Je ne suis pas un spécialiste de la santé, mais j’ai l’impression qu’il y a un « mélange des genres » entre système de santé et système de soins, entre parcours de santé et parcours de soins.
Le rôle historique de l’assureur est de régler des sinistres, des prestations, il est associé ainsi historiquement au parcours de soins en tant que financeur partiel et dispose déjà de certaines données liées en particulier aux remboursements de soins. Les assureurs sont engagés de longue date dans des actions de prévention et sont donc déjà dans le parcours de santé de l’individu. Aujourd’hui l’assureur, est déjà un des associés de notre capital santé (prévention, assistance, paiement complémentaire des soins,…). D’ailleurs, la CNIL dans une étude l’année passée évoquait « une véritable “protection sociale co-active” qui pourrait émerger et qui reposerait sur une logique préventive plutôt que curative ». Les données personnelles permettent de tirer des informations utiles pour soi. Mais la collecte des données regroupée avec intelligence pourrait aussi faciliter la tâche des professionnels de santé, servirait d’abord les individus et permettrait de mettre à disposition des trésors d’informations récoltées vers la création de chemins diagnostiques et thérapeutiques. Cependant, si les données personnelles existent et sont enregistrées, le problème est celui des outils qui permettent l’analyse et l’exploitation des données. Il y a un manque flagrant d’outils d’analyse et d’exploitation des données de santé, qui permettraient d’innover, de fournir des services personnels et de servir l’intérêt général.
Les assureurs ont un rôle dans le parcours de santé. Les plateformes santé (ce que l’on appelle également les réseaux de soins) aussi. Accessibles par quasiment tous les assurés en France elles pourraient également, dans ce contexte, avoir un rôle important dans le parcours de santé. Les plateformes santé pourraient devenir des acteurs de la gestion des données de santé personnelles mais aussi participer à certaines exploitations. Les plateformes santé pourraient également :
1-Faire une pédagogie indispensable et s’engager pour la compréhension, la prise de conscience des individus de leurs rôles dans la production de ses données
2-Mutualiser la diffusion des applications et les différents modes de quantification et aider leurs utilisateurs à suivre les métriques relatives à leur corps
3-Apprendre à « l’homme connecté » à passer du projet personnel à une richesse collective
En synthèse, les plateformes santé pourraient faire de l’utilisation des données un moteur sécurisé de création de valeur pour l’individu et la collectivité.
Cependant sur les données de santé générées par les objets connectés, en général, il subsiste une vraie difficulté, il ne faut pas le nier, une véritable « inconcordance des temps » schématisant ainsi les confrontations réelles, pragmatiques et problématiques des temps courts et des temps long.
Ainsi comment concilier la déferlante technologique, l’évolution très rapides des usages du digital par les sociétés et par les Français, l’appétit des GAFA et d’autres pour nos données, avec des temps beaucoup plus longs, celui de la concertation, de la réglementation, et du pouvoir juridique !
Contact : Jean-Luc Gambey
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