A l’heure de la digitalisation de l’assurance, comment le positionnement d’ « assureur militant » de la MAIF s’exprime-t-il ?
Cette transition digitale oblige les acteurs à faire de vrais choix liés à une dimension éthique. La révolution digitale est souvent abordée sous l’angle de ses conséquences opérationnelles, économiques, et de la pérennité de nos entreprises. Mais il y a aussi de vrais sujets éthiques à traiter. Par exemple, avec l’intelligence artificielle, de nombreux emplois humains pourront être remplacés dans le futur. Selon un rapport de CitiBank et de l’Université d’Oxford publié cette année, à l’horizon de 2025, 98 millions d’emplois seront supprimés dans l’Union Européenne. De ce fait, en tant que dirigeants d’entreprise, nous sommes confrontés à des choix. Utilise-t-on l’intelligence artificielle en tant que soutien de ses collaborateurs, ou décide-t-on de les remplacer par les technologies de l’intelligence artificielle ? Nous sommes véritablement dans un choix éthique primordial. Deuxième exemple, sur l’utilisation des données personnelles, une problématique d’éthique se pose également. Que vais-je faire des données personnelles de mes adhérents ? Vais-je les revendre ? Vais-je m’engager à ne pas fournir ces données à des tiers ? Là encore nous sommes sur des engagements d’ordre éthique et qui ont d’ailleurs un impact économique significatif.
A la MAIF, nous étions assureurs militants au 20ème siècle, et nous voulons le rester au 21ème siècle, à l’heure du digital. Nous avons publié ces dernières semaines une charte éthique sur le digital, dans laquelle nous prenons un certain nombre d’engagements publics. Par exemple, comme évoqué précédemment, nous refusons dans le cadre de l’intelligence artificielle d’être dans une logique de substitution. Concernant les données personnelles, nous nous engageons dans une transparence totale : sur la provenance des données, sur leur contenu, sur leur utilisation, nous nous interdisons de les vendre, et nous reconnaissons le droit à l’oubli concernant les données de nos sociétaires.
Lors du TDAY, Vous avez participé à la conférence des visionnaires « L’assurance du futur », quel est votre ressenti ?
Lors de cette conférence étaient présents des acteurs provenant des différentes familles de l’assurance (courtiers, mutuelles, assureurs, assisteurs…) et nous constatons que les stratégies pour répondre à cette transition digitale sont convergentes sur le fond : élargir son domaine d’activité (devenir une plateforme de services), travailler considérablement sur l’UX, intégrer dans la chaîne de valeur de son métier tous les aspects du digital (Big Data, intelligence artificielle, IOT…) … . De mon point de vue, un des éléments qui fera la différence est la réponse à la question fondamentale suivante : qu’est ce qui fera qu’un individu décidera de s’assurer auprès d’une marque, plutôt qu’une autre ? Dans le futur, les personnes s’attacheront moins à ce que l’on fait mais plutôt à la manière dont on le fait. Nous revenons ainsi à la notion de positionnement de marque (assureurs militant). Je crois beaucoup en une entreprise qui fera converger ses intérêts propres avec ceux de ses parties prenantes (clients, salariés,…) et d’un point de vue général, en une entreprise qui aura un impact social positif.
Propos retranscrit de l’interview Periscope Live de Pascal Demurger – Groupe MAIF – Directeur Général pour le HUB-TDAY Insurance des 7 et 8 juin 2017.
Jean-Luc Gambey
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