Bernard Le Bras, Président du Directoire de Suravenir, filiale du Crédit Mutuel Arkéa, vous avez accepté d’assurer la co-présidence du Jury des Trophées de l’Assurance 2017. Que pensez-vous de l’innovation dans le secteur de l’assurance ? Quels sont vos constats ?
Effectivement, la cuvée 2017 des Trophées de l’Assurance m’a paru particulièrement riche en termes d’innovations. Nous avons passé une journée entière entre membres du jury dans une ambiance très conviviale : j’ai appris et découvert beaucoup de choses. Nous avons vu des présentations et interventions remarquables et d’autres qui sont perfectibles sur la forme. C’est important d’innover mais c’est aussi important d’être capable de vendre son innovation.
L’innovation est indispensable pour la croissance d’une entreprise. Les dirigeants confirment, les entreprises du secteur de l’assurance innovent et doivent accélérer l’innovation, mais celle-ci peut générer de nombreux essais et échecs. Sachant que les idées les plus novatrices ont très souvent été précédées de nombreux échecs, l’échec ne doit-il pas être considéré comme un catalyseur de l’innovation ? Quelle est votre position sur ce sujet ?
Oui, car par définition quand on innove on prend des risques, le risque peut être de ne pas avoir identifié les facteurs clés de succès ou les échecs. Ne pas avoir fait la bonne innovation au bon moment est un élément clé : le timing est un élément majeur. Innover c’est aussi savoir ne pas rester seul dans son coin, c’est s’ouvrir aux autres et trouver les bons partenaires, tant techniques que financiers. L’idée doit être bonne et ceux qui la portent doivent être dans une démarche d’ouverture, c’est primordial selon moi. L’innovation, ce n’est surtout pas une opposition entre les « jeunes » acteurs et les plus « anciens » comme moi : certes les plus « jeunes » n’ont pas toute la connaissance du marché mais ils ont une capacité d’écoute incroyable. C’est cette complémentarité qui fait toute la richesse de l’innovation.
Avec le développement de la digitalisation sur le secteur de l’assurance, la souscription d’assurance vie en ligne devient de plus en plus importante. Partagez-vous ce constat ? Le digital est-il un facteur clé pour le développement de l’assurance-vie de demain ? Suravenir souhaite-t’il continuer à prendre des positions fortes ?
C’est un point très important sur lequel j’échange très souvent avec mes confrères. On entend souvent que les Fintech n’ont pas les mêmes contraintes règlementaires que les réseaux physiques, que c’est donc des parcours de souscription plus faciles. J’ai un jugement beaucoup plus nuancé sur ce point : ce que je vois chez nos partenaires ce sont des Fintech qui au bout d’un an d’exercice répondent à des missions ACPR avec un niveau d’exigence très élevé et des contrôles réalisés sans aucune complaisance. Le constat est que les outils utilisés permettent à ces nouveaux acteurs de fluidifier le parcours client tout en respectant totalement la règlementation en vigueur. La différence est significative entre le digital et le réseau physique: pour le digital si tout le parcours de souscription n’est pas conforme alors la souscription n’est pas effective. Donc oui, le digital c’est clairement un vrai progrès pour le développement de l’assurance-vie de demain. Pour demain, je suis convaincu qu’il faut continuer d’importer dans les réseaux traditionnels des évolutions développées par les Fintech : importer des savoirs-faire, créer des Fintech en interne… Le digital est bien entendu un marché sur lequel Suravenir continuera à prendre des positions fortes.
Pensez-vous que l’évolution des comportements et des usages transformeront significativement l’assurance en général ? Comment imaginez-vous l’assurance-vie de demain ?
La deuxième conviction que j’ai est que la baisse des rendements des fonds euros, qui se poursuivra cette année encore, rend de moins en moins attractif le fonds euros seul. Conséquence, le contrat d’assurance-vie sera toujours un outil qui bénéficie d’une fiscalité avantageuse mais qui laissera une place plus large aux professionnels par l’intermédiaire des mandats de gestion. L’avenir passera par la généralisation du mandat : pour le client c’est donner les clés de son contrat à un professionnel afin d’optimiser et de gérer au mieux son patrimoine. L’assurance-vie restera encore longtemps le placement préféré des Français.
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