Lancée en 1970, l’étude Sigma réalisée par le Swiss Re Institute dresse chaque année un bilan des pertes liées aux catastrophes naturelles.
Dévoilant par communiqué les chiffres définitifs relatifs aux catastrophes naturelles en 2021, Swiss Re relève que celles-ci ont entraîné des pertes économiques totales de 270 milliards de dollars au niveau mondial, les pertes assurées n’ayant atteint que 111 milliards de dollars.
Le principal enseignement concerne les inondations : celles-ci ont représenté 31% des pertes économiques mondiales pour un total de 82 milliards. Or seuls 25% des risques d’inondation sont assurés, témoignage de lacunes persistantes en matière d’assurance et de protection des risques.
Les inondations, catastrophe mondiale numéro 1 pour les populations
D’après Martin Bertogg, responsable Périls et catastrophes chez Swiss Re, « les inondations touchent près d’un tiers de la population mondiale, soit plus que toutes les autres catastrophes. Sur la seule année 2021, nous avons assisté à plus de 50 inondations graves dans le monde ».
En effet derrière le côté spectaculaire et particulièrement médiatisé de certaines catastrophes à l’image de l’ouragan Ida, catastrophe naturelle la plus coûteuse en 2021, la majorité des pertes assurées a été en réalité causée par « les événements de périls secondaires », comme les inondations survenues en Europe au mois de juillet : d’après le Swiss Re Institute, celles-ci ont représenté « la catastrophe naturelle la plus coûteuse jamais enregistrée dans la région. » D’autres inondations dévastatrices se sont aussi produites en Chine, aux États-Unis et ailleurs.
Un phénomène appelé à se poursuivre
Le Swiss Re Institute est très clair sur ce point : sous l’effet du dérèglement climatique mais aussi du développement urbain rapide, cette augmentation des pertes dues aux inondations est appelée à se poursuivre. En outre, « l’accumulation des richesses dans les zones sujettes aux catastrophes contribuent à l’augmentation constante des pertes liées à ces catastrophes. »
L’année 2022 en cours ne devrait pas échapper à la règle, puisque le Swiss Re Institute relève de grandes inondations en Australie dès le premier trimestre 2022, ayant causé d’immenses dégâts.
Des lacunes dans la couverture mondiale des risques
Sur les 82 milliards de pertes économiques dues aux inondations recensées dans le monde, les pertes assurées se sont élevées à un peu plus de 20 milliards, soit seulement 25%. Il existe un déséquilibre flagrant sur ce point entre les pays les plus développés et les marchés émergents : d’après le Swiss Re Institute, les pertes dues à de graves inondations n’ont été assurées qu’à hauteur de 5% dans les pays en développement, contre 34% par exemple en Europe. Si l’Asie est le continent le plus en retard en la matière, mêmes les pays les plus développés, avec une couverture de 34%, ne brillent guère par leur couverture assurancielle.
Pourtant d’après Jérôme Jean Haegeli, économiste en chef du Groupe Swiss Re, les solutions et les moyens existent, encore faut-il une volonté forte pour les mettre en œuvre des pouvoirs publics comme des assureurs de leur responsabilité sociétale et environnementale : « l’année 2021 a constitué une nouvelle prise de conscience. Il est de plus en plus urgent d’agir pour accroître la résilience des sociétés du monde entier. En collaboration avec le secteur public, les assureurs et réassureurs sont bien équipés pour éviter de construire dans les zones à haut risque et encourager les investissements dans des mesures de protection telles que les infrastructures vertes. Cela permet de garder les actifs assurables tout en améliorant les perspectives de croissance. »
Les Chiffres-clés
270 milliards de dollars de pertes économiques mondiales dues aux catastrophes naturelles en 2021. Sur ces 270 milliards, 82 milliards sont dus aux inondations.
Sur ces 270 milliards, seulement 111 milliards de dollars de pertes ont été assurés, dont seulement 20 milliards pour les inondations.
Derrière les cyclones tropicaux, les inondations représentent le 2ème poste de pertes financières le plus élevé, représentant 23 % du total des pertes.
Les pertes assurées augmentent de 5 à 7 % par an en moyenne dans le monde sur le long terme.
Les inondations sont à l’origine de plus d’un tiers des décès liés à des catastrophes naturelles : c’est la catégorie de catastrophe la plus meurtrière.