L’égalité entre les hommes et les femmes a été déclarée grande cause du quinquennat d’Emmanuel Macron. Dix ans tout juste après la loi Copé-Zimmermann qui a imposé des quotas de femmes dans les conseils d’administration, une loi est en cours de discussion à l’Assemblée Nationale, elle prévoit notamment en son article 7, d’étendre les quotas aux « 10 % des postes à plus forte responsabilité » au sein des entreprises de plus de 1000 salariés, afin d’atteindre une proportion minimale de 30 % de femmes parmi ces postes d’ici 2027 et de 40 % en 2030.
Sur ce sujet, nous avons sollicité une vingtaine d’acteurs du secteur de l’assurance. Michel Bès, directeur des ressources humaines du groupe MACSF répond à nos questions.
Le secteur de l’assurance, dans toutes ces composantes, vous semble-t-il en retard par rapport à d’autres secteurs, sur la parité en général et spécifiquement dans les instances dirigeantes des grandes entreprises
Le secteur de l’assurance, marqué par une forte féminisation dans tous les domaines d’activités, ne me semble pas en décalage sur la parité, bien au contraire. Les entreprises de l’assurance, ainsi que la MACSF, travaillent activement depuis de nombreuses années à la parité femmes/hommes comme l’illustre le dernier accord de branche du 2 octobre 2020 sur la mixité-diversité et l’égalité professionnelle. Cet accord traduit l’engagement des signataires d’atteindre l’égalité professionnelle et de rémunération entre les femmes et les hommes dans l’assurance : il pousse les entreprises du secteur à positionner cet enjeu comme un axe fort de la politique de gestion des ressources humaines de la branche.
Que pensez-vous de cette proposition de loi ? Du principe des quotas ?
Le principe des quotas, démontre bien le travail qu’il reste à accomplir pour obtenir une égalité professionnelle et de rémunération entre les femmes et les hommes. Il y a encore des écarts à combler. La question n’est donc pas de savoir si on est pour ou contre les quotas, mais plutôt comment s’assurer d’une égalité professionnelle pérenne aux sein des différentes strates de l’entreprise. A la MACSF par exemple, nous étudions tous les ans les écarts de salaire de plus de 10% pour une régularisation possible dans le cadre de la campagne salariale. Et nous sensibilisons les managers à la parité dans l’attribution des mesures salariales.
Sur le fond, le texte ne porte pas tellement à discussion, seuls les objectifs chiffrés, le montant de la sanction, le périmètre, … pourront probablement évoluer. Dans votre entreprise, quelle est la situation actuelle, vos convictions et surtout les décisions prises en la matière ?
La féminisation des instances de gouvernance du groupe et des fonctions opérationnelles a suivi naturellement la féminisation des professions de santé. Si on se place au niveau de la gouvernance, les deux sociétés d’assurances mutuelles MACSF Assurances et MACSF Prévoyance, qui constituent le socle mutualiste du groupe, comptent 40% de femmes dans leur conseil d’administration. Et le conseil d’administration de la Société de Groupe d’Assurance Mutuelle (SGAM), qui est la structure juridique faîtière du groupe, est composé pour moitié par des femmes. De plus, 3 conseils d’administration sur 4 sont présidés par des femmes : les présidences de de MACSF SGAM et MACSF Assurances sont confiées à Madame Catherine Vinikoff et MACSF prévoyance est présidée par Madame Laurence Carpentier.
S’agissant de la direction opérationnelle, nous veillons à la diversité et à la parité parmi les postes à responsabilité avec une répartition des femmes et des hommes équilibrée parmi les cadres (57% de femmes ; 43% d’hommes) et parmi les postes de cadres supérieurs (43% de femmes). Nous serons exigeants et attentifs à cet équilibre notamment dans le cadre des futurs remplacements liés à des départs en retraite.
Les collaborateurs et les dirigeants de la MACSF doivent en effet pouvoir comprendre les attentes de nos sociétaires professionnels de santé, afin de les anticiper et d’atteindre l’excellence relationnelle. Veiller à la parité, faire place à des hauts potentiels plus jeunes, permet aussi de refléter l’évolution de notre sociétariat qui se féminise et se rajeunit fortement.
Au-delà de cette volonté politique et sociale, la parité est-elle indispensable dans la transformation de l’entreprise ? Et la diversité ?
Une transformation réussie de l’entreprise passe nécessairement par la parité et la diversité. Ce ne sont pas les seuls leviers pour y parvenir : la solidité économique et financière ainsi que le fort investissement que la MACSF fait pour accompagner la transformation des emplois et des compétences associées sont tout aussi importants.
La démarche de l’entreprise responsabilisante que nous mettons en place depuis quelques années est un socle solide, qui s’ajoute à l’action en faveur de la parité et des actions socialement responsables que nous déployons dans le cadre de notre politique RSE. Ces engagements sont nos principaux leviers de transformation du groupe.
Les mesures mises en place à la MACSF pour soutenir et accélérer la transformation du groupe ont un impact concret: l’environnement de travail a été entièrement rénové au profit d’espace favorisant les échanges, la collaboration et la créativité, clefs de la performance.
Les pratiques de travail à distance sont désormais bien ancrées car elles ont débuté bien avant la crise sanitaire, ce qui permet une bonne articulation des temps de vie, un épanouissement et un engagement réels de nos salariés.
Les managers sont tous accompagnés et formés pour porter la stratégie, favoriser l’intelligence collective et la prise d’initiative de leurs équipes permettant de faire émerger des solutions innovantes à tous les niveaux même le plus opérationnel.
Pour conclure ?
Veiller à l’égalité professionnelle dans toutes les strates de l’entreprise est un engagement de tous les jours : il s’illustre pleinement dans nos campagnes de recrutement actuelles visant à renforcer nos forces commerciales de près de 200 collaborateurs jusqu’en 2024. Ces deux dernières années, nos nouveaux embauchés sont pour 56 % des femmes et pour 44% des hommes, avec un équilibre atteint en 2020.
Propos recueillis par L’assurance en Mouvement / Vovoxx.