Vous êtes intervenu lors du TDAY dans une conférence sur la place des femmes dans l’entreprise intitulée « Innovation et transformation : Un + Une ! ». Quel bilan faites-vous de cette conférence ?
Il est très important de comprendre que les femmes ont des qualités distinctives des hommes, ce qui leur donne un rôle majeur dans l’entreprise. Plusieurs études montrent qu’elles sont plus optimistes, plus à l’écoute, qu’elles accordent plus d’importance à l’ambiance au travail, qu’elles travaillent de manière plus collaborative, qu’elles sont plus orientées services. Toutes ces qualités les rendent très complémentaires des hommes, et un des mots clés de la conférence « Innovation et transformation : Un + Une ! », était d’arrêter d’opposer les hommes et les femmes, mais au contraire de réfléchir en termes de mixité, de parité. Il faut développer la mixité au sein des entreprises, car là aussi les chiffres sont éloquents. Les équipes mixtes en entreprise ont des résultats 20% supérieurs à des équipes uniquement composées d’hommes ou de femmes.
Pour vous donc l’impératif de mixité n’est plus à prouver à la lueur de ces chiffres ?
Exactement. La mixité repose actuellement sur la méthode des quotas qui est peut-être une étape nécessaire. Mais en parallèle des quotas, il faut mener des travaux de sensibilisation pour donner aux jeunes femmes d’aujourd’hui envie de créer leur entreprise, de se développer dans le numérique. Des choix qui parfois paraissent inaccessibles, car elles peuvent manquer d’ambition et peuvent se créer des barrières. En résumé, au-delà de la méthode des quotas, il est primordial de développer la prise d’initiative chez les femmes.
Au 21ème siècle, il semble nécessaire pour les femmes de se battre pour démontrer qu’elles sont un atout pour les entreprises. Cela paraît incroyable non ?
Il faut bien se rendre compte qu’il y a encore des mentalités à changer, même si les choses évoluent, et que les femmes osent de plus en plus. Elles se créent elles-mêmes leurs propres opportunités. A Hiscox, nous menons depuis 8 ans une étude intitulée « ADN d’un entrepreneur », où nous interrogeons chaque année environ 4000 entrepreneurs dans 8 pays différents. Et quand nous observons les femmes en France, elles nous expliquent que la raison de fonder leur entreprise, à 44%, est qu’elles ne trouvaient pas d’autres opportunités sur le marché du travail. Elles se donc créées leurs propres opportunités pour accéder à des fonctions plus larges.
Pouvons-nous conclure que cette motivation des femmes repose plus sur le fait de défendre des valeurs par opposition au comportement masculin qui repose plus sur une notion de profits ?
Les femmes ne retrouvent pas dans la société d’aujourd’hui un modèle de pouvoir féminin. Aujourd’hui, les modèles de pouvoirs sont plus masculins, ce qui fait que les femmes doivent mettre à des moments de leur vie leur carrière entre parenthèses, et elles n’y sont pas forcément prêtes. Ce qu’il faut, c’est qu’elles puissent par la mixité, développer leur propre modèle de pouvoir, ce qui sera bénéfique à l’entreprise.
Peut-on parler d’un manque de confiance en soi des femmes dans le monde professionnel ?
Oui. Il y a une auto-censure, un manque de confiance en soi qui est peut-être lié à un défaut dans l’éducation. Les jeunes femmes sont moins éduquées dans la volonté de tout oser, tout essayer, et de ce fait, elles vont prendre moins de risques, moins développer leur réseau. Nous avons plusieurs études qui montrent ce phénomène de manière concrète. Dès fois, il faut reconnaitre que les femmes sont leur propre ennemi.
Le TDAY Insurance a abordé pendant ces deux jours les sujets du numérique et de l’innovation appliqués au secteur de l’assurance. Pensez-vous que le numérique est une opportunité pour les femmes ?
Oui, le numérique est une véritable opportunité. Il représente assez bien la société actuelle, dans le sens où les femmes sont sous représentées. 27% des métiers du numérique sont occupés par les femmes, contre 48% dans le reste de l’économie. Pourtant, elles ont toutes les cartes en mains pour réussir dans le numérique : elles sont créatives, elles sont à l’écoute, elles aiment le travail collaboratif. Elles ont également une approche de la technologie très complémentaire de celle des hommes. En effet, elles vont réfléchir à la technologie en termes de services, de moyens et non pas seulement comme une fin en soi. Enfin, certains chiffres nous montrent que les femmes sont très performances sur le sujet de l’innovation liée au numérique. Les femmes free-lance des métiers du numérique comme les community managers ou les graphistes, ont des taux de succès dans leurs missions supérieurs de 14% à ceux des hommes.
En synthèse nous pouvons donc parler plus de révolution féminine au sein de la révolution numérique, et non plus seulement de simple révolution numérique ?
Exactement. Là aussi, il y a pas mal de freins, de stéréotypes à briser sur le sujet du numérique. Il faut faire de la pédagogie sur les métiers du numérique pour montrer que ce sont des métiers totalement accessibles aux femmes.
Vous êtres responsable e-business à Hiscox ? Qu’est-ce qui vous a amené à porter la cause féminine de cette façon ?
A Hiscox, nous avons à cœur de nous intéresser aux entrepreneurs et aux entrepreneuses. En France, 62% de nos effectifs sont féminins. Je crois que sur la parité professionnelle, le secteur de l’assurance est précurseur. En effet, selon une étude du CSA, 85% des femmes et 92% des hommes pensent que le secteur de l’assurance est propice aux carrières des femmes. Pour ma part, le fait de travailler dans un système vertueux et positif pour les femmes me donne envie d’en parler et de le faire partager. En conclusion, je suis très optimiste pour l’avenir car les femmes sont de plus en plus fortes, ambitieuses, et ont envie de se prendre en main pour réussir.
Propos retranscrit de l’interview Periscope Live de CAROLINE HIRTZBERGER- HISCOX FRANCE ASSURANCES- RESPONSABLE E-BUSINESS pour le HUB-TDAY Insurance des 7 et 8 juin 2017.
Jean-Luc Gambey
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