Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a annoncé le 14 janvier dernier que le taux du Livret A serait porté à 1 % au 1er février. Cette révision s’accompagnera d’un relèvement du taux du Livret d’épargne populaire (LEP), à 2,2%.
L’accélération de la hausse des prix à la consommation (+ 2,8 % sur un an au mois de décembre 2021), stimulée par la forte reprise économique mondiale en sont la cause.
Le gouvernement suit ainsi la recommandation de la Banque de France à quelques semaines de l’élection présidentielle, il s’agit de la première hausse depuis 2011. Geste électoral ? Ou arme contre l´inflation ? Pour les banques à qui cette hausse pourrait couter jusqu’à 920 millions d’euros ou pour la Caisse des dépôts en charge des logements sociaux, cela pourrait avoir des conséquences dangereuses à long terme.
Un livret A qui creuse les inégalités ?
Le 1er Février 2022, le taux du Livret A passera de 0,5 % à 0,8%. Si toute hausse est bonne à prendre, celle-ci pourrait avoir plusieurs répercussions.
Pour la Caisse des Dépôts, cela pourrait représenter, avec une hausse de 0,25 % du rendement du Livret A, un surcroît de charge de 375 millions d’euros pour le logement social et ses acteurs. En effet, la Caisse des Dépôts fonctionne sur un équilibre simple : « Jusqu’à la crise financière, la hiérarchie naturelle des taux faisait que les taux d’intérêt longs étaient toujours supérieurs à l’inflation. Le Livret A couvrait donc l’épargnant contre la hausse des prix et la Caisse des dépôts dégageait une marge sur ses prêts et sur les placements de son portefeuille », explique un porte-parole de la CDC. Le modèle se trouve désormais déséquilibré, entre la politique à faible taux d´intérêts de la BCE et une inflation qui grimpe.
Pour les banques françaises, qui doivent assurer une part de la rémunération du taux, cela pourrait coûter jusqu’à 920 millions d’euros, soit 0,6 % du produit net bancaire (PNB) du secteur. Selon une source interrogée par les Echos, cette hausse va provoquer, à court terme, « un effet de ciseau qui ne sera pas favorable, cela revient à rendre la ressource plus chère, alors même que du côté de l’emploi – c’est-à-dire des prêts accordés -, les taux n’auront pas bougé. »
Pour les épargnants, entre une politique monétaire de la BCE pour sauver les Etats et cette augmentation du Livret A en deçà de l’inflation, cela crée des inégalités entre les plus aisés qui ont accès à des placements dans les actions ou dans l´immobilier et ceux qui doivent se contenter d’une épargne populaire. En effet, les taux à long terme très bas font monter les cours boursiers et les prix de l’immobilier.
Gouvernement ou Banques, quelles solutions pour compenser ces inégalités qui vont se creuser ? Donner un accès facilité et plus large à des produits financiers proposant une rentabilité élevée à la classe populaire ? Une politique fiscale pour corriger ce faussé ?