Les anomalies climatiques, tel que les phénomènes cycloniques, sécheresses ou précipitations extrêmes, sont de plus en plus fréquentes au niveau mondial.Les aléas liés au changement climatique constituent donc une menace pour des secteurs d’activités remettant parfois en question le fonctionnement d’assurance traditionnelles. Au delà de l’agriculture, et au delà de la période liée à la pandémie, certains secteurs sont « météo sensibles », par exemple :
- Agro-alimentaire : baisse des ventes de boissons fraîches lorsque l’été est plus frais que la normale
- Loisirs : baisse de fréquentation dans les parcs
- Habillement : vente de vêtements saisonniers (manteaux, maillots…) en chute si météo atypique
- Energies renouvelables : production d’énergie en baisse – manque d’ensoleillement (solaire) ou de vent (éolien)
- Gaz et électricité : baisse de la demande d’énergie lors d’un hiver doux
- Transport aérien : surcoûts de dégivrage des avions en cas de températures basses prolongées.
Nous avons décide d’interviewer Joran CHAMBOLLE, chargé de développement au sein de Bessé Parametrics.
Tout d’abord, commençons par les risques climatiques, quel est le contexte actuel concernant les risques climatiques et leurs conséquences pour les entreprises
Nous sommes dans un contexte de prise de conscience qui s’accélère au rythme de la survenance des crises. Depuis les 5 dernières années, des records en termes de climat tombent régulièrement, en termes de températures ; sécheresse, grêle, épisodes de froids et gel… Ces événements sont de plus en plus fréquents mais font également de plus en plus de dégâts. Déjà car leur intensité est plus forte mais aussi parce que notre modèle économique est systémique et qu’un évènement à l’autre bout du monde peut avoir des répercussions sur votre business-model.
80% des entreprises sont météo-sensibles, l’impact sur les entreprises est donc direct. Le secteur en première ligne est évidemment l’agroalimentaire (preuve de cet épisode gel ayant impacté à la fois la filière sucre ; vin ; fruits…) Malheureusement, une majorité des acteurs concernés continue de penser que ces épisodes sont exceptionnels et qu’ils ne se reproduiront pas de sitôt. Il n’est donc pas ou peu nécessaire d’engager des frais souvent importants dans une politique de gestion du risque pour un problème de moyen long terme que l’on considère à tort comme ayant peu de chance de se produire alors même que la COVID ou les besoins de résultat de fin d’année nécessitent des réponses immédiates.
L’assurance est-elle indispensable pour les entreprises « sensibles » aux risques climatiques ?
Ce qui est en tout premier lieu indispensable, c’est d’être conscient des risques qui pèsent sur l’entreprise et son business-model dans ce contexte de réchauffement climatique. Il est primordial que chaque dirigeant prenne le temps de faire cet exercice.
Quel est l’impact de tel ou tel évènement extrême sur mon activité ? La question à présent n’étant plus de savoir si cela va arriver, ni même quand cela va arriver, mais comment serais-je préparé le jour où cela arrivera. Une fois que cette cartographie est réalisée, il faut alors établir la liste des solutions pour gérer et réduire ce risque, l’assurance en fait évidemment partie.
Prévention et indemnisation, est-ce la le périmètre actuel du rôle du secteur de l’assurance sur ce type de risque ? Concrètement en termes de prévention, comment les acteurs du secteur peuvent-ils s’engager ?
De l’assurance je ne sais pas, du courtier-conseil évidemment. Notre travail est d’accompagner nos clients dans leurs prises de conscience des risques et dans leurs stratégies de gestion et réduction de ce dernier. L’assurance seule n’est pas LA solution.
