Un environnement législatif qui évolue, et des progrès technologiques importants, semblent être des outils primordiaux pour dans le futur permettre le développement des comparateurs sur le marché français. Ce marché peut-il connaitre une forte croissance dans les prochaines années ? En France, par rapport à d’autres pays, les comparateurs semblent occuper une place moins importante sur le marché de l’assurance. Qu’en pensez-vous ?
Il ne faut pas se comparer au marché britannique qui est une exception mondiale. Sur le marché de l’assurance automobile, 70% des affaires nouvelles sont réalisées via un comparateur au Royaume-Uni. Il y a une dizaine d’années, quatre acteurs majeurs ont investi des millions de pounds pour conquérir ce marché. La France ne pourra pas suivre cette évolution pour deux raisons. Tout d’abord, il n’y a pas dans notre pays des acteurs sur le marché des comparateurs aussi importants financièrement qu’au Royaume-Uni, et deuxième élément, le consommateur français n’est pas le consommateur anglais, la culture est différente. Il ne faut donc pas se comparer au marché britannique. Mais si nous observons des pays plus proches de nous comme l’Italie, l’Espagne, les Pays-Bas, les parts de marché des comparateurs varient entre 15 et 23%. Aujourd’hui en France, nous sommes à 9%. Sachant que sur le marché français, hormis l’acteur historique crée en 2000, la présence d’acteurs de taille importante est assez récente (4 ans d’ancienneté). De plus, sur le marché français, la politique de distribution est très spécifique avec des courtiers, des mutuelles sans intermédiaires, et un environnement législatif qui jusqu’en 2015, empêchait le consommateur français de changer facilement d’assurance. Toutes ces raisons expliquent les résultats du marché français, mais nous devrions connaître une croissance significative et proche de celles de nos voisins étrangers comparables, dans les prochaines années.
Par rapport à l’ensemble du secteur de l’assurance français, la part de marché des comparateurs peut-elle fortement progresser dans le futur ?
Si je compare avec l’Italie, qui présente des similitudes avec le marché français en terme de distribution, et qui est passé par les mêmes phases de développement, la part de marché est proche de 20%. Sur un horizon à 5 ans, le marché français pourra progresser et s’approcher de ces chiffres pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la loi Hamon entrée en vigueur en janvier 2015, permet aux assurés de changer plus facilement d’assurance. De plus, il faut aussi éduquer le consommateur pour qu’il prenne l’habitude de consulter des comparateurs, ce qui prend du temps. Mais comme le prouve les chiffres des Furets.com, les résultats commerciaux s’améliorent chaque année. Enfin, les jeunes sont une génération qui utilise fortement les comparateurs, ils représentent l’avenir. Sur notre site des Furets.com, deux tiers des utilisateurs ont moins de 35 ans, 40% ont moins de 25 ans. Or, dans 10 ans, cette génération continuera d’utiliser Internet pour sa recherche d’assurance, et les générations suivantes feront de même, à condition que nous renouvelions notre offre.
Quels sont les menaces et opportunités pour le marché français des comparateurs ?
Au niveau des menaces, je rappelle que Google a fait une tentative pour s’installer sur le marché français en juillet 2014, et ils sont sortis du marché en septembre 2014. Les raisons de cet échec sont diverses et variées. Devenir un comparateur d’assurance est complexe : il faut un savoir technique, marketing, et trouver le bon modèle économique. Les acteurs extérieurs ne s’en rendent pas compte mais faire travailler un call center avec un flux web cela parait simple, mais c’est un phénomène complexe si on veut atteindre les objectifs économiques que l’on se fixe. Il y a donc un certain nombre de barrières à l’entrée sur le marché des comparateurs.
En ce qui concerne les opportunités, elles sont assez nombreuses. Notre proposition est unique, car sur un seul lieu (notre site web), le consommateur a accès à une multitude d’offres. Ensuite, en 5 mn, l’internaute peut comparer et acheter son assurance. Enfin, grâce à la technologie, nous pouvons simplifier un sujet qui est complexe. Tous ces éléments dans notre chaîne de valeur sont très importants, et il n’y a aucune raison qu’ils ne continuent pas à exister dans le futur. L’enjeu, pour nous comparateurs, est de continuer à éduquer ce marché, d’améliorer l’expérience utilisateur en mettant l’accent sur le prix, qui est la volonté du consommateur et aussi ce que nous impose la loi (le classement par défaut se base le tarif). Mais au-delà du tarif, chez les Furets.com, nous avons toujours voulu que les internautes choisissent leur offre selon trois paramètres : prix/garanties/services. Notre challenge est de répondre à la problématique suivante : Comment les internautes peuvent comparer facilement ces trois paramètres, sur un mobile, de façon claire, simple, sans tromper l’utilisateur et lui proposer la meilleure combinaison par rapport à son profil ? Enfin, il est important de noter que des outils comme la data ou l’intelligence artificielle vont nous aider à simplifier l’expérience utilisateur. Le but est de connaitre aussi bien l’internaute mais en lui posant 6 questions au lieu de 50. Notre objectif final est de rendre l’expérience utilisateur la plus simple, la plus efficace, et la plus agréable possible.
Propos retranscrit de l’interview Periscope Live de HAMID BENAMARA – LESFURETS.COM –DIRECTEUR GENERAL pour le HUB-TDAY Insurance des 7 et 8 juin 2017.
Jean-Luc Gambey
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