Paradoxe de ces deux dernières années marquées par la pandémie, les Français ont réduit leurs déplacements en voiture avec l’émergence du télétravail, mais cette évolution ne s’est pas accompagnée d’une réduction des primes d’assurance. Les assurances automobiles traditionnelles laissent ainsi le champ libre à de nouveaux acteurs s’efforçant de bousculer le marché avec des modèles innovants. Lancée début janvier, l’offre de la start-up française Flitter propose ainsi de payer son assurance uniquement pour les kilomètres roulés : un modèle Pay when you drive ciblant les conducteurs roulant moins de 10 000 km par an, leur permettant de générer 250 € d’économies moyennes annuelles.
Le constat de tarifs inadaptés pour un assuré sur deux
Fondée en 2021, la start-up Flitter a bénéficié de soutiens de nombreux investisseurs comme Global Founders Capital, Kima Ventures, holding d’investissement du créateur de Free Xavier Niel, ou encore le fondateur d’Assu 2000 Jacques Bouthier. Flitter se positionne sur le marché de l’assurance automobile en proposant une offre en ligne d’assurance au kilomètre, notamment à destination des petits rouleurs. Ses trois cofondateurs Jérémy Steinberg, Arnaud Dumora et Hajer Gorgi sont partis du constat qu’un assuré sur deux roule moins de 10 000 kilomètres par an, payant ainsi à leurs yeux des tarifs injustifiés.
« La crise sanitaire et la généralisation du télétravail ont bousculé nos modes de vie et notre mobilité. Aujourd’hui, un assuré paye le même prix qu’il roule 2 000 ou 20 000 km, alors que son risque est divisé par 3. Nous voulons proposer un modèle plus juste et plus adapté », explique Jérémy Steinberg qui a endossé le rôle de CEO.
Des tarifs modulables et des technologies connectées
Flitter a ainsi conçu avec le concours de Wakam, spécialisé dans les solutions d’assurance digitale sur mesure, une offre à la carte évoluant selon les besoins. Le principal argument de vente est ainsi de proposer des tarifs « plus justes », les économies étant estimées en moyenne à hauteur de 30%, « voire jusqu’à 40-45% pour ceux qui font moins 5000 kilomètres par an », précise Jérémy Steinberg. L’offre comporte par ailleurs un niveau de garanties incluant l’assistance dès 0 kilomètre.
Qui dit Insurtech dit souscription simplifiée : il suffit à l’automobiliste de répondre à quelques questions en ligne afin d’obtenir un forfait annuel en deux minutes. Il lui revient toutefois d’envoyer une photo de son compteur kilométrique, et ce directement depuis l’application Flitter afin d’éviter les fraudes, vérification manuelle étant tout de même effectuée ensuite par l’assureur. En cours d’année, l’assuré garde la possibilité de moduler son kilométrage à tout moment, sachant que s’il n’a pas consommé l’intégralité de son forfait à l’issue de l’année, il pourra reporter les kilomètres restants sur l’année suivante. Avant l’annonce officielle de son lancement sur le marché, Flitter comptait un peu plus de 2000 préinscriptions.
Flitter bouscule par ailleurs les habitudes de ses assurés par la mise en place de services digitaux encore très peu répandus, comme la possibilité de connecter sa voiture à distance depuis son application mobile. « Nous sommes aujourd’hui capables de connecter les voitures de huit marques constructeurs, pour permettre un suivi du kilométrage en temps réel aux assurés qui le souhaitent. Nous voulons à terme leur proposer des services connectés tels que la localisation à distance du véhicule ou encore des alertes en cas de vol », indique l’autre cofondateur et Directeur Technique, Arnaud Dumora.
Un coup de pied bienvenu dans la fourmilière ?
A entendre les investisseurs ayant soutenu la start-up, le modèle de Flitter serait parfaitement en phase avec nos usages actuels en matière de mobilité : il serait même plus que temps de bousculer l’immobilisme qui aurait caractérisé ces dernières années le marché de l’assurance auto. « L’assurance auto est un marché de 120 milliards d’euros en Europe, mais qui a très peu évolué sur les 10 dernières années. Peu de nouveaux acteurs se sont positionnés sur la mobilité, et aucun n’a réussi à proposer des services qui vont au-delà du modèle de l’assurance auto traditionnelle. Le modèle de Flitter est parfaitement positionné pour corriger cette anomalie de marché et repenser la manière dont l’assurance adresse l’évolution de notre mobilité, » explique ainsi David Sainteff, Partner chez Global Founders Capital.
En attendant d’émettre un verdict définitif sur le succès de cette initiative, soulignons l’engagement affiché par la start-up sur son site Internet en faveur du développement durable et de la lutte contre les émissions de gaz carbonique : « Contrairement aux assurances traditionnelles, notre rémunération est fixe. Nous nous engageons à reverser tout l’argent qui n’aurait pas servi à rembourser les sinistres à des projets à impact carbone positif. »