Après Thierry Martel, Directeur Général de Groupama SA en 2017, Patrick Evrard Président d’agéa, Syndicat des agents généraux en 2018, Pascal Demurger Directeur Général de Maif en 2019, Thomas Saunier en 2020, Adrien Couret, Directeur général chez Aéma Groupe Président de HEC Alumni a été élu par la profession et un jury, un comité d’une vingtaine de personnalités du secteur de l’assurance, Personnalité de l’Année 2021, lors des Trophées de l’Assurance. il répond aux questions de Jean-Luc Gambey.
Suggéré massivement lors des sollicitations auprès des professionnels de l’assurance et sans trahir la délibération du comité, votre nom est arrivé comme une simple évidence, s’imposant pour tous. Quelles sont vos réactions ?
Tout d’abord je remercie le jury d’avoir pris cette décision qui m’honore et me rend particulièrement fier puisque cela représente une véritable reconnaissance du secteur à un moment clé du Groupe Aéma. Nous sommes dans la première année d’existence d’Aéma Groupe et cette décision salue les efforts réalisés pour mener à bien le rapprochement de nos deux maisons que sont Aésio Mutuelle et Macif. En cela, je la dédie à tous ceux qui sont à l’origine du projet et sans qui cela n’aurait pu aboutir à savoir, Pascal Michard et Patrick Brothier, qui sont à l’origine de ce projet, ainsi qu’aux équipes qui ont œuvré depuis le début à bâtir un groupe mutualiste de protection incontournable sur le marché français, et plus largement aux 14 000 salariés qui le font vivre au quotidien.
J’en profite également pour saluer la mobilisation et l’implication de tous les acteurs du secteur en cette année si particulière. En effet, nous avons tous été confrontés à des situations extraordinaires qui ont bouleversé nos vies
et nos métiers. Nous, acteur de l’assurance, avons joué un rôle colossal dans la gestion de la crise sanitaire. Que ce soit financièrement en réponse aux sollicitations de l’Etat, ou via la mise en place de dispositifs de solidarité exceptionnels, et cela en un temps record.
L’actualité a été dense, ces derniers temps, en ce qui vous concerne : rapprochement de la MACIF avec Aésio Mutuelle, création d’Aéma Groupe, acquisition d’Aviva France,… . Un vrai marathon pour vous et vos équipes.
Adrien Couret, qu’est-ce qui vous fait avancer aussi vite ?
Tous ces projets sont le fruit de réflexions communes, d’ambitions partagées et de travaux collaboratifs. Si nous avons pu avancer aussi loin et si rapidement, c’est grâce à l’implication de toutes les parties prenantes et à la cohésion d’un collectif engagé.
D’un point de vue plus personnel, la même conviction m’anime depuis mes débuts – celle que l’assurance est un métier d’avenir – en cela, elle doit se réinventer et proposer des solutions adaptées aux besoins croissants des Français en matière de protection.
Depuis plus d’une décennie, se superposent désormais aux risques traditionnels économiques et sociaux, une série de menaces plus globales sur la planète. Les dérèglements climatiques, les pandémies, autant de risques émergents faisant peser sur les particuliers, les entreprises, les organisations ou les États, une chaîne de risques systémiques qui menacent leur stabilité. Face à ces urgences – et je ne les cite pas toutes – il est nécessaire de ne pas se satisfaire de l’existant et d’aller toujours plus loin.
Demain, les citoyens français auront incontestablement besoin de plus de protection. Ils seront attentifs à ce que cette protection ne soit pas réservée à quelques-uns, mais qu’elle soit collective, inclusive et solidaire. Et notre modèle mutualiste a largement fait ses preuves en la matière : parce que nous n’avons pas d’actionnaires à rémunérer – pour cette raison de distribuer au profit du bien commun – il est plus facile d’aligner nos intérêts à ceux des nos assurés. Nous avons des réponses et les moyens de prévenir, d’accompagner et de faire vivre la solidarité que nous menons depuis le mutualisme.
C’est la réponse que nous avons souhaité leur apporter avec Aéma Groupe. L’origine de cette création a été de se donner plus de moyens et de force pour innover au service de nos assurés et leur proposer une meilleure protection.
L’acquisition d’Aviva France s’inscrit pleinement dans cette idée de renforcer notre dimension multi-métiers et nos expertises. Elle est porteuse d’un réel pouvoir de différenciation sur le marché capable d’apporter une réponse moderne, différenciante et complète aux besoins des français.
Lors d’une récente interview, vous déclariez, « L’adoption d’une raison d’être ou la transformation en entreprise à mission ne sont pas suffisantes pour modifier durablement les impacts des entreprises sur le bien commun ». Affirmant votre conviction, vous vous adressiez certainement à quelques homologues,… . Quels sont pour vous les chemins que l’entreprise doit prendre pour modifier durablement ses impacts sur la société ?
Ma conviction là-dessus est très forte : il faut profondément transformer la composition des organes de décision. Par exemple, faire entrer des représentants de la société civile dans sa gouvernance, comme nous le faisons en tant que mutuelle. À mon sens, c’est le point clé qui détermine la vision à long-terme du rôle de l’entreprise et de son impact.
Dans une mutuelle, ce ne sont pas des actionnaires financiers qui sont au conseil d’administration, mais les représentants des sociétaires. Ils sont issus de la société civile, des mouvements associatifs, syndicaux, des mouvements professionnels. Et ça change beaucoup de choses. Quand je porte un projet devant le conseil d’administration, la première question qu’on me pose, ce n’est pas d’abord « combien ça rapporte ? » mais surtout « à quel besoin ça répond ? »
Sous cet angle, trois pistes me semblent intéressantes pour faire évoluer les entreprises en ce sens :
> L’intégration de personnes de la société civile dans les instances de pouvoir et de décision ;
> L’ajout de mesures d’évaluation extra financière dans la rémunération des dirigeants ;
> Une transparence sur la construction et formalisation de la raison d’être de l’entreprise. Elle doit être un reflet des réflexions de l’ensemble des parties prenantes, pour que l’ensemble du collectif s’approprie son sens et sa portée.
La crise sanitaire que nous traversons, inédite par son ampleur, nous a rappelé que les entreprises ne sont que les parties d’un système, et que leur pérennité, le soin qu’elles portent à leurs parties prenantes et le rôle qu’elles jouent au sein de leur écosystème sont primordiaux pour la résilience collective de notre société.
Retrouvez les résultats des Trophées de L’Assurance 2021 et/ou accéder au magazine en accès libre.