J’ai résumé récemment la prévenance sociale par la phrase suivante « la prévenance sociale permet de créer une nouvelle relation économique mais vertueuse avec votre assuré et ainsi d’entretenir une relation prévenante et durable afin d’anticiper et soutenir ses potentiels moments de fragilité ». Bien sûr, j’ai pris le risque de « choquer » certains acteurs qui pourraient me reprocher de proposer et soutenir une réponse « commerciale » à une fragilité potentielle ou constatée, et une de ses conséquences, la souffrance. Mais n’est-ce pas là un des rôles majeurs de l’Assureur* ?
En France, des millions de personnes sont fragilisées, que ce soit temporairement ou durablement. Dans notre monde contemporain, les faits générateurs de la fragilisation des personnes peuvent être multiples et s’enchaîner : maladie, accident, décès d’un proche, perte ou irrégularité de revenu, rupture familiale, endettement, handicap, dépendance, isolement, … . Lorsque nous côtoyons des personnes, nous n’avons pas l’habitude de dire qu’elles sont « fragiles » ! Elles ne naissent pas toujours fragiles mais peuvent le devenir en fonction des conditions qui leur « tombent dessus » : elles risquent de perdent alors leurs protections les unes après les autres : protection de la famille, protection de la santé, protection de l’intimité, protection de la dignité, … .
Le rôle majeur de l’Assureur est de prévoir les risques, de provisionner et de rembourser son assuré, le jour où un sinistre survient. Aujourd’hui, l’assurance remplit toujours ce rôle et va même parfois au-delà. Mais j’ai la conviction que, sans être « intrusif » ou tenir un rôle de « moralisateur », l’Assureur peut entrer dans un processus de « copilotage » vertueux et ainsi entretenir une relation prévenante et durable avec ses assurés afin d’anticiper et de les soutenir les cycles de fragilité, dans les étapes « difficiles » courtes ou durables de la vie, que nous pouvons, d’ailleurs, tous traverser.
Care ou pas care ?
Ce qui est très contemporain dans le concept du Care, c’est la volonté de promouvoir une société « adoucie ». Le care, c’est le souci des autres, mais pas seulement aux plus âgés, mais à tous ceux qui sont en situation de fragilité : il peut concerner l’enfance, le stress au travail, les maladies professionnelles, les diverses formes de précarité (emploi, finances, séparations..) et, évidemment, le grand âge. Mais « la prévenance sociale est autre chose, car elle s’attache à déployer un modèle permettant de réduire potentiellement les risques de fragilité, de ses conséquences en cascade pouvant survenir et d’être présent, le moment venu, pour soutenir concrètement l’assuré. »
La prévenance sociale, dans son modèle « Assureurs » n’est pas là pour se substituer aux politiques publiques visant à la solidarité (et dont les financements deviennent de plus en plus exsangues), ni à des initiatives individuelles ou « privées » de solidarités nationales ou locales, déjà efficientes et indispensables.
Cependant devant l’accroissement de ces fragilités, et l’affaiblissement des finances publiques, de véritables stratégies de prévenance sociale peuvent être déployées par les Assureurs et ainsi développer un service global de prévenance sociale au service de l’assuré. Pour les Assureurs cela permettrait également une proximité sociale « nouvelle génération » avec leurs assurés, une plus forte image solidaire concrète, une meilleure rétention de portefeuille et la création d’un modèle économique disruptif, par rapport au coeur de métier.
Le modèle de la prévenance sociale appliquée à notre industrie est d’associer UNE PROMESSE GLOBALE intégrant des services dont l’objet est d’être un soutien à la sécurisation de l’assuré et de sa famille, sachant que les univers de fragilisation potentielle et les liens avec l’assurance « classique » sont évidents.
Bien sûr, me direz-vous, il existe déjà des dispositifs, offres et services. Ils apportent une réponse indemnitaire (et parfois de services) et sont liés à un risque (exemple : garanties perte de revenu, garanties des accidents de la vie,…). Evidemment ces dispositifs (offres/services) existants sont indispensables. Mais la prévenance sociale, va bien au-delà, et ce modèle novateur créerait indéniablement une évolution notable de la chaine de valeur Assurance qui risque potentiellement d’être disruptée ( comme d’autres industries), si elle ne se positionne pas dans un écosystème global de sécurisation de ses assurés.
Au-delà des éléments déjà évoqués, la conjonction de l’accessibilité de certaines données numériques (big data) et d’une certaine « disponibilité » de certains réseaux physiques peuvent créer les conditions de la mise en place d’un service global de prévenance sociale. D’ailleurs de ce point de vue, le dispositif mis en place par la Banque Postale dans le cadre de son contrat Assurance Autonomie (avec en plus pour le maintien à domicile les visites du facteur, la prise en compte de la baisse du pouvoir d’achat avec la baisse de la cotisation de 20%, des services en préventif,…) est probablement un premier pas, qui, si il est une réponse partielle, uniquement liée à la perte d’autonomie, est d’une certaine façon, dans l’esprit du modèle de prévenance sociale que j’évoque. Alors passons à l’action ! non ?
*le mot Assureur est utilisé dans cet article au sens large et intègre toutes les familles du secteur (Assureurs, Institutions de prévoyance, Mutuelles d’assurance, Mutuelles 45,…..)
Contact : Jean-Luc Gambey
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