ITW de Stéphane Dedeyan, Président du Jury Trophées de l’Assurance 2020

Stéphane Dedeyan, vous êtes Directeur général du groupe VYV et vous avez accepté de co-présider le Jury des Trophées de l’Assurance 2020. Quelles sont les principales raisons qui vous ont fait accepter notre sollicitation ?
L’innovation est aujourd’hui le moteur de la compétitivité dans toutes les industries, et l’assurance n’y échappe pas. Les Trophées de l’Assurance sont une référence. J’ai trouvé intéressant de consacrer du temps à prendre le pouls de ce qui se fait de plus innovant actuellement dans tous les compartiments de notre métier, et d’avoir l’occasion d’en débattre avec un jury composé de professionnels de tous horizons. Et puis co-présider avec Catherine, que je connais depuis 18 ans, était une motivation supplémentaire !
L’innovation apparaît indispensable pour la transformation et la croissance d’une entreprise. Les dirigeants confirment, les entreprises du secteur de l’assurance innovent et doivent accélérer l’innovation, mais celle-ci peut nécessiter de nombreux essais et générer des échecs avant de trouver un véritable usage des clients et une réalité économique. Quelle est votre position sur ce sujet ?
Je partage cette vision. Par définition, l’innovation nécessite une prise de risque. Mon rôle de dirigeant est double. Du point de vue managérial, il consiste à libérer l’initiative au plus près du terrain en mettant en place un cadre de fonctionnement collectif permettant de donner le droit à la prise de risque – expression que je préfère au ‘droit à l’erreur’. Du point de vue du pilotage économique et financier, il consiste à veiller à avoir en permanence un bilan suffisamment solide pour pouvoir piloter ce risque et encaisser les échecs éventuels sans que cela n’ait d’impact sur la capacité de l’entreprise à tenir les engagements pris auprès de ses parties prenantes, au premier rang desquelles ses assurés.
Vous avez déclaré, il y a presque un an dans Les Echos « Nous ne voulons pas être seulement un assureur qui achemine une somme d’argent sur un compte en banque », confirmant ainsi que votre groupe souhaitait aller vers « une logique de service généralisé ». Un an après, sachant que nous traversons une crise sanitaire sans précédent, comment voyez-vous l’avenir des services proposés par le Groupe VYV ? Quelles ambitions fortes autour des services innovants portez-vous pour l’ensemble du Groupe ?
Durant la crise sanitaire, les Français n’ont pas souffert de ne pas pouvoir financer leurs soins. En revanche, ils ont pu souffrir d’une difficulté à se repérer dans notre système de soins et à faire jouer les bonnes réponses au bon moment. Cela confirme plus que jamais notre vision. Pour nous, le sujet n’est pas de vendre des contrats, qui actionnent des garanties qui indemnisent, en laissant l’assuré résoudre lui-même son problème. Le sujet c’est d’apporter des solutions concrètes face aux préoccupations de nos adhérents aux différents moments de vie (un épisode de soins, un accident, un parent qui perd en autonomie, …), l’assurance étant utilisée comme un mécanisme de solvabilisation du coût de ces solutions. En combinant tous ses métiers (Mutuelles et Assurance, Services et Assistance, Soins et accompagnement, Habitat et Logement social), le Groupe VYV est en capacité unique de porter cette promesse ambitieuse. Cela constitue à nos yeux une innovation majeure dans notre industrie.
Plus généralement, le déploiement massif des technologies numériques participe à l’élaboration pléthorique de nouveaux scenarios serviciels et produit une multitude de « fantasmes » dans notre secteur. Selon vous quels sont les principaux chantiers ou les principales tendances à venir du secteur de l’assurance, en particulier pour les assurances de personnes ?
Le risque le plus important dans ce domaine est de perdre de vue que notre métier est très émotionnel. Protéger sa famille, son foyer, son patrimoine est un acte qui engage des émotions profondes dans la relation assureur-assuré. C’est d’un tout autre registre que la relation avec sa banque au quotidien qui est beaucoup plus transactionnelle. Dans cette vision, la technologie ne peut pas tout. Le chantier prioritaire c’est de savoir comment on maintien l’humain et la liberté de chaque personne à disposer d’elle-même au centre de la réflexion. Si l’intelligence artificielle la plus perfectionnée aboutit à la conclusion objectivement irréfutable que la meilleure solution est de placer une personne dans un EHPAD et qu’elle – ou sa famille – ne souhaite pas quitter son domicile, peut-on se permettre pour autant de lui imposer cette décision ?
Pour terminer sur deux points d’actualité, certains prônent l’intégration d’une garantie dépendance en inclusion de la complémentaire santé et sur un autre sujet réglementaire, au 1er décembre 2020, l’exécutif mettra en œuvre la nouvelle loi sur la résiliation infra-annuelle dans le secteur de la complémentaire santé. Quelles sont vos positions sur ces deux sujets ?
Je suis favorable à l’inclusion d’une garantie dépendance dans la complémentaire santé. Et je déplore la mise en place de la résiliation infra-annuelle. Elle est porteuse d’un risque technique pour le secteur. La récente décision d’Alan de revenir en arrière sur ce sujet en est la meilleure démonstration.
ITW de Jean-Luc Gambey – L’assurance en Mouvement / Vovoxx
 

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