Le réchauffement climatique entraine de multiples catastrophes naturelles qui bousculent complètement le secteur de l’assurance et ses assurés.
Quel avenir envisager, quelles sont les conséquences et les solutions mises en place ?
Un contexte de réchauffement climatique alarmant.
Le dernier rapport d’évaluation du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) le 9 août 2021 démontre que les émissions de gaz carbonique se multiplient à vitesse grand V, entrainant le réchauffement de la Terre à un rythme sans précédent.
En effet, le rapport précise que le changement climatique sera plus rapide et plus fort que prévu dans les années à venir : La hausse de la température par rapport au début de l’ère industrielle serait de 1,5°C en 2030, alors que le dernier rapport du GIEC prévoyait cette hausse pour 2040. Tous les scénarios hypothétiques prévoient le dépassement du seuil de 1,5 °C dans les dix ou vingt prochaines années.
Ce réchauffement engendre de multiples catastrophes naturelles.
Concrètement, en France, nous avons déjà assisté à des orages et inondations qui ont touché de nombreuses régions en juin dernier. Ces cataclysmes ont été presque aussi conséquents que les inondations et orages de grêle de mai et juin 2018, entrainant notamment des couts de plusieurs milliards d’euros pour le secteur de l’assurance.
Dans le reste du monde, certains pays en développement sont et seront les plus touchés car les populations locales dépendent fortement de leur environnement naturel et disposent de moins de ressources pour affronter les périodes rudes. Les décès liés à la chaleur et aux maladies d’origine hydrique pourraient aussi augmenter.
Quelles sont les conséquences directes pour les assureurs ?
La multiplication des catastrophes naturelles qui résultent de ce réchauffement risque d’entraîner des coûts supplémentaires et largement plus élevés pour les assureurs.
En mai 2021, l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR), a mené pour la première fois un « stress test climatique » en prévision de 2050 avec quinze groupes d’assureurs. L’ACPR a donc publié un exercice de simulation, réalisé à partir du pire scénario du GIEC (RCP 8.5). L’objectif était d’évaluer les couts de cette réaction en chaine.
Par la suite, d’autres « stress tests climatiques » devraient être réalisés par la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque d’Angleterre.
La conclusion est claire : Les assureurs et les assurés doivent s’attendre à une véritable explosion du coût de l’assurance habitation si rien ne change. Le montant des primes pourrait être multiplié par deux ou trois d’ici à 2050. « Sur l’ensemble du territoire français, le changement climatique impliquerait une hausse de la sinistralité liée aux catastrophes naturelles de 2 à 5 fois pour les départements les plus touchés et les primes augmenteraient de 130 à 200 % sur 30 ans pour couvrir ces pertes », d’après l’ACPR.
Le grand défi des assureurs : l’indemnisation des assurés au titre des dommages causés par des catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes et de plus en plus intenses (incendies, fortes intempéries, glissements de terrains…).
A titre d’exemple, déjà en 1992, le secteur a été marqué par la faillite de plusieurs entreprises qui n’étaient pas en mesure de faire face aux demandes d’indemnisations à la suite du passage de l’ouragan Andrew en Floride et sur la côte est des Etats-Unis.
Il est donc primordial d’anticiper et de trouver des solutions.
Néanmoins, compter sur de simples augmentation de prix ne sera pas suffisant : des hausses de primes d’assurances trop élevées ne pourront être soutenues par les assurés. Pour la plupart, ils ne pourront pas suivre de telles augmentations.
Par ailleurs, dans certaines zones les plus sensibles du monde, ce sont les assureurs qui ne suivent déjà plus et les citoyens qui ne trouvent personne pour les assurer.
La solution pour les assureurs : anticipation et prévention
« Plutôt que d’envisager une augmentation des tarifs, les assureurs préfèrent avant tout privilégier la prévention », indique Franck Le Vallois, Directeur Général de la Fédération Française de l’Assurance.
De nombreuses compagnies d’assurance (Allianz, Aviva, Axa, Generali, Zurich Insurance) et de réassurance (Munich Re et Swiss Re) du monde ont en effet annoncé, le 7 août 2021, la création de la Net-Zero Insurance Alliance (NZIA).
Celle-ci prévoie de ne plus permettre la souscription de contrats d’assurance par des acteurs responsables d’émissions de GES (Gaz à Effet de Serre) d’ici 2050.
A titre d’exemple : sur le site d’Axa, le groupe s’engage notamment sur des « restrictions de souscription sur les industries du charbon et des sables bitumineux, produits » verts/ durables » dans les gammes Dommages et Vie/Epargne/Retraite, promotion de nouvelles solutions d’assurance conçues pour les pays en développement (typiquement assurance paramétrique). »
Prochaine étape : La COP 26 en fin d’année 2021 à Glasgow (Royaume Uni), durant laquelle sera très probablement traité le sujet du réchauffement climatique et ses conséquences dans le secteur de l’assurance.