Le Baromètre 2020 de la relation start-up/grand groupe mené par le Village by CA et Capgemi nous expliquait que la crise sanitaire avait freiné les collaborations croissantes entre les banques et les néo-banques mettant de nombreux projets en pause.
Fin septembre, les déclarations du Président de la Fédération bancaire française sur l’Open Banking ont mené à une nouvelle crispation entre les deux acteurs.
Pour apaiser les tensions, La Banque de France ainsi que l’ACPR et l’AMF ont invité les banques à collaborer avec les fintechs, leurs efforts communs servent avant tout les clients.
Encore tendu entre les banques et les fintechs ?
Alors que les rapprochements et la collaboration entre les banques et les fintechs se multiplient, il n’en reste pas moins que le climat s’avère tendu. Pour cause, lors d’une tribune accordée à L’écho en fin septembre, Nicolas Théry président de la Fédération bancaire française et du Crédit Mutuel, a déclaré « Je ne crois pas à l’open banking.». Il ajoute « Comme le dit l’adage, lorsqu’un service est gratuit, c’est vous le produit. Les gigantesques valorisations des fintechs constituent sur ce point une anomalie : elles correspondent à l’anticipation par les marchés d’une marchandisation des individus et de leurs données personnelles. »
Pour rappel, L’open Banking vise à permettre aux banques de partager leurs données avec d’autres acteurs du secteur financier, dont les fintechs, afin qu’elles puissent créer des solutions pour répondre aux nouveaux besoins et usages technologiques. Alors, quand le président de la Fédération bancaire française dit ne pas y croire, il est logique que les liens se dégradent.
Les fintechs n’ont pas tardé à réagir. Seulement deux jours après cette tribune, l’association France Fintech a répondu en rappelant que « les fintechs ne sont pas le problème, mais un élément de la solution, y compris pour les banques qui le démontrent chaque jour en travaillant avec elles ». Elles regrettent les propos tenus par Nicolas Théry qui « font revenir [le secteur financier] plusieurs années en arrière » mais disent partager la préoccupation sur le risque de vaporisation des données bancaires, tout en rappelant que « Les fintechs sont régulées et supervisées par les mêmes régulateurs que les banques (ACPR, AMF et CNIL) ».
Certains dirigeants de fintechs ont notamment été très surpris par ces propos car ils disent travailler main dans la main avec les banques. Par ailleurs, tous les banquiers ne partagent pas non plus la position du Président de Crédit Mutuel.
Les bigs techs, un « ennemi commun »
A contrario des propos tenus par Nicolas Théry dans une tribune des Echos, différentes voix indiquent que la menace ressentie pour les banques ne doit pas venir des fintechs mais d’un « ennemi commun », les GAFA.
Le 11 octobre dernier avait lieu l’annuel Forum FIntech, animé par l’ACPR et l’AMF, qui rassemble les acteurs Fintech de la place et les autorités, pour échanger sur les actualités importantes et nourrir le dialogue entre eux.
A l’occasion, en introduction, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau a souhaité apaiser les tensions en déclarant, « J’appelle les banques à accompagner les transformations du système financier de manière constructive, sans faire preuve de craintes excessives ». Il précise, « Si les banques et les fintechs ne savaient pas chacune innover, et souvent innover ensemble, les big tech ramasseraient la mise ».
En plus de la Banque de France, l’Autorité des marchés financiers et le gouvernement ont également souhaité mettre en garde les banques françaises contre leur peur de la menace des néo-banques.
Enfin, des professionnels de la banque ont également dit partager cet avis. Par exemple, Laurent Mignon, président du groupe BPCE, s’est dit plus préoccupé « par les GAFA que par les néobanques ». Un autre dirigeant ajoute « Nous sommes dans un univers où le problème, ce sont plus les GAFA que les fintechs ».
Pour contextualiser, Google est en train de réfléchir sur une offre de compte bancaire. Facebook, quant à lui, se voit également intéressé par la finance à travers son service de paiement en ligne Facebook Pay et sa future cryptomonnaie.
Espérons alors que cet épisode n’ai pas de conséquences sur la belle progression des collaborations entre ces deux acteurs depuis des années. Nous pouvons être confiants car les banques autant que les fintechs ont beaucoup à y gagner comme nous l’expliquions dans l’article Crédit Agricole et la 2ème édition du concours 100% Compliance