La e-santé est probablement un nouveau marché à fort potentiel pour les assureurs. Mais comment peuvent-ils créer de la valeur avec ce nouveau marché ?
Le numérique accélère la possibilité pour les assureurs de modifier leurs métiers pour devenir, encore plus qu’hier, des acteurs de la prévention. Pour cela, ils doivent apporter du service et réussir à s’intégrer dans le parcours de santé. Une des difficultés est que la proposition de valeur n’est pas encore perçue par les assurés. Nous constatons le même phénomène pour les applications mobiles. Les patients ne sont pas encore prêts à confier la prévention et le suivi de leur santé aux assureurs. Ces derniers doivent proposer des offres suffisamment innovantes et pertinentes. Ils pourraient, par exemple, sur la santé au quotidien, organiser du télé-conseil sur les prescriptions hors remboursement. De même, sur les maladies chroniques, ils ont un rôle à jouer sur le dépistage, le suivi et la prévention. Une des pistes pour apporter davantage de services, serait de se rapprocher des laboratoires pharmaceutiques. Aux États-Unis, ces derniers proposent le « Patient Support Programm », des programmes de suivi de patients sur des maladies chroniques.
Travailler en collaboration avec les médecins.
Les assureurs doivent travailler en collaboration avec les médecins (1ers prescripteurs en santé) dans la prévention et l’accompagnement des patients. Aux États-Unis, les assureurs sont en contact avec les médecins sur des protocoles de soins. En France, de fortes réticences empêchent cette collaboration. Les médecins craignent que les assureurs leur imposent des baisses de tarifs, et les compagnies d’assurance pensent ne pas être écoutées. Or, il faudrait pouvoir dépasser ces clivages pour que chacun soit gagnant : les médecins, les patients, les assureurs et l’Assurance maladie. Malheureusement, les discussions des assureurs avec la CNAM ne concernent que les éléments hors remboursement, donc tout ce qui se passe en dehors du cabinet médical. Ce qui pose un vrai problème, car si les assureurs n’ont pas de liens avec les médecins dans la logique de prévention santé, ils ne pourront convaincre les patients.
Trouver un business model performant.
Si les assureurs sont convaincus qu’une des applications du numérique est la prévention, ils n’ont pas trouvés de business model pour rentabiliser leurs investissements. Les assureurs manquent de données objectives pour évaluer les programmes de prévention. Une chose est sûre : les patients sont « prêts à payer » lorsque la qualité de leur vie et de leur santé est au rendez-vous. Il reste à trouver le moyen de transformer la proposition de valeur en modèle économique performant. Pour y parvenir, il faut déployer des services à des coûts soutenables en intégrant une dose de numérique.
Le numérique permet de déployer de nombreux outils comme le développement de nouvelles applications en terme de prévention santé. Mais les assureurs doivent disposer de modèles économiques efficients. Cela passera probablement par des pratiques collaboratives avec les professionnels de santé.
Contact : Jean-Luc Gambey
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