Christophe Bouries, associé fondateur Cabinet Allure Gestion privée répond aux questions de Dessine-moi la gestion de patrimoine*.
L’inconnu a toujours été pour la conscience collective synonyme d’angoisse. Cette crise sanitaire, qui a engendré la plus grande crise économique mondiale jamais connue, si l’on en croit nos éminents économistes, a plongé les Français dans une grande incertitude. Incertitude qui s’auto-alimente avec les prédictions de ces mêmes économistes qui disent tout et son contraire.
Alors que faire ?
Depuis le confinement la collecte nette du Livret A et du Livret de Développement Durable et Solidaire est exceptionnelle ! Mais cela nous parait être davantage un signe d’inquiétude envers l’avenir qu’une réelle volonté d’épargner sachant les performances associées à ces placements bancaires.
Dans la gestion de patrimoine, un de nos alliés pour valoriser les actifs de nos clients c’est le temps. Donc au-delà de la direction des marchés ou du rebond de tel ou tel actif, notre conviction c’est que la diversification et le choix des fonds déterminent les performances à venir des portefeuilles.
Cependant, il ne faut jamais perdre de vue la relation « intime » qui existe entre le rendement et le risque. Afin d’obtenir plus de rendement, il faut s’exposer à plus de risques. À l’inverse, si on ne veut pas de risque, le rendement sera faible. C’est pour cette raison qu’il est indispensable de déterminer avant tout, le profil de risques de chaque investisseur pour apporter un conseil adapté à la fois aux objectifs d’investissements de ces derniers et au risque qu’ils sont prêts à accepter.
Il faut savoir que chaque fonds est classé suivant une échelle de risque AMF de 1 à 7 correspondant à « l’indicateur synthétique de risque et de performance » (SRRI – Synthetic Risk and Reward Indicator). Cet indicateur mesure le niveau de volatilité du fond et le risque auquel le capital est exposé. Ce que l’on sait moins, c’est que le risque total peut être scindé en deux risques bien distincts à savoir celui systématique, attribuable au marché, et celui spécifique, propre au fonds. De nombreuses études statistiques ont montré qu’en augmentant le nombre de fonds au sein d’un même portefeuille, le risque spécifique du portefeuille dans son ensemble diminue.
La diversification permet ainsi de répartir le risque sur un plus grand nombre de fonds, de réduire la part de risque spécifique et donc de diminuer la volatilité du portefeuille. Cette construction de portefeuille permet un lissage des performances qui, dans un marché baissier, limitera grandement les dépréciations.
Mais la diversification ne se limite pas simplement à un nombre de ligne de fonds. D’ailleurs ces mêmes études démontrent qu’au-delà de 15 ou 20 lignes, la partie spécifique du risque du portefeuille ne baisse plus.
Aussi, afin d’optimiser cette diversification, il est nécessaire d’avoir des fonds peu corrélés entre eux. Pour se faire, au sein du cabinet ALLURE Gestion Privée, nous privilégions différents axes, cette liste n’est pas limitative mais souvent les choses les plus simples sont les plus efficaces.
- Zones géographiques
- Classes d’actifs
- Taille des entreprises
- Styles de gestion
- Sociétés de gestion
La diversification géographique permet d’investir sur différents marchés peu corrélés les uns par rapport aux autres car les cycles d’activité économique se diffusent différemment selon les pays. Cela permet aussi de limiter le risque systématique puisqu’il n’est plus concentré sur un seul et unique marché mais sur plusieurs. De plus, cette approche internationale peut faire profiter l’investisseur de rendements parfois supérieurs qu’offrent certaines places étrangères.
La diversification par classes d’actifs est une très forte source de décorrélation. Il est important d’avoir dans son portefeuille à la fois des actions, des obligations, du monétaire, de l’immobilier, mais aussi des produits structurés. Ce qui contribue à la diminution du risque lié à la classe d’actifs.
Une manière de diversifier son allocation est de s’attacher à la taille des entreprises, c’est-à-dire à leur capitalisation boursière. On parle ici plus particulièrement des valeurs moyennes (midd caps) ou encore les petites capitalisations (small caps). Historiquement, des études réalisées aux Etats-Unis et en Europe montrent qu’elles offrent sur le long terme des performances plus élevées que les grandes valeurs, avec certes un risque plus important.
Le style de gestion des gérants de fonds est aussi un critère important dans la diversification. Le style de gestion growth se destine à rechercher les entreprises offrant un important potentiel d’accroissement de leur bénéfice et de l’autre côté, le style value, à sélectionner des entreprises sous-évaluées par le marché. La combinaison
de ces deux styles de gestion dans un portefeuille permet de profiter des opportunités bien distinctes de chacun d’eux.
Et enfin, notre cabinet apporte une attention toute particulière dans la diversification des sociétés de gestion afin de limiter le risque de gestionnaires au sein de nos allocations.
Alors certes, la diversification ne peut réduire complétement le risque mais dans le contexte que nous vivons actuellement, il est important d’apporter davantage de visibilité mais aussi et surtout de sérénité.
Ainsi avec une véritable diversification, c’est regarder l’avenir avec plus de certitudes tout en valorisant son patrimoine.
*Publication de l’ITW réalisé pour l’ouvrage diffusé en Octobre 2020 « Dessine-moi la gestion de patrimoine », produit par Vovoxx, Plateforme collaborative de production et de diffusion de contenus : Assurance, Banque, Epargne, Prévoyance.