L’assurance de demain s’élabore avec la gouvernance d’aujourd’hui. Les Mutuelles constituent l’une des quatre composantes de l’économie sociale. Selon le cas, les « Mutuelles » dépendent du Code de la Mutualité ou du Code des Assurances. Ainsi, les Mutuelles, sociétés de personnes et non de capitaux, positionnent les adhérents/sociétaires au coeur de leur gouvernance, fondée sur une forme de démocratie représentative.
Le client, adhérent/sociétaire, est acteur de la vie de la Mutuelle et a donc un droit de regard sur la politique et la stratégie de la Mutuelle notamment en participant à l’élection des représentants à l’Assemblée Générale selon le principe : une personne = une voix. Les élus ont alors un rôle majeur, mais ils doivent être informés, formés et doivent parfaitement maîtriser les enjeux qui permettent de décider et de juger de la politique de la Mutuelle, clé de réussite de son développement.
Cependant les taux de participation aux élections des représentants des Mutuelles sont bas et les nouvelles générations ne se sentent pas concerné par le sujet. Les Mutuelles sont secouées par un malaise de participation. En effet, concernant les chiffres de participation aux élections, certaines Mutuelles évoquent 1%, 15% et d’autres 30% de votants. Ainsi un des enjeux majeurs, posé aux Mutuelles, est de permettre aux millions d’adhérents/sociétaires de s’exprimer, d’échanger et de voter. Les adhérents/sociétaires se déplacent moins que dans le passé, autrefois ils venaient aux Mutuelles, désormais les Mutuelles se doivent impérativement d’aller vers eux !
Une similitude avec le malaise de la démocratie représentative
Nous pouvons oser un parallèle avec le malaise général de la démocratie représentative politique et les records historiques, aux dernières élections présidentielles et législatives, des votes abstentionnistes, blancs et des votes de rejets. Sans oublier également, l’état de délabrement du taux de syndicalisation en France et la faiblesse de participation aux élections professionnelles et syndicales. Nos sociétés contemporaines sont confrontées à un désenchantement et une défiance généralisés, augmentés du silence de certaines catégories de la population qui ont renoncé. Une véritable crise de la démocratie représentative et de l’engagement est désormais constatée.
La Civic Tech est un outil de régénérescence démocratique pour les Mutuelles
Simultanément, les citoyens s’engagent massivement, en particulier via certains outils digitaux, dans une forme d’expression démocratique et citoyenne qui représente, pour eux, une alternative crédible. Il est d’ailleurs rassurant de constater que les citoyens sont décidés à se prendre davantage en charge, de voir la société civile prête à s’engager. Alors que toutes les marques d’assurance parlent d’expérience clients, il faut aujourd’hui renforcer massivement l’expérience adhérent/sociétaire. Ce qui est désormais nécessaire est une démocratie Mutualiste, coopérative et participative, avec de l’horizontalité et de l’intelligence collective.
Les Mutuelles doivent développer un « capital » d’attention aux besoins et aux attentes de l’adhérent/sociétaire et organiser d’autres moyens d’écoute, d’échange et de nouvelles formes de rencontres numériques. Au-delà des réseaux sociaux, outils d’expression…, les Civic Tech qui touchent un public neuf, se développent massivement et peuvent permettre de redynamiser la vie mutualiste. De l’opengov à la e-concertation citoyenne, les Civic Tech englobent une multitude d’initiatives mariant innovation et participation citoyenne.
Ces outils digitaux peuvent nourrir l’expression, l’innovation et la rencontre des mutualistes, en particulier auprès des cibles jeunes qui ne peuvent ou ne souhaitent plus s’engager de la même façon que leurs ainés. Les outils digitaux peuvent également interconnecter le sociétaire/adhérent et ses élus. La consultation pourrait devenir, par exemple, un exercice de démocratie, permanent, et au service d’un projet collectif visant à fabriquer du lien et du bien commun.