L’assurance santé à l’étranger peut représenter jusqu’à 20% du budget d’un foyer : un paramètre aussi important que le coût du loyer ou de la scolarité et déterminant pour les futurs expatriés dans leur choix de destination
International Santé propose un classement du top 20 des pays les plus chers du monde en matière de santé :
- Les Etats-Unis trônent en première place tandis que le Qatar est classé 20ème
- Derrière les USA, 6 pays voient leurs prix flamber et le Royaume-Uni bat des records
Dans un projet d’expatriation, la question du budget de l’assurance santé peut peser lourd et doit être prise en compte très tôt. Sans une assurance adaptée, le risque de ne pas pouvoir être soigné est réel.
Premier comparateur francophone d’assurances santé pour les expatriés, International Santé a réalisé une étude mettant en lumière un classement des 20 pays les plus chers du monde en matière d’assurance santé. Cette étude, basée sur la cotisation moyenne par pays, s’intéresse à 3 cibles pour la période de 2016 à 2021 :
- Les célibataires de 30 ans,
- Les familles de deux adultes de 40 ans avec deux enfants,
- Les couples de 55 ans.
Pour chacune d’entre-elles, un prix moyen par pays est calculé ainsi qu’un prix moyen global. Afin de ne pas créer de disparités entre les pays, les formules d’assurances sont étudiées sur des bases standardisées (prise en charge des soins courants, hospitalisation) sans option optique, dentaire ou maternité.
« En France, les mutuelles remboursent principalement de la pharmacie, de l’optique et du dentaire. Si on n’a pas de mutuelle c’est embêtant mais aucun drame ne se joue ici. Pour un expatrié, un assureur peut payer des dizaines ou centaines de milliers d’euros. C’est un autre enjeu », précise Raphaël Reiter, Directeur Général d’International Santé.
Les tendances clés 2021
Les cinq premières places du classement des pays considérés comme les plus chers du monde en matière d’assurance santé des expatriés sont occupées par : les USA, la Suisse, le Japon, Hong Kong et Singapour. Entre 2016 et 2021, la Chine, le Royaume-Uni, Taiwan, l’Espagne, le Chili et l’Irlande ont grimpés de manière significative dans le classement. En analysant les tarifs de ces pays sur les cinq dernières années, l’étude montre une évolution en hausse des cotisations santé allant de 27% pour l’Irlande à 42,7% pour le Royaume-Uni, par exemple. A contrario, d’autres pays descendent dans le classement : le Canada, la Russie, les Emirats arabes unis, l’Italie, le Liban et le Qatar. Ces derniers perdent des places en ayant tout de même une augmentation de leurs prix d’au moins 20% sur la période, à l’exception du Canada, seul pays enregistrant une baisse significative de sa cotisation moyenne.
Dépenses de santé : une inflation généralisée
Au fil des cinq dernières années, une régularité s’impose dans les pays figurant en haut du classement. Un top 6 quasiment inchangé hormis la rétrogradation du Canada, qui occupait en 2016 la deuxième place, pour arriver à la sixième place en 2021. Les USA occupent une première place à part, avec un prix moyen supérieur de 23% au deuxième. Ils sont maintenant suivis par la Suisse, le Japon, Hong Kong et Singapour.
Mais si l’étude répertorie les pays en fonction des tarifs moyens, elle les classe également en fonction de l’évolution de la cotisation moyenne sur 5 ans. Pour 2021, le coût moyen (hors USA) s’élève à 582€/mois contre 478€/mois en 2016, soit une hausse moyenne de 22%. Celle-ci s’explique de différentes façons :
- Une hausse des prix des traitements de pointe ainsi que des matériels de diagnostics, phénomène directement imputé, aux investissements en R&D et aux mécanismes de fixation des prix.
- Une augmentation de la demande de soins et des rattrapages d’investissements pointant les prix vers le haut au sein des pays émergents.
- Une tendance à la baisse des crédits publics octroyés à la santé, notamment en Europe du Sud et Amérique du Sud.
« Alors que la Nouvelle-Zélande et le Portugal quittent le Top 20, de nouveaux entrants s’établissent tels que Taïwan et le Chili, respectivement en 12ème et 16ème position. Une hausse moyenne des cotisations pouvant aller jusqu’à 36% pour le premier et 40% pour le second » explique Raphaël Reiter.Ces hausses importantes suivent les fluctuations des tarifs de santé. Les assureurs les appliquent pour sauvegarder leur solvabilité et, par conséquent, la prise en charge de leurs clients sur le long terme.
Des systèmes de santé inégaux selon les pays : un facteur majeur de la hausse des cotisations
Les raisons de l’augmentation de la cotisation moyenne diffèrent selon les pays. Pour onze d’entre eux, cela s’explique par l’amélioration de leurs infrastructures de santé au profit de leur système de santé local (Taïwan, Chine, Hong Kong, Thaïlande, Singapour, Costa Rica) ou par le développement du tourisme médical (Afrique du Sud, Thaïlande, Brésil, Singapour, Costa Rica).
Une hausse imputée également à un secteur privé de plus en plus cher qui remplace un secteur public en déclin. En Espagne et en Italie par exemple, les carences du système de santé découlent de disparités régionales plus ou moins importantes ainsi que d’une pénurie de jeunes soignants (en Italie) auxquelles il faut ajouter le libre cours des prix du secteur privé.
En ce qui concerne le Chili, le système de santé public est fortement impacté par la crise politique et économique, obligeant les expatriés à se tourner vers un secteur privé onéreux. Le Royaume-Uni, le Mexique et l’Irlande font quant à eux face à une situation analogue à celle de l’Espagne et de l’Italie.
Les évolutions à surveiller
– Le Portugal et les USA : un risque de hausse des tarifs
« Ces pays restent à surveiller dans l’évolution de leurs tarifs de santé. En se positionnant à la 5ème place au niveau européen, le Portugal doit faire l’objet d’une vigilance de ses tarifs pour les années à venir.Quant aux USA, un rattrapage post-covid est à craindre », précise Raphaël Reiter.
En effet, le Portugal attire de très nombreux retraités, par la douceur de son climat et grâce à un coût de la vie moins élevé que dans d’autres pays voisins, mais avec la crise Covid les retraités français récemment expatriés ont pris conscience des faiblesses du système local. Ils ont dû se tourner vers le secteur privé où les prix sont fixés librement par les professionnels de santé. Une affluence qui pourrait faire craindre une augmentation des prix dans les années à venir.
Pour ce qui est des USA, la mise en place de l’Obamacare a engendré une forte augmentation des cotisations locales de 2014 à 2018 : + 15% à +25% par an. Après 2 années plus calmes, la crise sanitaire a conduit à une surfacturation dans plusieurs domaines de médecine spécialisée. Les répercussions tarifaires seront inévitables.
« Les Français n’ont pas l’habitude de prendre en main leur protection sociale, c’est la contrepartie d’un excellent système de santé universel. Un expatrié devra décider seul de consacrer une part importante de son budget à un risque hypothétique. C’est compliqué mais c’est essentiel. En anglais, on dit : « you pay or you play », conclue Raphaël Reiter.