BPCE L’Observatoire prend l’engagement d’être un acteur de référence auprès des aidants en facilitant leur action. La première étape de ce projet a été de lancer une démarche de veille et d’analyse pour mieux appréhender ce phénomène de société. Le groupe travaille plus particulièrement sur le rôle des proches aidants auprès des personnes malades, âgées ou en situation de handicap et nous livre ses premiers travaux issus de deux enquêtes de fin 2020.
Les aidants ont besoin d’aide
« 29 % des Français de plus de 15 ans sont des aidants, ce qui correspond à environ 15 millions de personnes. À ces aidants s’ajoutent 9 % de « soutiens occasionnels », c’est-à-dire s’occupant d’un proche moins de trois heures ou moins d’une fois par semaine, et 19 % d’anciens aidants. Au total, 57 % des Français sont ou ont été aidants à des degrés divers. » étude de BPCE L’Observatoire
L’aide apportée joue sur plusieurs plans (soutien moral, activités domestiques, déplacements, aspects administratifs…). L’un d’eux est souvent d’ordre financier : « pour 30 % d’entre eux l’aide est supérieure à 250 euros par mois. La baisse prévisible du niveau de vie des retraités, de 15 % à 20 % d’ici à 2050, pourrait se reporter en partie sur les aidants et accroître l’ampleur des transferts, soulevant la question cruciale de la répartition de la charge entre les personnes en perte d’autonomie, leurs aidants et la solidarité collective. »
Ces études révèlent que l’omniprésence des questions d’argent et autres sujets logistiques concernant l’état de la personne prennent de la place sur les discussions « normales » que les aidés-aidants pourraient avoir.
Par ailleurs, « La façon dont s’organise l’aide est rarement équilibrée et apaisée : surinvestissement de l’aidant, problème d’équité entre les co-aidants, conflits ouverts ou latents avec la personne aidée et/ou au sein de l’entourage, gestion dans l’urgence… ». BPCE suppose néanmoins que « Ces écueils pourraient en partie être évités avec une meilleure objectivation de l’aide et des besoins de chacun, dans le présent mais aussi à plus long terme. La médiation d’un tiers pourrait alors faciliter le dialogue et déminer les enjeux symboliques et affectifs au sein des fratries, ou entre aidé et aidant. »
BPCE L’Observatoire met en lumière 5 typologies d’aidants
Charge mentale, fatigue et manque de temps sont les trois principales difficultés des aidants. BPCE L’Observatoire met aussi en lumière leurs besoins en les répartissant en 5 typologies d’aidants :
- « Les Dédiés (6 %) se consacrent quasiment à temps plein à l’accompagnement de leur proche, souvent un enfant ou un conjoint, avec un vécu positif qui s’ancre dans la relation affective.
- Les Submergés (20 %) constituent le groupe le plus à risque : ce sont les aidants, souvent des femmes, qui vivent très difficilement leur situation, souffrant d’un sentiment d’impuissance et d’une forte charge mentale aggravés par le manque de ressources financières.
- Les Sereins (25 %) ont trouvé une forme d’équilibre malgré la perte d’autonomie parfois lourde de leur proche, grâce à des ressources relationnelles et financières solides, et le recours plus fréquent à des aides professionnelles ; ce sont davantage des hommes et des actifs, notamment des cadres ; leur vécu est positif.
- Les Epanouis (16 %) sont ceux dont le vécu est le plus positif, porté par un sentiment d’utilité, voire de fierté ; leur engagement est davantage « choisi » : ils accompagnent un proche hors du cercle familial restreint (grand-parent, ami…) et/ou dont les troubles restent modérés.
- Les Veilleurs (33 %) accompagnent un parent très âgé (l’âge moyen des aidés est de 75 ans), principalement à travers une surveillance plus ponctuelle ; le vécu est mitigé car les aidants, eux-mêmes âgés, s’interrogent sur les conséquences futures de l’avancée en âge. »
Cette typologie souligne à quel point les besoins des aidants sont diversifiés, d’autant qu’ils sont fortement évolutifs en fonction du parcours de l’aidant. Être aidant, c’est s’inscrire dans un temps long : les aidants interrogés le sont depuis cinq ans en moyenne et 15 % le sont même depuis plus de dix ans.
Ces constats plaident pour une approche ouverte et pragmatique : l’enjeu n’est pas tant de définir les aidants – c’est l’écueil possible de la création d’un statut – que de créer un écosystème d’acteurs et de dispositifs susceptibles de s’adapter à cette pluralité et d’identifier les situations les plus à risque, tout en adressant mieux les besoins transversaux qui ressortent de BPCE L’Observatoire à savoir la conciliation, la médiation, et l’anticipation, notamment sur les questions d’argent.
Pour en savoir plus, consultez l’étude BPCE L’Observatoire Aidants (le dossier complet est disponible en téléchargement sur cette page).