Les incantations à l’innovation émanent aujourd’hui de toutes parts : ministres, élus locaux, syndicats patronaux, … . Alors pourquoi la frénésie de l’innovation ne gagne-t-elle pas nos entreprises qui pourraient ainsi retrouver le chemin de la rentabilité et rendre au pays sa croissance ? La profusion des sources de financement ne suffit pas à régler le problème car le mal est plus profond et plus subtil. Les vraies sources d’évolution sont à chercher au sein même de l’entreprise, au cœur de la vision du dirigeant. Au-delà de l’injonction publique, l’innovation se développe et se cultive au cœur de la pensée et de la personnalité du dirigeant d’entreprise.
Alors que les attentes des assurés évoluent très vite, notamment à cause de la présence d’entreprises comme Apple, Amazon, …, il n’est pas toujours facile, pour les grandes organisations, dotées de systèmes lourds et rigides de susciter l’innovation. Malgré la diversité des aides aux entreprises innovantes (crédit impôt-recherche, incubateurs…), les dirigeants jugent l’environnement institutionnel peu favorable, voire opaque. Ils pointent également le manque de ressources budgétaires pour financer les projets.
Les freins sont ensuite culturels. Innover équivaut à prendre un risque, à potentiellement connaître l’échec, ce qui est encore très mal perçu dans l’hexagone. Dans les grandes entreprises, impossible de dire « je me suis trompé » car c’est humiliant. La performance individuelle et le goût du secret en vigueur dans les entreprises sont aux antipodes de l’innovation. Innover, c’est se changer de l’intérieur. Mais il faut posséder un état d’esprit transgressif, changer l’ordre existant. Tout innovateur change l’ordre établi !
Innover, c’est très souvent faire des tests dont les résultats ne sont, par définition, pas prévisibles. Les tentatives sont nombreuses mais les véritables succès immédiats sont rares. L’échec doit être considéré comme un catalyseur de l’innovation et les entreprises doivent se rappeler que les idées les plus novatrices ont toujours été précédées de nombreux échecs. Je parle d’ailleurs souvent d’échec de l’innovation avec les entreprises, parce que je m’intéresse à leurs succès.
A cause de quelques échecs, certaines entreprises cessent de prendre des risques, d’innover et misent sur les recettes du passé. Celles-ci ne peuvent être éternelles dans notre marché qui évolue significativement. Je pense qu’il y a un échec, qui lui est nettement plus grave, celui de ne pas avoir testé une idée qui se serait avérée fructueuse pour un concurrent… .
Jean-Luc Gambey
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