard. Enfin la possibilité de souscrire à un prêt en mode embarqué afin de permettre l’achat d’un article « de grande valeur » a recueilli 52% d’approbation.
Ces trois possibilités, assurance, paiement BNPL et prêt à la consommation figurent ainsi « en tête des listes de souhaits des consommateurs en matière de finance embarquée. » Ainsi comme l’explique Rivo Uibo, cofondateur et Chief Banking Officer chez Tuum, « en fournissant des services financiers par l’intermédiaire de tiers en contact avec les consommateurs tels que les commerçants, les banques peuvent créer de nouvelles sources de revenus et s’assurer de rester pertinentes. »
Une exigence de simplicité et de clarté
Cet attrait pour les produits embarqués s’explique facilement par le côté pratique de la souscription qui s’effectue au même moment que l’achat, et non séparément. Cet atout potentiel constitue en revanche une réelle condition : pour emporter l’adhésion du consommateur, le processus doit être simple et direct. En effet, sur l’ensemble des consommateurs qui envisageaient de souscrire à des produits embarqués, pas moins de 59% d’entre eux ont finalement renoncé pour des raisons mettant en évidence les progrès restant à faire par les distributeurs et les concepteurs des produits.
En effet les principales raisons invoquées de leurs renoncements sont les suivantes :
- la complexité des processus de souscription
- le fait que l’option ne leur a tout simplement pas été proposée à la caisse
- un simple oubli.
Autant dire que si le potentiel des produits embarqués est évident, il reste encore à pleinement transformer l’essai en simplifiant encore davantage les processus et communiquant plus clairement auprès des consommateurs.
Cette situation fait écho à la nature-même des produits embarqués, en particulier d’assurance comme l’avait définie Franck Pivert, Chief Revenue Officer chez WAKAM dans une interview publiée dans Dessine-moi l’Assurance : « l’assurance embarquée est liée à l’émergence croissante de la consommation à l’usage. Le but recherché est bien la simplicité et la sérénité. Or 55% des jeunes par exemple pensent que l’assurance intégrée est « pas mal » voire « super pratique ». Il faut retenir ces termes de praticité et de simplicité, et aller davantage vers cette logique. »
Conscientes de ces opportunités, 72 % des banques sondées envisagent clairement les produits embarqués comme une importante source de revenus supplémentaires. Mais toutes ne sont pas encore prêtes : seules 42% des banques proposent ce type de service à l’heure actuelle, et 37% prévoient de les mettre en œuvre « dans les six prochains mois. »
Commentant ces résultats, Rivo Uibo ne s’inquiète guère de ce retard et insiste davantage sur le mouvement en cours de prise de conscience à propos d’un marché en pleine expansion : « Les experts du secteur mesurent bien l’ampleur de l’effort technique que ce changement implique. La technologie de core banking de nouvelle génération gagne en popularité en tant que moyen pour les banques de soutenir la croissance de ces services bancaires intégrés. »
L’assurance embarquée en première ligne
Parmi les différents types de produits embarqués, quels sont ceux les plus recherchés par les consommateurs et les plus considérés par les banques ou organismes d’assurance ? L’étude répond que « la demande des consommateurs s’aligne également sur les feuilles de route des banques en matière de produits. » En effet, c’est bien l’assurance embarquée qui figure en tête de liste des services intégrés que les banques prévoient d’offrir :
- 47% des banques prévoient d’intégrer des solutions d’assurance embarquée
- 38% envisagent de proposer des prêts sur les produits de consommation
- 37% songent à des options de paiement BNPL
- 25% prévoient la possibilité de payer dans une autre devise
Par ailleurs, parmi les banques proposant déjà à des tiers leur savoir-faire en matière de produits embarqués, ce sont encore les produits d’assurance embarqués qui sont considérés comme les plus populaires et les plus lucratifs, à fauteur de 76%.
« Alors que la demande des consommateurs pour des options de financement faciles et embarquées augmente, notre étude confirme une tendance que nous observons depuis un certain temps : les banques relèvent le défi et modifient leur stratégie commerciale pour se positionner en tant que « fournisseurs d’infrastructure » en plus d’offrir des services bancaires traditionnels. » conclut ainsi Rivo Uibo.
Quelques exemples d’assurance embarquée innovante
En Asie, YAS est une compagnie basée sur la blockchain, offrant des solutions de microassurance embarquée à la demande dans différents domaines : assurance automobile, vélo, transports publics ou même escalade… L’accent est mis spécifiquement sur l’expérience client et sur la gestion des sinistres.
Aux Etats-Unis, l’assureur Polly permet désormais aux clients de regrouper l’assurance automobile avec leur achat de véhicule auprès de concessionnaires partenaires. Cette expérience entièrement rationalisée complète le processus de vente au détail et génère des économies pour les clients, en moyenne de 64 $ par mois. Or ces économies permettent aux clients de réinvestir dans des produits ou prestations supplémentaires proposés par les concessionnaires, ces derniers ont ainsi signalé « une augmentation brute moyenne de 44 %. »
En Belgique, l’insurtech Qover crée ses propres produits d’assurance embarquée à l’aide d’APIs ouvertes, dans des domaines allant de la nouvelle mobilité (vélo, voiture électrique) à la livraison de repas à domicile en passant par la fintech et les néobanques…
Interrogé dans Dessine-moi l’assurance, le Directeur des partenariats chez Prévoir, David Dubois avait résumé ainsi les enjeux nouveaux se posant à l’assureur investi dans l’assurance embarquée : « Pour l’assureur, l’enjeu est d’être capable de penser au parcours de consommation avant le produit, tout en répondant aux contraintes réglementaires de devoir de conseil, de consentement éclairé ou encore de transparence des informations. »