Aujourd’hui, le Crédit Mutuel, annonce sa décision de supprimer le questionnaire de santé pour ses clients fidèles lors de l’achat de leur résidence principale. Cette initiative est une première, et cela a créé la surprise lors de son annonce le 9 novembre dernier. Que signifie cette nouvelle démarche et peut-elle être généralisée dans le secteur des banques et assurances ?
Supprimer le questionnaire santé, pour plus d’égalité ?
La Banque Crédit Mutuel a pris une décision inédite : mettre en place un dispositif qu’elle définit comme « exclusif, solidaire et mutualiste » en supprimant le questionnaire de santé pour ses clients fidèles lors d’une demande de financement pour l’obtention de leur résidence principale. Cette initiative est naturellement soumise à des conditions. Pour y prétendre il faut être client depuis 7 ans et y domicilier ses revenus principaux. Le montant assuré ne peut excéder 500 000 euros et il faut avoir moins de 62 ans. Si tous ces critères sont réunis, il sera donc possible aux clients de faire assurer leur crédit immobilier sans formalités médicales.
Pour ce qui est des clients déjà titulaires d’une assurance emprunteur et faisant l’objet d’une surprime ou d’une exclusion, ces dernières seront supprimées à compter du 1er décembre 2021.
Une mesure prise dans un contexte d’ouverture à la concurrence
« Première banque à mission, Crédit Mutuel Alliance Fédérale et sa grande filiale, le CIC, affirment leur volonté d’aller au bout de ce qu’ils sont : une entreprise toute entière mobilisée pour servir les clients et sociétaires selon leurs besoins, être la banque de tous et lutter pour les territoires, la solidarité et le climat. », déclarait Nicolas Théry président de Crédit Mutuel Alliance Fédérale il y a tout juste un an.
Par ailleurs, bien que la suppression du questionnaire de santé n’est pas un coup de com’ car il est destiné seulement à ses clients fidèles, nous pouvons remarquer que cette prise de décision n’a pas été faite dans un contexte hasardeux. En effet, comme l’explique Sandrine Allonie, courtière chez VousFinancer, au journal LCI « Le contexte est particulier, avec la possible loi de résiliation « infra-annuelle » de l’assurance, qui signifie que l’assuré pourra en changer à tout moment, pour choisir une meilleure offre de la concurrence. En faisant cela, ils veulent donc diminuer ce risque de résiliation : forcément, des gens plus âgés, ou qui auront eu un problème de santé, n’auront pas intérêt à aller voir ailleurs, puisqu’ils seront mieux lotis au Crédit Mutuel. »
La suppression du questionnaire santé pourrait se généraliser ?
Pour le Crédit Mutuel, le questionnaire sur l’état de santé des demandeurs de crédit est une double peine : la maladie et l’exclusion.
La banque demande donc qu’un débat s’engage pour interdire toutes les discriminations liées à la santé dans le cadre de l’accès à la propriété et de l’assurance emprunteur. Les assureurs, comme BNP Paribas Cardif ou CNP Assurances, disent étudier des pistes d’assouplissement, mais n’ont pas formulé l’envie de suivre cette initiative. Pour Sandrine Allonie, « La fin du questionnaire dans toutes les autres banques paraît difficilement tenable économiquement ». L’appel a donc été entendu mais rien ne laisse entrevoir une généralisation de cette démarche dans un futur proche.