Le premier travail de gestion de risque ne se gère pas via des contrats financiers-d ’assurance mais sur le terrain, quel que soit le secteur concerné. En fonction du secteur, il existe de multiples solutions souvent couteuses mais pour autant incontournables. Là où nous préconisons par exemple de sprinkler les usines pour réduire le risque d’incendie et optimiser le coût de l’assurance, il est par exemple possible de réduire le risque de gel sur les vergers en installant des systèmes d’irrigation. Les arbres gèleront alors à une température plus basse qu’en temps normal. Nous complétons alors ce mécanisme par une assurance paramétrique positionnée pour un déclenchement en deçà de cette température. Nous avons dans ce cas présent une excellente complémentarité entre réduction du risque sur le terrain et police d’assurance prenant le relais dans le cas où la technique ne permet plus de faire face. C’est dans cet état d’esprit qu’il va falloir envisager la gestion du risque demain et ça commence dès à présent !
Il y a-t-il beaucoup de secteurs et d’entreprises couvertes sur ce type de risques ? Peut-on estimer le poids de ce marché aujourd’hui, demain ? Avez-vous des retours d’expérience à partager ?
Le secteur de l’agriculture, en première ligne de ces sujets s’interroge de plus en plus. Nombreux sont les acteurs qui passent le pas, poussés par la multiplication des crises des cinq dernières années. Il faut en effet attendre un épisode catastrophique pour que les acteurs d’un secteur s’intéressent aux mécanismes de sécurisation. Cette réaction est très humaine, personne n’est à blâmer. Il va cependant falloir rapidement changer notre angle de vu, ce type d’évènement va devenir de moins en moins rare, il faut être prêt à les affronter.
Les solutions d’assurance paramétrique permettent de résoudre des problèmes qui existent depuis peu voir qui ne sont pas encore survenus. Il est alors nécessaire pour les entreprises d’allouer des capitaux et de l’énergie à ce mécanisme encore inexistant hier. Cela nécessite une agilité d’esprit et une vision stratégique de son business-model, pour investir dans ces solutions, non pas en réaction mais en prévision !
Avant 2016, très peu de nos clients se sentaient concernés. La récurrence de ces événements a fini par convaincre l’ensemble des acteurs. Aujourd’hui, une part non-négligeable de nos clients est alors équipée.
Il a été décidé, par Bessé, la création d’une équipe spécialement dédiée aux solutions Paramétriques en début d’année 2021. Pourquoi ? Comment-elle organisé et quelles sont ses ambitions ?
Nous étions déjà extrêmement investis sur ces problématiques d’aléas climatiques à travers notre rôle de conseil en amont agricole auprès des « organismes-stockeurs ». Il était donc naturel pour nous d’appliquer cette solution 2.0 au niveau de l’agroalimentaire, mais également sur l’ensemble des secteurs que nous couvrons.
Chez Bessé, nous voyons le paramétrique comme un formidable levier de résilience. Il peut compléter une assurance traditionnelle ou représenter une alternative innovante à une stratégie de gestion de risque. Ce type de garanties offre de nouvelles possibilités, le champ des possibles est exponentiel !
Cela fait plus d’un an que nous avons déployé en test une équipe paramétrique pour sécuriser nos clients sur l’activité Agro, très météo-sensible. Fort des succès rencontrés et de l’ADN créatif des experts Bessé sur des solutions innovantes, cette approche répond aujourd’hui aux attentes de nos clients et prospects, quels que soient les métiers.
Pour conclure ?
L’ensemble des acteurs doit prendre conscience de cette nouvelle donne pour mieux aborder les défis à relever. Nous nous devons d’alerter sur ce changement de paradigme qui a déjà débuté et qui nécessite une nouvelle manière de penser la gestion du risque !
Les sujets climatiques nous ont fait penchés sur ce nouveau schéma d’assurance indicielle. Aujourd’hui, ces solutions vont générer énormément de perspectives dans l’assurance 2.0. Une multitude de solutions reste à imaginer sur la base de ce nouveau principe. La créativité de Bessé a de l’avenir ! L’innovation étant au cœur de l’ADN de Bessé, de nombreuses solutions restent à imaginer et on se fait fort d’y travailler aux côtés de nos clients.