RGA organise son colloque annuel sur le thème « Mutation des environnements et santé : les réponses apportées par l’épigénétique ». Pourquoi ce sujet ?
Pour la 6è édition, le colloque RGA est une nouvelle occasion d’aborder un sujet prospectif en lien avec la santé et les nouvelles technologies. RGA, un des leaders mondiaux de réassurance en assurance de personnes, communique déjà depuis plusieurs années sur la génétique et les avancées de la recherche sur l’amélioration de la santé et la lutte contre les maladies chroniques. Analysant comment les facteurs exogènes ont un impact sur la santé, l’épigénétique est apparu comme une évidence pour comprendre les différentes composantes de ces facteurs en partant à l’origine de l’ADN et les champs d’investigation sont multiples et passionnants.
Vincent Valinducq, médecin et conférencier, évoque les cinq zones bleues du globe, régions du monde où la population vit plus longtemps que la moyenne en bonne santé. Selon lui, la génétique (via l’ADN) intervient à hauteur de 20% sur la santé. L’environnement, l’alimentation, l’activité sportive et le lien social complètent le tableau. Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est l’épigénétique et surtout pourquoi RGA, réassureur s’intéresse-t-il à ce thème ?
Apparue en 1942 sous l’impulsion de Conrad Waddington, l’épigénétique est la discipline qui étudie la nature des mécanismes modifiant l’expression des gènes sans en changer la séquence nucléotidique – ADN. Elle s’appuie sur toutes ses avancées et offre de belles perspectives pour contribuer à la réduction de la mortalité et à l’augmentation de l’espérance de vie en bonne santé. Chaque jour, nous sommes sensibilisés sur l’environnement, le climat et notre comportement vis-à-vis de ces thèmes majeurs. Au-delà de nos actions au quotidien, les impacts sur notre santé sont de plus en plus connus et évalués avec précision. Les nouveaux développements et études sur le génome jusqu’à la démocratisation du séquençage de l’ADN offrent de nouvelles perspectives pour percer les mystères et lutter efficacement contre des maladies contemporaines. Les nombreuses données disponibles permettent de faire des analyses prédictives entrouvrant la voie vers de nouvelles tarifications et sélections des risques dans le secteur de l’assurance de personnes. C’est pourquoi RGA a souhaité s’intéresser à ce thème et étudier les applications concrètes pour le secteur de l’assurance de personnes pour travailler sur la prévention et la réduction des risques.
Le comportement humain, en matière de santé, est véritablement un sujet qui intéresse les acteurs du secteur de l’assurance ?
Pour chaque étape de la chaine de valeur, les assureurs se sont basés sur des modèles robustes et éprouvés pour faire la tarification des produits, la souscription et la gestion des sinistres. Ces modèles ont dès le début intégré le comportement humain. La démocratisation des objets connectés et tests génétiques va sans doute induire des changements de comportement et introduire de nouveaux besoins par les assurés. Au-delà de ces nouvelles technologies, l’adoption par les assurés doit s’inscrire dans le temps avant d’une généralisation dans les offres des produits santé. L’aspect ludique des objets connectés permet tout d’abord de booster la motivation de l’utilisateur avec l’objectif de faciliter le quotidien. Les informations collectées devraient garantir de disposer de données objectives pour mieux comprendre le comportement des personnes, leur mode de vie et leur activité physique. Le volume et l’historique de données va permettre de mieux comprendre les influences de chaque facteur de risque sur la santé et de lutter favorablement contre les maladies chroniques. Nous pourrons sans doute observer les mêmes bénéfices avec l’exploitation des données génétiques couplées à l’épigénétique.
La réduction de la mortalité et l’augmentation de l’espérance de vie en bonne santé sont-elles au cœur des stratégies et des actions des assureurs ? Cela impactent-ils aussi significativement l’activité des assureurs, des réassureurs ? sur la santé, la prévoyance… ?
En santé et en prévoyance, les assureurs ont développé et multiplié les initiatives en matière de prévention auprès des assurés, des entreprises et les salariés. Des programmes autour du bien-être ont mis à disposition des plateformes auprès des salariés pour le suivi de leur activité physique et leur fournir des conseils sur leur alimentation et leur sommeil. Chaque activité réalisée permet au salarié d’engranger des points pour remplir une cagnotte qui pourra être utilisée pour acheter des produits sur une market place (« Place de marché »). En 2016, RGA a investi dans la startup Quealth pour développer ces programmes afin de les intégrer dans des produits santé et prévoyance. Chaque jour, l’utilisateur reçoit une actualisation de son score traduisant son niveau d’activité. Les compagnies peuvent par la suite exploiter leurs données internes combinées à des données externes pour mieux déterminer des tendances de fond. L’usage progressif des algorithmes ont permis beaucoup d’avancées pour une meilleure estimation des risques et une meilleure anticipation des sinistres, notamment pour les arrêts de travail et les décès.
Pour traiter ce sujet, comment avez-vous organisé, dans le cadre de ce colloque la sélection pour les différentes interventions ? les témoignages ?
A chaque édition, nous donnons la parole à des experts issus de différents secteurs d’activité en lien avec le sujet traité. Pour cette année, nous avons le plaisir d’accueillir Frédérique Magdinier qui dirige un département de recherche dédié à l’épigénétique à l’INSERM situé à Marseille. Elle nous présentera de manière didactique les contours de l’épigénétique et les applications pratiques. Pour donner du rythme à la conférence et diversifier les présentations, nous offrons depuis deux ans une tribune à des startups pour qu’ils puissent présenter les solutions. Cette année, nous avons mis à l’honneur deux sociétés qui disposeront de quinze minutes chacune pour se présenter : Chronomics (Dr. Tom Stubbs, CEO) et MedMeSafe (Clément Destoumieux, CEO), chaque intervenant détaillant également sa vision de l’épigénétique et de la génétique. Comme la science de comportement est une forte expertise chez RGA, Matt Battersby, chief behaviour science chez RGA, nous présentera les impacts du comportement humain sur la santé.
Pour clôturer la matinée et échanger autour de ces nouveaux enjeux, nous avons réuni pour cette table ronde : Frédérique Magdinier (Directrice de recherche à l’INSERM), Cécile Théard-Jallu (Avocat chez de Gaulle Fleurance & associés) et Dr Karim Ould-Kaci (Directeur Scientifique Groupe au sein de la direction de la transformation Stratégique du Groupe VYV). Les expertises et les domaines de compétences des intervenants permettront d’adresser le sujet avec une vision à 360° pour un usage dans la chaine de valeur de l’assurance, dans une approche prospective en respectant les lois nationales et réglementations européennes en vigueur et en prenant en compte les changements de comportements et nouveaux besoins des assurés.
Interview d’Eric Gaubert, directeur adjoint, innovation et partenariat chez RGA France réalisé par Jean-Luc Gambey