Après Thierry Martel, Directeur Général de Groupama SA en 2017, Patrick Evrard Président d’agéa, Syndicat des agents généraux, en 2018, Pascal Demurger Directeur Général de Maif en 2019, vous avez été élu par le Jury des Trophées de l’assurance, Personnalité de l’Année 2020. En simplifiant à l’extrême la délibération du jury, des mots ont été très souvent prononcés : « Réussite majeure dans le secteur de l’assurance, transformations, performance, nouvelle approche servicielle … ». Quelles sont vos réactions ?
Je suis honoré et très heureux. Mais cette distinction revient en réalité à l’ensemble des équipes de Malakoff Humanis. C’est pour tous une reconnaissance du travail accompli qui, un an après le rapprochement entre Malakoff Mederic et Humanis, nous permet d’être unis, solides et performants pour accompagner nos clients et remplir notre mission sociale et sociétale. Notre réussite majeure c’est d’avoir réussi à créer, dans une période particulièrement complexe, un vrai collectif mobilisé autour d’un projet d’entreprise et d’une raison d’être. Cela nous permet de nous mobiliser en faveur de nos clients et de poursuivre l’indispensable transformation pour nous adapter dans un environnement en pleine évolution.
Vous parlez souvent des évolutions de Malakoff Humanis, ce « géant » de la protection sociale. Quelles sont les principales évolutions que vous avez menées ?
Notre environnement est soumis à de profondes mutations : concurrence accrue, bouleversements réglementaires, transformation digitale … Les attentes et les modes de consommation des entreprises et des assurés évoluent. De nouvelles fragilités apparaissent par ailleurs au sein des entreprises. Autant de facteurs qui nous poussent à repenser la manière d’exercer notre métier.
Cette transformation est structurée par la conviction profonde que nous sommes au service du développement du capital humain, clé de la performance des entreprises, et par notre volonté de créer une protection sociale durable.
C’est sur ces convictions que repose notre projet d’entreprise articulé autour de quatre ambitions : apporter aux entreprises l’offre la plus complète du marché ; être un acteur engagé, acteur de l’économie sociale et solidaire ; être un groupe en transformation permanente pour innover et proposer une expérience client unique ; être un groupe solide et performant, capable d’accompagner les entreprises, y compris dans les circonstances exceptionnelles telles que celles que nous vivons actuellement.
Parlons de la santé, et plus spécifiquement de l’assurance santé. Comment voyez-vous, dans un marché confronté à une forme de banalisation des offres, l’évolution probablement indispensable de son périmètre serviciel ? Et à quel rythme ?
Nous sommes dans un secteur soumis à une très forte réglementation qui conduit en effet à une standardisation des garanties. Or, pour des raisons évidentes, les enjeux en termes de santé ne sont pas les mêmes dans le secteur des services et dans celui de la métallurgie par exemple. Et c’est là, que réside notre véritable valeur ajoutée ; partenaire de plus de 400 000 entreprises, nous avons une connaissance fine de leurs spécificités et sommes capables de leur proposer un diagnostic et des plans d’action personnalisés en matière de santé au travail, de maîtrise de l’absentéisme et de prises en compte des fragilités de leurs salariés.
Vous avez adopté une raison d’être l’année dernière. Récemment vous parliez de dividende social/sociétal, et évoquiez votre réflexion en cours sur le fait de devenir une entreprise à mission. Ou en est votre réflexion sur ce sujet ? Quels sont pour vous les principaux enjeux pour une entreprise d’associer des objectifs nécessairement économiques à des objectifs sociétaux visant à renforcer l’engagement d’une entreprise pour un impact positif sur la société ?
En tant que groupe de protection sociale à but non lucratif, nous sommes « par nature » une entreprise à mission. Notre volonté est de mettre notre performance au service de l’utilité sociale. Nous sommes engagés depuis de nombreuses années dans les domaines du Handicap, du Cancer, des Aidants et du Bien-vieillir auxquels nous consacrons chaque année 160 millions d’euros.
J’ai la conviction qu’une entreprise n’est pas seulement un acteur économique et que l’on attend d’elle qu’elle remplisse un rôle bénéfique à la société dans son ensemble, qu’elle produise de l’utilité et qu’elle le fasse dans l’exercice de son métier lui-même. C’est d’autant plus vrai pour une entreprise comme la nôtre qui place l’humain au cœur de ses missions.
Comment avez-vous vécu la crise ? Quels sont ses impacts sur votre secteur ?
Nous l’avons vécu comme un immense défi, à la hauteur des responsabilités qui sont les nôtres. L’entreprise et les salariés se sont immédiatement mobilisés et ont su développer des solutions nouvelles. En faisant face aux multiples urgences qui ont émergé et en continuant à assurer ses missions, le secteur de la prévoyance a mis en lumière son caractère indispensable aux plans économique et social.
Mais la crise sanitaire n’est pas derrière nous et ses conséquences vont aussi peser sur notre activité, déjà structurellement déficitaire sous le double effet de l’augmentation des dépenses de santé et de l’absentéisme maladie.
Au-delà de l’impact strictement économique, la crise sanitaire va créer de nouvelles fragilités et de nouvelles inégalités. Plus que jamais, notre responsabilité est de protéger durablement nos assurés. Et de le faire dans un univers de plus en plus contraint par des évolutions démographiques qui vont engendrer plus d’arrêts de travail et d’invalidités, par une règlementation qui impose des provisions de plus en plus élevées, et par un contexte durable de taux bas qui va priver le secteur de produits financiers.
Malgré la complexité de ces défis, la protection sociale doit rester un levier de progrès humain. Confronté au choc inouï de la crise sanitaire, le secteur a fait la preuve de sa résilience et de sa capacité à assurer ses missions quelles que soient les circonstances. Il le fera encore demain, à un moment où la prévention et la protection seront plus indispensables que jamais.
ITW de Jean-Luc Gambey – L’assurance en Mouvement / Vovoxx