La fraude à l’assurance représente une perte financière très importante pour les assureurs (environ 2,5 milliards d’euros chaque année selon l’Alfa, l’Agence pour la lutte contre la fraude à l’assurance). Pour lutter contre ce fléau, les assureurs utilisent de nouveaux outils liés au numérique comme le contenu publié par les assurés sur les réseaux sociaux ainsi que le Big Data. En effet, les publications sur les réseaux sociaux permettent d’apporter une preuve de fraude à l’assurance. Aviva (voir article des Echos) a ainsi fait condamner un homme de vingt-neuf ans qui, indemnisé pour des blessures au dos et au cou après un accident de voiture, s’est posté peu après en photo sur Twitter au cours d’un semi-marathon.
Tweets, statuts ou photos Facebook, vidéos YouTube, les contenus sont très diversifiés. « Pour obtenir ces informations, les sociétés d’assurance font un travail de traçage des données qui circulent sur le web grâce à des logiciels dédiés. Elles explorent les connexions entre les individus, les organisations et recoupent les informations obtenues. Le client de l’assureur n’a pas forcément posté lui-même des photos ou des verbatims ayant trait à cette soirée, mais ses amis peut-être », explique Patrick Bensabat, PDG et fondateur de la société Business & Decision, spécialisée dans le conseil et l’intégration de systèmes informatiques pour les entreprises. (voir article de l’Usine Digitale)
A Lyon par exemple, des détectives privés travaillent pour le compte de grands groupes du secteur de l’assurance, et leur mission commence devant un ordinateur à chercher des indices (voir ce reportage de France Info).
Cependant, cette pratique en France est encadrée par la loi alors qu’aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne le moindre tweet ou la moindre photo peut suffire à prouver la faute. Sur Facebook dans notre pays, les assureurs n’ont par exemple accès qu’à ce qui est public et surtout ce qui provient d’Internet n’est pas juridiquement considéré comme une preuve.
En France, la CNIL encadre le recours aux données en ligne. « Seul le traitement manuel des données en ligne est autorisé. Nous n’avons pas le droit de faire un traitement automatique des données nominatives en ligne, ni de les stocker », souligne François Nédey, directeur technique des assurances de biens et responsabilités d’Allianz France.Mais quand la fraude est organisée (dans le sens organisation d’un vrai « business » pour escroquer les assureurs), les réseaux sociaux sont inutiles. Les assureurs dans ce cas utilisent le Big Data. En effet, plusieurs contrats pris individuellement peuvent paraître tout à fait normaux, mais en travaillant sur la base de données, les assureurs peuvent constater des schémas qui se répètent à des endroits différents du territoire, comme des souscriptions similaires à un moment donné dans une période courte. A l’heure où la révolution numérique arrive sur le secteur de l’assurance, cette digitalisation du secteur touche aussi le domaine de la fraude à l’assurance. Internet permet aux fraudeurs d’utiliser de nouvelles techniques, les assureurs doivent donc s’adapter à cette évolution du secteur en utilisant de nouveaux moyens pour lutter contre la fraude à l’assurance comme le Big Data ou les réseaux sociaux.
Jean-Luc Gambey
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