Les NBIC, convergence des nanotechnologies (N), des biotechnologies (B), de l’intelligence artificielle (I) et des sciences cognitives (C) vont transformer la nature de notre économie et les entreprises qui ne s’adapteront pas, disparaîtront. Ces NBIC vont également considérablement bouleverser l’économie de la santé, faisant évoluer l’économie curative et collective de la santé pour aborder une économie plus prédictive et préventive amenant le concept de médecine personnalisée, aujourd’hui dans toutes les bouches. Et pour cause, outre une demande de plus en plus pressante des patients, la médecine personnalisée doit permettre de répondre à des enjeux économiques énormes : aujourd’hui 70 % des dépenses de santé seraient liées aux maladies chroniques.
La pratique de la médecine personnalisée à base de médecine préventive, voire prédictive aura à terme, objectif de maintenir les individus en bonne santé. Un but qui ne peut être atteint sans avoir accès aux données liées à leurs activités, à leurs habitudes. « 80 % de l’état de santé d’une personne dépend d’elle-même : de son génome, de son environnement et de son comportement », déclarait Béatrice Falise-Mirat, polytechnicienne, médecin et déléguée générale de Medicen qui a pour objectif de faire en sorte que l’Ile-de-France devienne une des trois régions d’excellence dans le monde en médecine personnalisée et translationnelle. Les NBIC vont ainsi considérablement bouleverser l’ensemble des acteurs de notre santé (hôpitaux, laboratoires, médecins, …) et par effets de conséquence modifier structurellement et durablement l’assurance maladie et les assurances dites « complémentaires » santé. Les systèmes de production de soins, la médecine de ville, l’hôpital et les systèmes de prise en charge des assurances publiques et privées devront s’adapter et parfois se réinventer !
Schumpeter « le nouveau ne naît pas de l’ancien, mais apparaît à côté de l’ancien et lui fait concurrence jusqu’à le ruiner »
Une révolution s’annonce ? Aujourd’hui, même si quelques brèches ont été ouvertes pour l’adaptation des offres d’assurance complémentaires santé aux besoins spécifiques, globalement nous cotisons solidairement sans savoir si nous allons tomber malade… . L’assureur étant aujourd’hui structurellement et depuis fort longtemps assis sur un modèle indemnitaire consistant à encaisser des cotisations permettant de financer les sinistres. Cependant, les NBIC risquent de « changer la donne » et annoncent probablement l’arrivée de nouveaux scénarios associés à certaines disruptions du business model pour les assureurs complémentaires santé. Comme pour beaucoup d’industries, la mutation, la disruption d’un modèle n’est pas « chose naturelle ». Alors comment va réagir l’assurance maladie ? les assureurs complémentaires santé vont-ils se préparer à ces probables mutations ? et dans combien de temps ? est-il possible de prévoir l’arrivée de nouveaux entrants « disruptant » significativement la chaine de valeur de l’assurance complémentaire santé dans quelques années ?
Certes, nous n’avons aujourd’hui que de légers signaux, venant pour la plupart de l’étranger. Mais nous devons être plus que très attentif, à cette hypothèse de disruption annoncée, qui pourrait faire, par exemple, des assureurs complémentaires santé des associés, des acteurs de la préservation de notre capital santé.
Ce n’est certes qu’une hypothèse, cependant, nous ne pouvons pas rester hermétique à ce mouvement de fond et faire comme si rien n’évoluait. Nous devons défier nos modes de pensée, nos conventions et nous engager dans l’analyse des scénarios afin d’essayer d’être acteur du changement ! Possible ?
Contact : Jean-Luc Gambey
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