D’après le rapport « Impact du changement climatique sur l’assurance à l’horizon 2050 » de la Fédération Française de l’Assurance (FFA) publié le 28 octobre dernier, le coût des sinistres climatiques en France s’élèvera à 143 milliards d’euros entre 2020 et 2050 contre 69 milliards entre 1989 et 2019.
L’augmentation du coût des catastrophes naturelles de plus de deux fois est dûe à plusieurs facteurs, les deux premiers étant l’augmentation de la masse assurable et le changement climatique.
Présentation de l’étude de la FFA
En 2015, la FFA avait déjà présenté une étude intitulée également «Impact du changement climatique sur l’assurance à l’horizon 2040 », six ans plus tard c’est donc une version actualisée que nous présente la Fédération, se projetant jusqu’à la moitié du 21ème siècle.
Elle a pour objectif de chiffrer l’évolution du coût du climat dans les 30 prochaines années en dissociant le coût lié au changement climatique en lui-même de celui imputable à des facteurs purement économiques. Elle s’appuie sur des travaux conduits au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement de l’Université de Paris-Saclay.
Les facteurs explicatifs du doublement des coûts des sinistres
Pour projeter les indemnisations que verseront les assureurs d’ici 2050, il a été déroulé sur les 31 prochaines années une projection sociodémographique (la richesse et sa répartition) couplée à une projection climatique (le changement climatique et la variabilité naturelle du climat). Mesurer le coût des sinistres en France nous pousse à comprendre comment ces derniers évoluent. Alors qu’est-ce qui explique le doublement des coûts des sinistres ?
- L’enrichissement global du pays est le principal facteur d’augmentation des coûts de sinistres car il ne représente pas moins de 53% de cette augmentation. On peut naturellement se demander pour quelles raisons l’enrichissement augmente les coûts de sinistres ? Principalement car il y a une plus forte concentration d’entreprises et de logements, donc lorsqu’un événement a lieu, il a beaucoup plus d’impact.
- Le changement climatique est le second facteur, il représente 35 % des coûts. La sécheresse (en augmentation de +215%) et la submersion marine sont les deux premiers facteurs inflationnistes de ce changement, le premier représentant à lui seul 43 milliards d’euros d’ici 2050 versus 13,8 milliards ces 30 dernières années.
- Les deux derniers facteurs qui sont la variabilité naturelle du climat et l’effet de répartition (migrations de population entre départements et la proportion de logements en zone à risque) ne représentent que 12%, donc 8 milliards d’euros.
- Enfin, la répartition des sinistres est très égalitaire en France, la charge est beaucoup plus élevée pour certains départements comme en Haute-Garonne, en Tarn-et-Garonne et en Loire-Atlantique où elle est multipliée par 3. Avec la potentielle crue de la Seine, Paris, les Hauts-de-Seine et le Val-de-Marne seront également dans ce cas.
Des assureurs en première ligne
Comme l’explique Florence Lustman Présidente de la Fédération Française de l’Assurance, dans la préface du rapport « Impact du changement climatique sur l’assurance à l’horizon 2050 » : « Les assureurs sont également dépositaires de retours d’expériences, acquis sur le terrain, à l’écoute des populations sinistrées. Acteurs de la protection et de la prévention, ils sont aussi les témoins des défaillances de l’aménagement des territoires qui démultiplient les conséquences humaines et économiques des catastrophes naturelles. »
Alors, outre le fait qu’une énorme charge reste à venir pour le secteur pour répondre à l’augmentation des sinistres, les assureurs sont en première ligne pour faire bouger les choses. Grâce à leur expérience, leurs retours terrain et à leur rôle de conseiller auprès de la population, ils ont un grand rôle à jouer pour parvenir à faire face à ces grandes évolutions.
La Présidente de la FFA ajoute que « Cette étude renforce l’idée que la prévention et la diffusion d’une culture du risque naturel au sein de nos populations sont des atouts-clés à mobiliser pour améliorer la résilience de notre pays face au changement climatique. »
Enfin, la multiplication par 3 des coûts de la sécheresse pour les 30 prochaines années fait échos aux critiques du nouveau régime cat’nat jugé trop timide, et ne tranchant pas sur les moyens de prise en chaque de ce risque, alors que même le CCR a expliqué qu’il ne pourrait pas le supporter.