Les incendies dramatiques en Algérie déclenchés il y a quelques jours soulèvent de nouveau le sujet de l’assurance.
Les catastrophes naturelles liées au réchauffement climatique sont de plus en plus courantes ainsi que les incendies, et ce, dans le monde entier.
Faut-il alors instaurer une assurance obligatoire aux agriculteurs pour faire face aux catastrophes naturelles et particulièrement les incendies ?
Des incendies de plus en plus nombreux
Des incendies d’une ampleur inédite ont ravagé une partie de l’Algérie notamment en Kabylie, détruisant forets et villages.
Dans le monde entier, les incidents se multiplient également : Le dernier rapport d’évaluation du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) le 9 août 2021 démontre que les émissions de gaz carbonique se multiplient à vitesse grand V, entrainant le réchauffement de la Terre à un rythme sans précédent. En effet, le rapport précise que le changement climatique sera plus rapide et plus fort que prévu dans les années à venir : La hausse de la température par rapport au début de l’ère industrielle serait de 1,5°C en 2030, alors que le dernier rapport du GIEC prévoyait cette hausse pour 2040.
Les coûts des dégâts ne cessent d’augmenter pour les assureurs et les Etats.
Du côté des agriculteurs, la plupart du temps, les aides de l’Etat ne couvrent pas entièrement le préjudice car ils ne sont pas assurés. Dans ces cas-là, la valeur de la richesse détenue par l’agriculteur n’a pas été identifiée avant l’endommagement ou la destruction donc le dédommagement ne peut pas être déterminé au plus juste.
Face à l’augmentation de ces risques naturels et incendies, dans un contexte où le nombre d’agriculteurs assurés serait encore trop faible, l’Algérie se demande comment mieux les protéger tout en préservant les ressources financières du pays.
La solution : une assurance obligatoire pour les agriculteurs ?
En marche vers une assurance obligatoire ?
C’est en tous cas ce que propose le directeur général de la Caisse Nationale de Mutualité Agricole (CNMA), Chérif Benhabiles, dans une déclaration faite à l’APS. En plus de la protection des agriculteurs, il s’agit aussi de préserver le trésor public.
Il a déclaré que « l’assurance des risques devrait être obligatoire pour l’agriculteur, en vue de pouvoir protéger le produit et permettre à cette catégorie de reprendre son activité dans les plus brefs délais en cas de sinistre ».
Idée soutenue par le PDG d’Alliance Assurances et premier vice-président de l’Union Algérienne des Sociétés d’Assurance et de Réassurance (UAR) : Hassen Khelifati.
« Pour l’avenir, il serait opportun de mettre en place des outils économiques pour protéger le patrimoine des particuliers et des entreprises », a indiqué M. Khelifati dans une autre déclaration à l’APS, expliquant que ces outils peuvent être soutenus par l’Etat.
Pourquoi l’obligation serait nécessaire ?
Malgré l’augmentation des contrats d’assurances, il semblerait que ce ne soit pas suffisant pour l’Etat. Le directeur de la CNMA a essayé de convaincre par « la manière douce » en menant des campagnes de sensibilisation à travers un réseau de plus de 560 agences réparties sur le territoire et 67 caisses régionales.
Sans succès, il appelle à présent à passer à la manière forte par une assurance obligatoire qu’il estime nécessaire pour préserver les agriculteurs et le trésor public. Les indemnisations seraient alors plus justes, plus transparentes et plus rapides.
Khelifati affirme lui aussi que l’assurance n’est pas assez rependue face à ces événements qui deviennent récurrents : « les citoyens ne prennent conscience de l’importance de s’assurer qu’après que la catastrophe survienne. Pourtant, les primes d’assurance ne coûtent généralement pas cher« .
De plus, « cela permet aux sinistrés d’obtenir des indemnisations plus importantes, car relatives à la valeur des biens perdus et non selon un forfait fixé par l’Etat pour soutenir les sinistrés« , met-il en avant.
Il semblerait donc que le secteur algérien de l’assurance puisse évoluer, notamment pour les agriculteurs du pays.