Le Groupe AÉSIO a souhaité mettre en lumière le regard que les chefs d’entreprises portent sur la crise. Le groupe mutualiste a donc chargé l’institut de sondage Harris Interactive de mener une enquête* en se penchant spécifiquement sur les dirigeants de TPE-PME, structures touchées au premier chef. Et en ouvrant l’enquête également aux salariés, afin de mettre en miroir leurs réponses avec celles de ceux qui sont aussi les employeurs.
Ce travail de comparaison, mené par Harris Interactive pour le compte du Groupe AÉSIO, a permis de faire émerger quelques points d’alignement quant au ressenti des dirigeants et des salariés face à la crise. Tous, ou presque, anticipant dans les cinq prochaines années une nouvelle crise sanitaire. Pour autant, la perception des dirigeants et des salariés diverge sur des mesures emblématiques à la fois des priorités du moment (prise de congés, prime exceptionnelle…) et de ce que pourrait être le « monde d’après » (télétravail, échelle des salaires…). Autant d’éléments utiles pour définir les grands axes du dialogue social dans les prochains mois, et les problématiques qui structureront l’après-crise, à plus long terme.
Fortement engagé auprès des dirigeants et des salariés de ses 38.000 entreprises clientes couverts en santé, le Groupe AÉSIO livre les résultats détaillés de cette étude. Une enquête qui s’inscrit dans le prolongement d’une part des enseignements retirés de son récent baromètre du moral des entrepreneurs durant le confinement, d’autre part de l’annonce de ses mesures prises en soutien de ses clients professionnels en difficulté.
Les entrepreneurs, acteurs de la résilience
Dirigeants et salariés, prêts à faire face Si, pour 88% de dirigeants de TPE-PME, la période de confinement a été une période de stress lié à l’activité de l’entreprise, 94% d’entre eux déclarent avoir fait preuve de résilience dans la période, en acceptant la situation.
Preuve d’une volonté d’affronter les risques qui se présentent, 84% des dirigeants estiment probable que la France soit confrontée dans les 5 prochaines années à une nouvelle crise sanitaire.
76% comptent d’ailleurs mettre en place, dès la fin du confinement, un plan de continuation d’activité en cas de nouvelle crise.
Côté salariés, nous retrouvons des résultats sensiblement comparables : pour 80% d’entre eux, la période de confinement a été une période de résilience. 90% estiment probable une nouvelle crise sanitaire dans les prochaines années. 89% jugent qu’un plan de continuation d’activité en cas de nouvelle crise serait une bonne chose.
Malgré la confiance dégradée, une capacité à saisir les opportunités permises par la crise Seuls près des deux-tiers (65%) des dirigeants interrogés se déclarent confiants dans la survie de leur entreprise. Cette proportion est encore plus faible (50%) chez les dirigeants d’entreprises frappées de plein fouet par la crise (commerce, hôtellerie, restauration, transports).
Toutefois, 62% des dirigeants identifient au moins une opportunité pour leur entreprise dans la période : meilleure organisation, conquête de nouveaux marchés, transition numérique…
Dirigeants de TPE-PME et salariés : un même ressenti face à la crise…
Salariés et surtout dirigeants ont vécu la période de confinement comme une période de stress lié à l’activité de leur entreprise (respectivement 88% et 56%). Une très large majorité déclare avoir eu peur pour leur santé et celle de leurs proches (dirigeants : 69 % ; salariés : 79%).
Au sujet de leurs salariés, les dirigeants émettent un diagnostic plutôt juste : ils ont en effet majoritairement conscience de la peur engendrée (76%), d’un niveau de stress professionnel bien présent mais moindre que le leur selon eux (66%), et d’un ralentissement du rythme en raison de la période (57%).
Enfin, le regard porté sur les mesures prises par les pouvoirs publics dans la période est partagé puisque la majorité, ou presque, des dirigeants comme des salariés les approuve, mais regrette leur insuffisance : – Prêt bancaire garanti par l’État : 48% des dirigeants ; 54% des salariés ; – Fonds de solidarité : 69% des dirigeants ; 56% des salariés.
À noter que le chômage partiel a quant à lui tendance à être jugé suffisant, même si les salariés se montrent plus indécis (47%) que les chefs d’entreprises (59%).
.…mais une divergence sur les mesures à prendre à court terme
Sans surprise, la quasi-totalité des dirigeants (96%) et salariés (93%) interrogés se rejoignent sur l’impératif de mettre en place des mesures pour assurer la sécurité sanitaire dans l’entreprise.
En revanche, leur perception diverge sur deux mesures qui peuvent être prise à court terme pour « amortir » le choc de la crise :
– Faciliter la prise de congés n’est envisagé que par 55% des dirigeants, quand 83% des salariés estiment qu’il s’agirait « d’une bonne chose » ;
– Seuls 24% des dirigeants envisagent de verser une prime exceptionnelle aux salariés ayant travaillé pendant la période de confinement, alors que 90% des salariés interrogés souhaitent la voir mise en place.
Une vision commune du « monde d’après » qui reste à construire
Dirigeants (84%) comme salariés (90%) anticipent une nouvelle crise dans les cinq prochaines années. Cette vision commune n’empêche pas un regard très contrasté sur certaines mesures structurantes pour le monde du travail et la société dans les années à venir.
Si 88% des salariés souhaitent avoir la possibilité de télétravailler régulièrement, seuls 26% des dirigeants envisagent de prendre une telle mesure. De même, 84% des salariés estiment qu’un renouvellement du parc informatique de leur entreprise, en privilégiant le matériel permettant le travail en mobilité, est souhaitable. Pourtant, seuls 16% des dirigeants l’envisagent à ce jour.
Enfin, pour 73% des salariés, la crise serait l’occasion de mettre en place une nouvelle échelle des salaires dans l’entreprise. Mesure à laquelle seulement 6% des dirigeants se disent prêts à souscrire.
« Le Groupe AÉSIO souhaite éclairer l’opinion publique sur les nouveaux enjeux de la santé publique, de la prévoyance, et plus globalement sur les grands enjeux de société » précise Patrick Brothier, président du Groupe AÉSIO. « Nous avons pris récemment une initiative avec le groupe mutualiste MACIF pour lutter contre l’isolement des personnes âgées et pour une meilleure reconnaissance des aides à domicile. Aujourd’hui, nous attirons l’attention sur les attentes fortes des salariés et des dirigeants d’entreprise qui s’expriment à l’occasion de cette crise. Des initiatives au niveau français, mais aussi européen, sont nécessaires pour offrir des perspectives pour l’après-crise. Nous appelons de nos voeux que notre modèle mutualiste, non lucratif, solidaire et démocratique, soit une des pistes de réponse face à cette crise sanitaire et économique. »
*Sondages réalisés entre le 24 et le 30 avril 2020 par Harris Interactive pour le Groupe AÉSIO auprès d’échantillons représentatifs de respectivement 220 dirigeants de TPE-PME (moins de 250 salariés) et 761 salariés français.