Raphael Vullierme a été élu, startupper de l’Année, lors des Trophées de l’Assurance 2021. Ce trophée, attribué aux startuppers passe par deux étapes : sollicitation auprès de milliers de professionnels du secteur de l’assurance, suivi d’un comité d’une vingtaine de professionnels de l’assurance. il répond aux questions de Jean-Luc Gambey.
Quelles sont vos premières réactions ?
Je suis très honoré, un grand merci à ceux qui nous ont nommés et au jury ! C’est avant tout une surprise, nous avons aujourd’hui encore relativement peu de liens avec la grande famille de l’assurance française, mais cela va changer. Mais c’est surtout une satisfaction de la reconnaissance du tous les «Lukooms». Toute l’équipe s’est énormément investie depuis 3 ans pour construire Luko et donner un nouveau souffle à l’assurance habitation et rendre les foyers plus sûrs : cette nomination vient consacrer cet immense effort collectif.
Raphael Vullierme, vous êtes co-fondateur de Luko. Votre entreprise a 5 ans, parlez- nous des étapes importantes qui ont créé Luko et son positionnement aujourd’hui.
Luko a finalement 2 histoires.
Au départ, Luko n’était pas lié à l’assurance ! Notre constat de départ, qui est toujours aujourd’hui la vision qui nous anime, c’est qu’avec l’intelligence artificielle et la data, il est possible de rendre les foyers plus sûrs et plus écologiques. Avec Benoît, mon associé, nous avions une approche technologique pour limiter les sinistres et nos premiers clients étaient … des assureurs, qui équipaient ensuite leurs assurés.
Nous avons travaillé plus de 12 mois avec les plus gros assureurs européens et cela s’est révélé lourd, long et fastidieux. Une conclusion s’est imposée à nous, si nous voulions vraiment protéger les foyers, il fallait ré-inventer et créer notre propre assurance.
Pour «ré-inventer» l’assurance, l’enjeu n’était alors pas technologique mais un enjeu de modèle et de valeur. Pour vraiment protéger les foyers, il nous semble primordial d’être un acteur aligné avec les intérêts des assurés, dans la prévention et en aval avec une assurance simple, transparente et efficace en cas de pépin.
C’est ainsi qu’est née l’assurance Luko à l’été 2018, avec l’ambition et le positionnement que nous avons encore aujourd’hui : dépasser le simple contrat d’assurance et rendre les foyers européens plus sûrs et plus verts.
Quels ont dû être les obstacles à passer, les échecs à positiver ?
Le premier obstacle est ce qui a finalement été notre opportunité. Lors de notre première vie, nous avions tellement de mal à faire changer les acteurs en place, de les convaincre de transformer leur métier de «payeur» à protecteur/partenaire. Au niveau des Comex la vision était alignée et évidente, mais la mise en place et exécution tellement lente et compliquée. C’est ce qui nous a poussé à le faire nous même en partant de 0.
Ensuite, nous avons passé beaucoup de temps à repenser de A à Z l’expérience de gestion de sinistres, et à itérer quotidiennement pour créer les meilleurs outils et process… Gérer aussi bien des sinistres à 150 ou 150k assurés, c’est loin d’être une promenade de santé.
L’échec est probablement qu’il nous reste tellement à faire pour rendre notre coeur business, la gestion de sinistre, une expérience encore plus positive.
Quelles sont vos projets, vos ambitions ?
Nous avons 2 gros projets et ambitions :
- Faire beaucoup plus pour aider les européens à avoir des foyers plus sûrs et plus verts : dans la lignée de notre service de télé-consultation pour le foyer, de notre réseau d’artisan certifié, de nos technologies de protection pour prévenir les sinistres le tinder de la recherche immobilière.
- Poursuivre notre expansion internationale. Nous avons ouvert l’Espagne il y a 1 mois, et nous comptons annoncer 2 autres pays dans les prochains mois.
Vous évoquiez récemment « Nous sommes partis pour 15 à 20 ans d’un cycle d’innovations extrêmement fortes dans l’assurance, et plus largement dans le logement ». Avez-vous quelques pistes à nous donner ?
L’assurance a environ 10 ans de retard sur la banque. Les chaînes de valeur vont continuer d’être complètement bouleversées par l’accroissement exponentiel des innovations technologiques et l’évolution des usages.
Notre parti pris chez Luko, c’est de voir l’assurance comme un élément d’une chaîne de valeur bien plus large, centrée sur l’écosystème du logement. Les acteurs dominants vont sortir du domaine purement financier et peu à peu adresser le besoin supérieur. Sur l’habitation cela se traduit par : comment la technologie peut rendre plus sûrs et plus verts les foyers dans les années à venir ? Mais cela est vrai dans toutes les verticales dans lesquelles l’assurance opère : la santé, le transport…
Quelques trend intéressantes : l’APIsation des voitures, l’émergence des super app couvrant tous les besoins d’un écosystème, l’ouverture des données de travail de la Gig economy…
Au-delà de ces trend technologiques, la macro trend est le rôle de l’assureur et donc du capital face aux défis sociaux et environnementaux comme le changement climatique. Comment toute l’industrie change radicalement pour financer et intégrer à leur business modèle les solutions qui émergent.
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